Un pacte de compétitivité a été signé hier entre le ministère de l'Industrie et des PME et l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat ainsi que la Fédération tunisienne du textile et de l'habillement. Une signature qui constitue le lancement d'un processus de relance du secteur, avec un engagement de créer 50 mille emplois et d'atteindre 4 milliards d'euros d'exportations d'ici 2023. Youssef Chahed : «Le pacte signé s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle vision économique pour la Tunisie. Une série d'engagements de la part du gouvernement et de la profession ont été fixés afin de permettre au secteur de poursuivre sa croissance. Dix projets structurants ont été identifiés et qui auront un impact certain sur son développement. Ce genre de pacte sera généralisé à tous les secteurs sous forme de contrats-objectifs». Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a présidé hier à La Kasbah la cérémonie de signature du pacte de compétitivité pour le secteur textile et habillement. Un pacte qui a pris plus d'une année de labeur de la part de la Fédération tunisienne du textile et habillement (Ftth) pour atténuer les difficultés que connaît le secteur depuis quelques années. Le processus a commencé avec la tenue d'un Conseil ministériel restreint en juin 2017, aboutissant à 22 mesures importantes dont le rééchelonnement des dettes fiscales et de la Cnss. Ensuite, la Ftth a entamé la conception d'un plan stratégique pour le secteur, qui a été présenté dernièrement lors de son congrès annuel à Monastir avec la présence du chef du gouvernement. Un plan qui pose les jalons d'une relance accélérée du secteur et un regain de compétitivité d'ici 2023. D'ailleurs, Samir Majoul, président de l'Utica, a estimé qu'il a fallu de la résistance et de la persévérance pour arriver à ce stade. «C'est un changement de gouvernance pour le secteur. Un secteur qui couvre ses importations», a-t-il insisté. M. Chahed a indiqué que le pacte signé s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle vision économique pour la Tunisie. «Une série d'engagements de la part du gouvernement et de la profession ont été fixés afin de permettre au secteur de poursuivre sa croissance. Dix projets structurants ont été identifiés et qui auront un impact certain sur son développement», a-t-il précisé. Créer de la valeur ajoutée Le secteur textile et habillement a connu depuis 2011 une baisse de ses exportations et une perte de milliers d'emplois. Il a même reculé en tant que fournisseur de l'Union européenne. L'objectif est de regagner la cinquième place et de se repositionner comme l'un des partenaires principaux sur le marché européen. Youssef Chahed a, d'ailleurs, affirmé que ce genre de pacte sera généralisé à tous les secteurs sous forme de contrats-objectifs. Pour Slim Feriani, ministre de l'Industrie et des PME, le pacte de compétitivité est un plan de relance du secteur textile et habillement qui se base sur six axes, à savoir la gouvernance, l'intégration, la promotion, la formation, l'infrastructure et le climat d'affaires. D'ailleurs, l'objectif est de créer 50 mille postes d'emploi d'ici 2023, à raison de 10 mille emplois par an et de réaliser 4 milliards d'euros d'exportations contre 2,4 milliards d'euros actuellement. Le ministre a précisé qu'on vise également les 4% du marché européen contre 2,5% actuellement. De même, on ambitionne d'atteindre un taux d'intégration de 35% contre 10%, par le recours aux matières premières locales et l'augmentation de la valeur ajoutée du secteur. Un écosystème favorable De son côté, Hosni Boufaden, président de la Ftth, a affirmé que le pacte signé est le premier pacte de partenariat public-privé, estimant que l'objectif est de mettre en place un nouveau modèle de gouvernance. «Nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux et réalisables qui émanent des propositions du secteur privé. Nous devons créer un écosystème favorable pour le secteur. Et il est important de penser aux entreprises en difficulté. Bien que les entreprises exportatrices reprennent avec la croissance, le marché local souffre encore. D'où la nécessité de rationaliser et de réguler les importations pour avoir un écosystème favorable», a-t-il lancé. M. Boufaden a souligné que la signature du pacte de compétitivité marque le début d'un processus. Une réunion sera organisée incessamment pour définir le mode de fonctionnement du fonds d'investissement de 100 MDT, qui constitue, selon lui, un important levier de la stratégie de relance. Ce fonds contribuera à la réalisation de dix projets d'investissement qui ont été déjà identifiés. «L'objectif est de domicilier la valeur ajoutée et l'intégration du secteur. Le secteur est en large partie exporteur. Nous allons essayer de trouver des solutions d'approvisionnement et de sourcing local pour les entreprises. Au lieu d'importer, nous allons essayer de fabriquer du tissu avec les compétences nationales locales pour améliorer la valeur ajoutée intégrée du secteur», a-t-il expliqué. En ce qui concerne la création de 50 mille postes d'emploi, le président de la Ftth a déclaré que le secteur vit un grand paradoxe, puisque plusieurs entreprises peinent à trouver de la main-d'œuvre. Ainsi, la stratégie de relance comporte un grand axe dédié à la formation professionnelle pour mieux répondre aux attentes des entreprises en termes de compétences. M. Boufaden a indiqué également qu'un travail est lancé sur la revalorisation de l'image du secteur puisqu'il s'agit d'un secteur productif qui est audité socialement et qui crée de la valeur ajoutée pour l'économie tunisienne.