Dans les modes de consommation des Tunisiens, s'approvisionner dans les grandes surfaces n'est pas seulement un simple acte d'achat, mais aussi un comportement motivé par d'autres facteurs. Ce mercredi 26 décembre, l'Institut national de la consommation a organisé un atelier de réflexion sur «l'évolution des grandes et moyennes surfaces en Tunisie», une occasion pour mettre la lumière sur les approches économiques et sociales qui permettent de comprendre l'activité de ces chaînes de grande distribution. Essayant d'expliquer les raisons selon lesquelles ces grandes surfaces ont pu s'imposer dans la culture et les modes de consommation des Tunisiens, le sociologue Adel Ayadi a affirmé que s'approvisionner dans une grande surface n'émane plus d'un besoin réel mais s'avère être un comportement parfois ostentatoire pour pouvoir s'approprier de nouveaux statuts sociaux. «Les consommateurs n'achètent pas des produits, mais plutôt des statuts sociaux, car le fait d'aller s'approvisionner dans une grande surface n'est plus simplement une réponse à un besoin réel mais serait motivé par d'autres besoins correspondant essentiellement à des intentions d'ascension sociale», a-t-il expliqué. Le sociologue, qui s'appuie sur un point de vue critique envers les nouvelles formes de consommation, a «accusé» notamment les stratégies publicitaires qui visent à créer de nouveaux besoins fictifs et non réels dans un seul objectif purement économique. «Le Tunisien ne consomme plus en fonction de ses revenus, ce qui explique le taux d'endettement très élevé des ménages tunisiens. Les grandes surfaces ont pu renforcer cette culture de consommation irrationnelle, qui a rendu les consommateurs éternellement insatisfaits, toujours en quête d'un nouveau statut social», a-t-il encore expliqué. Défendre le consommateur Mettant l'accent sur les dépassements faits par ces espaces de grande distribution, le président de l'Organisation pour la défense du consommateur (ODC), Slim Saâdallah, a précisé qu'à cet égard : «Le rôle de son organisation consiste à soulever les dépassements enregistrés dans les grandes surfaces qui concernent essentiellement le non-affichage des prix, l'absence d'agents pour prodiguer des conseils aux consommateurs». Et d'ajouter que «l'ODC n'adhère pas aux appels au boycott des grandes surfaces lancés par certaines parties. De tels appels peuvent menacer 13.500 emplois». M.Saâdallah a, en outre, plaidé pour «une ouverture du marché de distribution à d'autres enseignes de distribution pour favoriser la concurrence loyale entre les opérateurs du marché, ce qui permettra une meilleure maîtrise des prix». Le directeur général de l'Institut national de la consommation (INC), Tarek Ben Jazia, a précisé, pour sa part, que «la part de la grande distribution dans le commerce en Tunisie est passée de 15% en 2006 à 25% en 2017. Cette part devrait atteindre 40% durant la prochaine décennie». Le chiffe d'affaires global des grandes surfaces est passé de 800 millions de dinars en 2006 à 3.000 MD en 2017. La Tunisie compte 430 points de vente appartenant aux enseignes de grandes surfaces. Ce secteur offre 13.500 postes d'emploi», a-t-il conclu.