La galerie d'arts «Elbirou» abrite actuellement une exposition collective titrée «Récitecture» réunissant dix artistes tunisiens confirmés Cette exposition, comme nous l'a indiqué Karim Sghaier, responsable de la galerie, est basée sur les différents récits racontés par les artistes à travers leurs œuvres respectives. L'artiste Samir Makhlouf a présenté deux œuvres acryliques relevant du surréalisme titrées respectivement «la poésie, ce qui a lieu ailleurs» et «archéologie printanière». «La première œuvre, comme nous l'a affirmé l'artiste, mentionne deux tours à aspect architectural sans limites, sans milieu, échelle de la démesure de ce bipède domestique à la conquête inutile de l'érosion du temps. Conquête de cet ailleurs infiniment plus loin. Deux tours non jumelles observant nos solitudes urbaines. Des nuages mis en pack. Un escalier de service qui dit l'échelle de l'homme. Echelle de la mesure de ce bipède de constructeur qui ne sait pas voler». La seconde mentionne un paysage étrange fait de pierres et de roches assemblées pour simuler et faire allusion à un crâne animal. «C'est une sorte de planète, nous a-t-il affirmé, gris-bleu ressemblant au crâne du reptile, parsemée de cratères. Ce sont les puits d'amnésie. Certains pourraient y voir des impacts érosifs de rêves déchus. En survolant les champs nanométriques de protons égarés dans certains cerveaux humains arides, il n'est pas rare de croiser ce paysage. Mais sachez que si l'avenir est souvent une affaire de mémoire, le printemps, quant à lui, n'est pas géologique». Architecte de formation, ses études le conduisent à manipuler la représentation du monde par des variations d'échelle et d'angle de vue. C'est une gymnastique spécifique aux architectes qui, si elle ne se stabilise pas sur les exigences rationnelles que demande cette profession, dérive assez vite sur les territoires de l'art qui se nourrissent de l'instabilité et de la relativité des limites. Cet artiste y a dérivé. Il s'est mis à manipuler les représentations du monde et de leurs structures en utilisant les outils de la peinture. Mais ses œuvres sont accompagnées de narration qui installe des personnages dans des formes et situations étranges conférant à ses œuvres une proximité involontaire avec le surréalisme et une intensité poétique souvent mise en écho par des textes présentés à côté de ses tableaux. Pour sa part, l'artiste Samia El Echi, titulaire d'une maîtrise en arts plastiques spécialité gravure et d'un master en pratiques et théories des arts visuels, enseignante à l'Isba de Sousse, a présenté des œuvres à technique mixte (dessins, collages et estampes sur papier) proposant des estampes dénouées et renouées dans un agencement de divers espaces et de divers supports. «Mes tableaux, nous a-t-elle affirmé, sont l'impression de mon regard porté sur une infinité de figures qui enveloppent toute substance. Dans cet agencement naissent des traits tissant et reliant différents médiums et grilles de lecture (estampes, photographie, texte...). Le trait est ce qui constitue la source et le corps de la gravure ainsi que le germe qui fait naître toutes les figures. Cependant, dans mes dessins qui prennent forme à partir du collage, le trait se révèle dans un agencement des lignes et des surfaces des divers fragments de mes estampes. De ce fait, mes estampes, qui sont l'empreinte d'une matrice, deviennent elles-mêmes matrices et font surgir un dessin dans une infinité de possibilités qui permet le croisement de divers médiums». D'autres œuvres n'ont pas manqué d'imagination créative et d'ingéniosité dans l'exécution. Ils relèvent des artistes Héla Lamine, Omar Bey, Ahmed Zelfani, Mériem Bouderbala, Imed Jmail, Nadia Zarrougui, Amira Mtimet et Chahrazed Fkih. L'exposition est à découvrir jusqu'au 3 mars prochain. Hichem BENZARTI