La situation de nos hôpitaux publics ne cesse d'inquiéter patients, médecins et société civile. Lenteur des services, saleté et même travaux de maintenance en pleine activité. Parfois, le laisser-aller est inadmissible. C'est le cas de l'hôpital Aziza Othmana, à Tunis...Reportage. Un mardi matin à l'hôpital Aziza Othmana pourrait se transformer parfois en un véritable cauchemar pour certains patients, en raison des services jugés très lents par les malades. Pourtant, à 11h00, aucune forme d'encombrement n'est à observer à l'exception du service d'accouchement qui connaît une grande affluence, étant donné qu'il s'agit de la spécialité de cet hôpital. C'est notamment au service des consultations des maladies vasculaires que les choses sont vraiment désolantes. La salle d'attente est en cours de travaux en pleines heures de consultation comme le montre la finition inachevée d'un mur qui vous interpelle dès votre entrée en salle. Ce qui vous interpellera également, ce sont les formes de pollution omniprésentes dans cette salle : odeurs nauséabondes, poussière, mégots de cigarette, déchets... Inutile de décrire davantage l'état de cette salle, vous l'aurez imaginé . Mais le plus dangereux c'est l'existence de déchets médicaux mis à la portée de tout le monde, même des enfants, dans les toilettes de ce service. Des déchets délicats, qui ne devraient en aucun cas tomber entre les mains des étrangers, surtout les enfants. Les rendez-vous, un casse-tête pour les patients «Nous nous sommes habitués à de telles conditions, on n'y peut rien. Ce n'est pas la saleté qui nous dérange le plus, mais plutôt la lenteur des services et les rendez-vous très éloignés pour pouvoir se faire opérer», témoigne une patiente qui peine à avancer la date de son opération chirurgicale. «Je dois attendre des mois interminables pour me faire opérer, mais avec ces douleurs atroces, je ne peux plus patienter», explique-t-elle. Si certains malades comprennent les conditions et les difficultés du secteur de la santé publique, notamment des hôpitaux tunisiens, ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient en payer le prix. C'est le cas d'une patiente qui a été contrainte de retirer son dossier médical pour chercher d'autres alternatives dans les cliniques car elle n'a pu obtenir de date pour se faire opérer. «Nous sommes pleinement conscients de la situation du service public, mais ce sont toujours les patients qui en payent les frais, ni les médecins, ni l'administration, ni l'Etat, seulement les citoyens qui doivent toujours payer le prix», explique-t-elle, pour exprimer le désarroi de certains patients de cet hôpital. Pour ne pas voir le verre qu'à moitié vide, certaines patientes du service d'accouchement ont salué le rendement des médecins et du staff médical qui, selon leurs témoignages, ne manquent pas de professionnalisme, ni de bonne volonté pour alléger cette expérience douloureuse que doivent vivre les femmes enceintes avant de mettre leurs bébés au monde. En tout cas, entre le désarroi des patients face aux conditions de cet hôpital et leurs attentes de voir la situation s'améliorer, des réformes doivent être opérées non seulement à l'hôpital Aziza Othmana mais aussi dans tout le secteur de la Santé publique, comme l'a souligné, récemment, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, réclamant une hausse du budget consacré à ce secteur.