Le plan de relance préparé par la Fédération tunisienne du textile et habillement (Ftth) se base sur six leviers, un modèle de gouvernance public-privé adapté, des projets stratégiques d'intégration à lancer, une conquête de nouveaux marchés, une formation adaptée aux besoins des filières, une offre territoriale améliorée et une logistique performante et des mesures incitatives ajustées aux attentes du secteur. «Le plan de relance du secteur textile et habillement en Tunisie» a constitué le thème d'un séminaire organisé hier au Centre de promotion des exportations (Cepex) par la Fédération tunisienne du textile et habillement (Ftth) du Grand Tunis. Un plan qui a pour ambition de redonner au secteur son élan d'antan, étant donné son importance dans l'industrie tunisienne. Le secteur du textile et de l'habillement a connu son apogée durant les années 70 pour faire de la Tunisie un centre de compétences dans le domaine. Mais suite aux mutations qu'a connues le secteur au niveau international, les changements des comportements des consommateurs et les nouvelles exigences des donneurs d'ordre, le secteur a connu des difficultés qui se sont accentuées après 2011, vu le contexte économique fragile que vit le pays depuis huit ans. Un contexte qui requiert, d'après la Ftth, une mobilisation plus accrue de la part des pouvoirs publics en collaboration avec les professionnels afin de soutenir le secteur et lui donner un nouveau souffle. En effet, cette mobilisation sera formulée dans un pacte sectoriel qui est en cours de préparation et sera finalisé d'ici janvier 2019. Slaheddine Ktari, président de la Ftth Grand-Tunis, lance une bonne nouvelle pour les professionnels du secteur, et assure «après sept années de difficultés accrues, le secteur est actuellement en période de convalescence». Il ajoute que la Fédération tient à jouer un rôle dynamique en contribuant au plan de relance du secteur établi par le gouvernement, avec l'objectif de réactiver l'investissement, créer l'emploi et dynamiser les exportations. Pour Samir Rekik, directeur général du textile et habillement au ministère de l'Industrie et des PME, le secteur occupe certainement, une place importante dans le tissu industriel tunisien, étant le premier pourvoyeur d'emplois avec plus de 158 mille employés, soit 32% du total des industries manufacturières. Le secteur occupe aussi la première place en termes de nombre d'entreprises, soit près de 1.609 à fin 2017, dont 83% sont totalement exportatrices. Des résultats qui démontrent, selon lui, l'attention renouvelée des autorités publiques pour le textile-habillement tunisien. Cet intérêt se traduit par une stratégie industrielle du ministère de l'Industrie et des PME qui table sur trois axes, à savoir : la compétitivité, les créneaux porteurs, l'accélération du rythme des investissements. M. Rekik a indiqué qu'un million de dinars a été consacré, à travers le Fonds de développement de la compétitivité (Fodec), pour la réalisation d'une étude stratégique sur le secteur en collaboration avec les professionnels. Secteur stratégique Sami Zaoui, représentant du conseil des analyses économiques, a présenté le plan de relance économique publié récemment par son institution. Ce plan qui a fait ressortir trois enjeux pour l'économie tunisienne, à savoir la préservation et le développement de la principale richesse de la Tunisie qui est l'entreprise productive au niveau international et les compétences qu'elle révèle, le maintien des équilibres macroéconomiques et la préservation de la paix sociale. M. Zaoui a affirmé que le plan vise le court terme (2019-2020), mais s'inscrit, aussi, dans une vision plus large. Ce même plan entend consigner des pactes de compétitivité entre l'Etat et les partenaires sociaux dans différents secteurs économiques. Outre les mesures de relance horizontales, le plan propose des mesures de relance sectorielles. Pour les secteurs textile-habillement, cuir et chaussures, plusieurs mesures ont été présentées, à savoir l'application stricte et entière des décisions du Conseil ministériel restreint de juin 2017, et suite auquel se sont dégagées plusieurs actions, à savoir le renforcement de son attractivité au niveau de l'emploi, l'amélioration de la compétence, le contrôle normatif et le contrôle sur les entreprises de friperie. Engagement des professionnels De son côté, Hosni Boufaden, président de la Ftth, a précisé que le plan de relance préparé par la fédération se base sur six leviers. Le premier concerne la mise en place d'un modèle de gouvernance Public-Privé adapté, à travers la création d'un Conseil national stratégique du secteur textile, d'un fonds dédié au développement du secteur et d'une instance de pilotage de l'exécution du plan de relance. Le deuxième levier est le lancement d'une dizaine de projets stratégiques d'intégration. On table, ainsi, sur l'identification et l'attraction de partenaires stratégiques de premier plan pour la réalisation de projets d'intégration identifiés, la conception de projets avec la profession et les partenaires potentiels et la conception et le développement d'une offre territoriale adaptée aux projets (infrastructures, formation, incitations spécifiques aux porteurs de projets...) Le troisième levier est celui de la promotion accentuée sur les nouveaux marchés en plus des traditionnels, en développant une proposition de valeur par filière, soit des plans «Go to Market» par filière et aussi en renforçant une diplomatie économique. Le quatrième levier concerne la formation coconstruite adaptée aux besoins des filières. Elle se résume en la mise en œuvre de parcours de formation entre la profession et le dispositif de formation, de promouvoir l'image du secteur et l'attractivité des filières auprès des jeunes et de lancer des programmes de reconversion des diplômés au profit des filières textiles. Le cinquième levier consiste en la mise en place d'une offre territoriale de qualité, en offrant des infrastructures de qualité respectant les meilleurs standards internationaux, et en l'amélioration de la compétitivité logistique des filières. Boufaden cite les zones industrielles, les installations d'eau et environnement (station d'épuration), le parc de production d'énergie, les infrastructures portuaires, les plateformes logistiques et de services... La sixième mesure consiste en la promulgation de mesures incitatives adaptées aux attentes du secteur. Le président de la Ftth estime qu'il est important de mettre en place des incitations spécifiques dont la tarification préférentielle de l'énergie, de l'eau et de l'environnement. Il s'agit également d'établir des contrats-programmes avec les entreprises leaders, faciliter les procédures administratives (export, implantation IDE...) et lancer des mesures de rationalisation des importations (contrôle technique, prix tendance,..). Aussi, l'instauration d'une concurrence loyale entre importateurs et fabricants pour le marché local.