Il a eu la réussite précoce et le mérite de l'entretenir au-delà de la trentaine. Rafik Tefifha est un basketteur de charme qui a allié esthétique et efficacité et concilié trois registres différents : le play-maker, l'élaboration et la finition. Il a fait le bonheur d'Ezzahra Sport comme joueur et comme entraîneur, puis a brillé à l'AMS, l'équipe de la police, Al Hilal et au ST. Avec son équipe zahroise, Rafik Tefifha a tout gagné comme joueur et comme entraîneur. A dix ans à Ezzahra, ce jeune se découvre dans son quartier une vocation de basketteur, surtout que tous les habitants de cette ville ont le basket dans le sang. «A dix ans, j'ai découvert le basket, surtout que les terrains étaient à côté de chez moi. Il a fallu tenter ma chance avec, comme coéquipiers des champions, tels que Tarek Khalfet, Sami Houssaïni, Jalel Ben Mansour, Imed Jerbi, Nabil Témimi et Salah Rajhi. Nous avons grandi ensemble. Nous jouions jour et nuit au basket sans fatigue et soucis sur un terrain goudronné sous la pluie ou sous le soleil. Notre souci était de jouer ce sport qui a tant donné de passion et de satisfaction», a souligné Rafik Tefifha qui a aussi mis en exergue le légendaire Am Salah qui lui a donné une opportunité pour aller tenter sa chance à pratiquer le basket-ball dans un club. «Ce fut ainsi. C'est grâce à Am Salah qui m'a encouragé à signer une licence à EZS. Depuis, ce fut ma seconde famille. Le problème était ma famille qui était très sévère avec moi et contre le fait de jouer avec EZS parce que mes parents et mes frères avaient peur de m'éloigner de mes études. J'ai joué mon premier match avec les écoles contre l'équipe de Bougatfa (JAB) en Coupe. Ce jour-là, j'ai joué tout le match. Il a fallu que je joue mes matches à l'insu de mes parents, et seule ma sœur aînée m'a aidé à tenir bon de jouer au basket, mon sport favori. Mon premier entraîneur fut Abdelhamid Bjaoui qui m'a enseigné le basket sur des bases solides. En parallèle, l'entraîneur Mongi Cheour, m'a fait jouer comme pivot parce que j'étais le plus grand de taille mes coéquipiers». Rafik Tefifha, qui a eu la chance d'apprendre de ses coéquipiers et surtout des entraîneurs comment gérer chaque situation de jeu, devient le meilleur complément de Imed Jebri, de Tarek Khalfet et Sami Houssaïni après avoir consolidé son potentiel avec les jeunes, le play-maker zahrois a été convoqué en équipe de Tunisie espoirs avec Imed Jebri et Tarek Khalfet. «J'ai cravaché dur pendant les entraînements afin que je sois convoqué en sélection nationale. Ce fut un grand souvenir pour moi. Il faut dire que mon coéquipier Lassaâd Bokri m'a énormément aidé à m'illustrer avec les scolaires et avec mon équipe Ezzahra». Le mérité Adel Sghaïer «A 11 ans, le légendaire Adel Sghaïer m'a lancé avec les seniors et j'ai joué mon premier match face à l'EST. Ce fut un moment inoubliable, surtout que nous avons gagné au Palais de la foire. Les satisfactions se succèdent avec l'octroi de la coupe de Tunisie face à notre rival l'EOGK au Palais des sports d'El Menzah pendant le mois de Ramadan. Avec ces titres, j'ai décidé d'intégrer la BNA. Le mérite revient incontestablement aux trois grands responsables d'Ezzahra, à savoir Mohamed Ghenima, Tejeddine Ben Rahal et Thameur Khalfet qui m'ont aidé énormément à avoir un job à la BNA». Mais après les satisfactions, il y a eu des déceptions, telles que la descente d'Ezzahra sport en ligue 2 après les dérapages des Zahrois au cours d'un certain match face à l'Espérance. Les sanctions de la Ftbb étaient assez dures pour cette équipe zahroise qui a vu aussi ses meilleurs joueurs suspendus. «Ce fut un mauvais souvenir pour nous et pour Ezzahra Sport. Il a fallu reconstruire cette équipe. Avec Ghazi Jeribi comme entraîneur, nous avions décidé d'accéder le plus tôt possible parmi l'élite. Avec des jeunes tels que Jalel, Sami, Tarek, Hassen, Nabil et moi-même nous avons fait beaucoup de sacrifices pour obtenir notre accession à Gabès. Après ce match, il y a eu du grabuge et comme récompense, j'ai reçu un coup de poing sur visage. Mais l'essentiel était pour nous l'accession avec cette équipe et le retour des suspendus. EZS est devenue intraitable face à l'EOGK, l'EST, le CA, l'ESR et le SRS. Pendant cette période, le basketball tunisien est au plus haut niveau avec des joueurs exceptionnels, tels que Mounir Garali, Jabrane Mrabet, Sami Houssaini, Chérif Ben Ameur, Besbès du SRS, Mounir Ben Messaoud, les frères Jrebi, les frères Sghaïer. Le Palais de la foire était toujours animé par les supporters des équipes, telles que l'EOGK, EZS, l'ESR et l'EST». «Après avoir tout gagné en Tunisie, EZS a réalisé beaucoup de résultats probants en Coupe arabe au Liban et en Egypte. Après tant de sacrifices, j'ai décidé de terminer ma carrière comme joueur. Profitant de cette aubaine, Mohamed Salah Bargaoui a fait appel à mes services comme entraîneur à Mégrine. Ce fut ma première expérience comme coach. Ce fut une saison exceptionnelle où j'ai pu découvrir les rouages du coach de basketball. Pendant ce temps, Adnane Hani, ex-président d'EZS, m'a demandé de prendre les rênes des joueurs zahrois. J'ai remporté deux doublés avec ces jeunes qui ont présenté un basket fluide et spectaculaire. Depuis, je suis devenu un entraîneur connu». Après sa réussite avec les jeunes de Mégrine et d'EZS, Rafik Tefifha a été désigné entraîneur adjoint avec Mongi Cheour, Chokri Jribi et Mohamed Zaouali : «J'ai appris beaucoup de choses avec ces trois entraîneurs aux grandes qualités morales et professionnelles. Lors d'un match de coupe, le SN a battu EZS à domicile avec un écart de 11 points. Mais après cette défaite, je suis devenu l'entraîneur d'EZS et mon premier match, a été contre le SN en coupe de Tunisie. Ce fut un très bon souvenir, puisque j'ai réussi à battre le SN par un écart de 20 points et en même temps d'assurer la qualification d'EZS au tour suivant». Après cette qualification historique, Rafik Tefifha a été honoré par son ex-président feu Rafik Dey Daly : «Ce fut un grand moment pour moi d'être félicité par un grand monsieur tel que le regretté Rafik Dey Daly. Il a donné sa vie pour que EZS soit sur le haut du pavé à l'échelle nationale et arabe. Après cette expérience avec EZS, Abdelkader Jouini, le responsable des féminines de la Police m'a contacté pour diriger cette équipe, j'ai aussi une expérience avec Al Hilal soldée par une finale de la Coupe», a conclu Rafik Tefifha. Il a aussi mis en exergue les qualités humaines et professionnelles de Ridha Laâbidi, Mehrez Gomri, Mongi Cheour, Mehrez Ksontini, et Mohamed Zaouali. «Le basket-ball d'autrefois est plus fluide et plus spectaculaire. Notre basket n'a pas eu les moyens techniques et financiers d'aujourd'hui. Le niveau de notre championnat est assez moyen et l'équipe qui remporte le titre a fait appel à trois joueurs. Ces derniers renforcent une énième formation et le titre en poche. Il n'y a plus de passion ou de concurrence. Mais je pense que les chances du cinq national au Mondial sont intactes pour relancer notre basket sur des bases solides. Je tiens aussi à remercier Taïeb Ktari pour son dévouement à EZS». Avant de conclure, Rafik Tefifha a dénoncé la régression du basket à EZS : «Il y a trop d'intrus qui ont fait chuter la grandeur d'un grand club comme EZS. Dommage pour nos jeunes. Il est indispensable que la municipalité et la tutelle fassent le nécessaire pour sauver une gloire du basket-ball tunisien». Aujourd'hui, Rafik Tefifha exerce à la BNA comme directeur et père de famille avec ses deux princes Sami et Youssef. Sa passion pour le basket-ball et son amour pour EZS doivent l'inciter à s'investir à fond avec l'espoir d'obtenir d'autres satisfactions.