Le gouvernement a refusé catégoriquement à maintes reprises de faire jouer au pays le rôle de plateforme d'immigrants. L'immigration est une question commune entre les pays des deux rives qui nécessite un traitement participatif, dans le cadre de négociations bilatérales Accueillant un nombre d'immigrants irréguliers estimé entre 40 et 60 mille, la Tunisie refuse la politique des deux poids deux mesures, en défendant les droits des immigrants clandestins subsahariens en Tunisie. La société civile est prête à coopérer avec le gouvernement, afin de concrétiser ses choix en matière de politique migratoire. Selon les chiffres officiels, plus de 17 mille personnes ont péri en Méditerranée entre 2014 et 2017, au cours de tentatives d'émigration clandestine vers la rive nord du bassin méditerranéen. Un bilan lourd qui reflète des politiques migratoires de certains pays européens tendant à plus de fermeture dans un contexte de mondialisation économique. Cependant, ces flux migratoires ne cesseront d'augmenter. Les jeunes ressortissants des pays africains continueront à affluer, en grand nombre, vers les pays européens. « C'est un phénomène inéluctable, inévitable puisque c'est une résultante systématique du modèle économique mondial actuel», affirme le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi lors d'une récente interview sur les ondes de Shems Fm. Pourtant, la Tunisie a refusé catégoriquement à maintes reprises de servir de plateforme d'immigrants, « malgré les pressions que les autorités ont dû subir », soutient-il. S'alignant sur la position de la société civile qui s'est penchée sur les problèmes d'émigration en Tunisie, en l'occurrence le Ftdes, le gouvernement a exprimé son refus des décisions émises unilatéralement par certains pays de l'Union Européenne en ce qui concerne les politiques migratoires. En effet, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale des migrants qui se tient au cours du mois de décembre de chaque année, Mohamed Trabelsi a déclaré que la Tunisie condamne énergiquement l'expulsion des immigrés tunisiens irréguliers et défend leurs droits aux services et à l'intégration dans les pays d'accueil. La question de l'immigration est une question commune entre les pays des deux rives qui nécessite un traitement participatif, dans le cadre de négociations bilatérales. En tout état de cause, la fermeture des frontières ne représente en aucun cas une solution pour lutter contre le fléau de l'immigration clandestine, soutient le ministre. Au contraire, une aversion pour les politiques migratoires ouvertes produit un effet inverse : l'augmentation des flux migratoires illicites avec tout ce qu'apportent ces entrées massives comme drames humains, problèmes sociaux, économiques et culturels dans les pays d'accueil, a encore souligné le ministre. La Tunisie condamne les décisions unilatérales Mais la Tunisie étant un pays d'accueil pour les ressortissants irréguliers subsahariens doit à son tour s'engager à leur assurer le droit d'accès aux services de santé et sociaux au même titre que leurs concitoyens tunisiens et refuser leur rapatriement contre leur gré. La Tunisie accueille un nombre d'immigrants irréguliers estimé entre 40 et 60 mille. Les autorités tunisiennes refusent, quant à elles, la politique des deux poids deux mesures. « Si la Tunisie condamne les décisions unilatérales émises par l'Union Européenne, elle ne peut les appliquer elle-même sur les étrangers résidents sur son sol», ajoute le ministre des Affaires sociales dans la même interview. De son côté, la société civile, en l'occurrence le Ftdes, a affirmé dans un communiqué publié le 20 du mois en cours, sa prédisposition à coopérer avec le gouvernement dans la lutte contre les dépassements commis à l'encontre des immigrants irréguliers ainsi que leur rapatriement forcé. En contrepartie, les pays de la rive nord de la Méditerranée doivent soutenir et aider leurs voisins du Sud dans la lutte contre l'immigration clandestine en déployant des stratégies de développement participatif intégré dans les pays émetteurs.