A dix mois du rendez-vous crucial des élections présidentielle et législatives, alors que le consensus entre Ennahdha et Nida est dénoncé par le président Caïd Essebsi et son parti, et au moment où Ennahdha se tourne vers une autre alliance groupant Machroû de Mohsen Marzouk et la Coalition nationale que préside l'ancien dirigeant syndicaliste Mustapha Ben Ahmed, appuyant le chef du gouvernement, Youssef Chahed, l'échiquier politique se trouve bousculé et incertain, à la recherche d'axes de cohérence rassurants pouvant engager les électeurs des divers camps Le suspense n'a que trop duré et l'anarchie frappant la classe politique s'en accommode très mal. Enfin, des pronostics informés se sont exprimés presque conjointement, avant-hier, à l'initiative de figures de proue des deux partis vainqueurs aux législatives de 2014. La députée nahdhaouie, Yamina Zoghlami, a affirmé que le parti islamiste présentera un candidat à la présidentielle de 2019, tout en indiquant que le règlement intérieur d'Ennahdha prévoit comme candidat naturel le président du mouvement, Rached Ghannouchi. Précisant, toutefois, qu'autrement, c'est à lui qu'il reviendra de proposer au Conseil de la Choura le ou les éventuels candidats. Presque au même moment, mais sur une autre radio privée, le député nidaïste Sofiène Toubel affirmait que le candidat naturel de Nida Tounès aux prochaines présidentielles ne peut être que Béji Caïd Essebsi. Sauf s'il décide de ne pas se représenter. A dix mois du rendez-vous crucial des élections présidentielles et législatives, alors que le consensus entre Ennahdha et Nida est dénoncé par le président Caïd Essebsi et son parti, et au moment où Ennahdha se tourne vers une autre alliance groupant le Machroû de Mohsen Marzouk et la Coalition nationale que préside l'ancien dirigeant syndical Mustapha Ben Ahmed, appuyant le chef du gouvernement, Youssef Chahed, l'échiquier politique se trouve bousculé et incertain, à la recherche d'axes de cohérence rassurants pouvant engager les électeurs des divers camps. S'agissant du camp des centristes modernistes et des destouriens démocrates, si les choses se précisent quelque peu, certains posent encore le problème du leadership et attendent qu'un rassembleur s'impose et se déclare. Car l'attachement au présidentialisme perdure, attendant que l'oiseau rare monte au firmament. La montée en puissance de Youssef Chahed a, certes, rassuré une large frange parmi les modernistes quant à la prise en charge du gouvernement et à son programme de court terme, mais beaucoup hésitent encore à mettre tous leurs œufs dans le même panier et contiennent leur inquiétude pour observer ce que pourrait leur concocter BCE. Alors que d'autres mouvances ou personnalités affûtent leurs discours et ameutent leurs troupes, il est vrai peu opérantes à ce jour. En pressentant les deux Séniors comme probables candidats à la magistrature suprême, Nida Tounès et Ennahdha marquent leur attachement à confirmer les prétentions qui sont les leurs de reconfirmer leur hégémonie conjointe. Mais si Ennahdha se targue d'avoir préservé une impressionnante unité de façade, Nida Tounès a perdu la plupart de ses députés, désormais ceinture de sécurité d'un jeune loup qui s'est imposé dans le labyrinthe du régime parlementaire aménagé. Attendons voir qui sera en mesure d'en faire autant à la présidentielle.