Par Jalel Mestiri Il y a de ces modes d'emploi qui opposent bonne et mauvaise conduite. Il y a de ces comportements qui sont loin d'être des modèles de vertu... Le sport ne peut s'accommoder d'entorses à des principes fondamentaux comme le respect absolu des engagements, le traitement des équipes sur un pied d'égalité, l'égalité des chances entre les compétiteurs. Notre football manque de morale. Ceux qui sont censés être des éducateurs ne donnent pas l'exemple. Ils ne montrent pas la voie. Ils ne servent plus de modèle. Surtout lorsque leurs actes et leur comportement se substituent à l'éthique sportive. Triste banalité : enclencher les susceptibilités entre les clubs, cela commence par un engagement non respecté, une promesse non tenue et une parole bafouée. Et cela finit, tout au bout de cette chaîne, par tout ce qui rend aussi illégitime un manquement moral qu'une erreur caractérisée. Les valeurs du sport (respect des autres, des règles, loyauté) sont autant de repères que notre milieu sportif est en train de perdre, surtout lorsque s'y installe la forfaiture avec tous les manquements qui en découlent. Ce qui allait de soi dans le passé est aujourd'hui mesuré, pour ne pas dire révolu et gâché. Et dire que le sport est fait pour jouer un rôle essentiel dans la construction d'une société plus humaine et plus conviviale, notamment par les valeurs éducatives qu'il peut véhiculer et qu'il convient de préserver. Véritable phénomène de société, il n'échappe pas toutefois aux maux qui affectent la société dans son ensemble. Il semble qu'avec le développement du sport business, où tout doit être évalué en termes d'argent, on ait substitué des normes sportives à des normes de marché. Aujourd'hui, dans le milieu sportif, on mélange les pinceaux : ce qui devrait être régi par l'éthique bascule dans la norme de marché. On n'est pas là évidemment dans une comparaison absurde des défaillances et des déficiences, mais bien dans l'affirmation essentielle que le sport n'a plus aucun sens si son éthique fondamentale n'est pas respectée. On peut s'interroger quant à la pertinence d'une décision liée à l'éthique, puisqu'il existe une charte sportive qui interdit le manque de respect et les engagements non tenus. Il est de plus en plus fréquent de voir des responsables manquer à leur mission, se démarquer de la noblesse que représente le sport. Les excès sont courants. Certains peuvent se comprendre. Cependant, le sport devient le lieu de comportements évitables. Le respect ne règne pas toujours. Est-ce si grave de faillir à sa tâche? Aussi grave, sommes-nous tentés d'affirmer qu'un manquement à son devoir. C'est à ce titre que nous devrons combattre des pratiques qui sont la négation même de l'esprit du sport, des plus banales aux plus graves. C'est à tous les niveaux qu'il faudrait aujourd'hui craindre les dépassements qui dénaturent le sport. Là est sans doute le danger actuel qui nous guette, tout particulièrement à travers le comportement abusif de certains, ou même les relents inhérents à l'absence de morale.