Les solutions de restructuration des entreprises publiques doivent être personnalisées et établies en se basant sur un diagnostic élaboré par des experts-comptables. Pouvant être une solution envisageable, la privatisation doit s'appliquer au cas où le rapport de l'expert l'exigerait. Le diagnostic des entreprises publiques n'étant pas une pomme de discorde entre spécialistes, partenaires sociaux et gouvernement. M. Jamel Sassi affirme que le rôle des experts-comptables est de mettre en œuvre les modalités des actions à entreprendre. L'Ordre des experts-comptables de Tunisie a tenu hier à Tunis un colloque sur le thème : « La stratégie de sauvetage des entreprises publiques en Tunisie : vision et rôle des experts-comptables » où il était question de débattre du rôle de la profession dans le sauvetage et la réforme des entreprises publiques. Un rôle décisif Tout en insistant sur la nécessité du traitement au cas par cas, le président de l'Ordre des experts-comptables M. Slah Zahaf, a affirmé, dans son allocution d'ouverture, que l'expert-comptable est le seul professionnel qui dispose des compétences requises lui permettant de déterminer la solution applicable à l'entreprise en difficulté. Et de soutenir que toute action de refonte ou de cession doit tenir compte de l'intérêt de toutes les parties concernées, et en particulier l'intérêt national. Toujours dans le même contexte, l'expert-comptable Jamel Sassi, a affirmé qu'il n'y a pas de solution unique applicable à toutes les entreprises. Les solutions proposées doivent être personnalisées et établies en se basant sur le diagnostic élaboré par l'expert-comptable. Il a affirmé que la privatisation peut être une solution envisageable qui doit être appliquée dans le cas où le rapport de l'expert l'exigerait. Le diagnostic des entreprises publiques n'étant pas une pomme de discorde entre spécialistes, partenaires sociaux et gouvernement, M. Sassi affirme que le rôle des experts comptables est de développer les réflexions déjà émises et d'élaborer des modalités d'action. « L'Etat a fait des réflexions qui ont été groupées dans le Livre Blanc publié en mai 2018. Depuis, il n'y a plus eu d'actions concrètes entreprises dans le but d'entamer les réformes. Nous devons être les initiateurs du changement », soutient-il. L'Etat finance la mauvaise gestion ?! Entreprises structurellement déficitaires, en difficulté, en voie de banqueroute…etc. L'état des lieux des entreprises publiques est un secret de polichinelle. Mais la vision de la profession des difficultés affectant ces entreprises, d'autant plus qu'elle est scientifique, dévoile les causes profondes de leur déficit structurel. Ainsi, le colloque sur « les principales difficultés affectant les entreprises publiques » a fait l'objet de l'intervention de M. Sassi. L'expert-comptable a fait savoir que selon une étude qu'il a élaborée à partir d'audits qu'il a effectués auprès d'une quinzaine d'entreprises publiques, un dysfonctionnement patent du système d'information financière a été révélé unanimement dans toutes les entreprises auditées. Ainsi, outre la dégénérescence du système d'information financière désormais désuet, M. Sassi a souligné qu'une vingtaine de facteurs communs ont été décelés. L'on cite, principalement, un cadre juridique caduc paralysant toute application de recommandations de la part des auditeurs, absence de vision pour l'entreprise et sa future activité, le fameux problème de la surcharge salariale due aux recrutements massifs après 2011 et le surendettement. « Malgré la très mauvaise performance de ces entreprises publiques, L'Etat poursuit sa politique de transfusion et de subventions financières. En d'autres termes, l'Etat est en train de financer la mauvaise gestion », conclut M. Sassi. Contribution de moins de 7% au PIB national Sachant que le secteur public compte 102 Etablissements Publics EP en difficulté répartis comme suit : 73 Etablissements Publics à caractères Non Administratifs EPNA et 24 Etablissements Publics de Santé EPS, M. Sassi a affirmé que leur contribution au budget de l'Etat est presque nulle. En effet, ces entreprises sont classées en trois grandes catégories, à savoir des établissements qui assurent les services publics comme l'électricité, la distribution d'eau, le transport …etc., les entreprises actives dans des secteurs concurrentiels et enfin les entreprises opérant dans des secteurs non concurrentiels à l'instar du commerce du tabac, le raffinage … etc. Sur une durée de 6 ans, la contribution des EP au PIB national a chuté de 13% en 2010 à environ 7% en 2016. En se référant à l'étude réalisée en 2016 par Conect sur 50 entreprises publiques, l'expert-comptable a rappelé que le cumul de leurs déficits budgétaires a atteint 6 524 millions de dinars en 2016. Seulement, 11 entreprises totalisent 78% du total de ce déficit. Il a souligné que la Transtu domine le podium des entreprises les plus déficitaires avec un cumul de 915 millions de dinars de déficits, suivie de l'Office des céréales, la STB et Tunisair. Les partenaires sociaux approuvent L'Ugtt, protagoniste du débat sur la réforme des entreprises publiques, était également représentée durant le colloque par M. Hassine Cherni. Sécurisation du ménage tunisien en point de mire, M. Cherni a décalré que l'Ugtt se doit de défendre le pays contre les politiques qui ont accédé au pouvoir après la révolution, visant à détruire le système solidaire de la Tunisie. Tout en appelant à une adhésion de toutes les catégories socioprofessionnelles, en l'occurrence les experts-comptables, au dialogue social national, M. Cherni a fait savoir que l'Union a approuvé toutes les réformes nécessaires qu'elles soient sociales, financières ou économiques. En se référant à la compétitivité du secteur privé en Tunisie, notamment l'industrie manufacturière qui a réussi à se positionner sur le marché international grâce à une mise à niveau effectuée lors des années 90. De son côté, le vice-président de l'Utica Hichem Elloumi a souligné dans son intervention, l'importance du management comme facteur clé pour garantir la pérennité de l'entreprise qu'elle soit publique ou privée. Et par conséquent la pérennité du travail. En substance, il a déploré le désengagement de l'Etat observé dans certains secteurs non concurrentiels à l'instar du transport, la distribution d'eau, la Steg, contre un attachement injustifiable à des entreprises défaillantes qui opèrent dans des secteurs concurrentiels. Il est à noter que des représentants des diverses unités de contrôle et d'audit administratifs étaient présents au colloque. Ils ont appelé à la mise en œuvre immédiate des plans de sauvetage qui ont déjà été élaborés.