La bourse de l'Aïd El Idha démarrera avec l'ouverture officielle, demain, dans le Grand-Tunis, de points de vente. Ces marchés contrôlés sont installés au sein de la Société Ellouhoum (El Ouardia), à proximité du silo de la Manouba, à l'abattoir Sidi Salah (l'Ariana ) et à l'Avenue de la République (Mégrine) Cette année, le ministère du Commerce et de l'Artisanat se montre confiant quant à l'approvisionnement du marché. Il annonce l'arrivée de pas moins de 1,130 million d'ovins et de caprins sur le marché, soit une augmentation de 13% par rapport à l'année dernière. Un chiffre équivalent à ce que le Grand-Tunis consomme en une année entière ! Pour calmer un tant soit peu la fièvre des prix, les autorités ont cherché à réguler le marché en y déversant des troupeaux entiers. Une sorte de "dumping" face au zèle spéculatif des éleveurs et des intermédiaires et face à la ruée des consommateurs à l'approche de l'Aïd. Le souci des départements concernés étant d'assurer un approvisionnement régulier et d'offrir au consommateur une marge de choix valable dans une fourchette de prix abordable. Sacrifier 3 ou 4 moutons ! En fait, l'offre et la demande joueront pour définir la tendance du marché. 76% de l'offre sont constitués cette année de moutons de plus d'un an et, forcément, plus cher que les moutons de moins d'un an (24% de l'offre). Selon les données également fournies par le ministère du Commerce et de l'Artisanat, 52% des familles sont habitués à sacrifier des moutons de plus d'un an (barkous), contre 48% , des agneaux de moins d'un an. Ensuite plusieurs familles sacrifient trois ou quatre moutons (environ 50.000 têtes selon les chiffres officiels). Les prix sont déjà «corsés», selon des témoignages recueillis dans une rahba à Mellassine. «L'année dernière, j'ai acheté un mouton à 250 dinars. Cette année, et après avoir fait le tour de plusieurs rahbas libres, les prix se situent au-delà de 300 D », estime un client rencontré à Mellassine. Toujours à Mellassine, un père de famille a payé 350 dinars un mouton très moyen, alors qu'un autre a déboursé 500 dinars pour un mouton de 15 mois ! Depuis 1992, la Tunisie garantit un approvisionnement suffisant du marché après des années terribles qui ont vu le cheptel ovin presque décimé par la fièvre aphteuse et la sécheresse. L'autosuffisance a été réalisée grâce à l'amélioration des espèces, à la vaccination et surtout au développement des pâturages. Paradoxalement, l'abondance n'empêche pas les prix de grimper et, chaque année, c'est l'escalade, abondance de pâturages ou non ! De Ramadan à l'Aïd El Idha, en passant par l'Aïd El Fitr, la rentrée scolaire, les cours particuliers, sans oublier les factures d'électricité, de la Sonede, les soins médicaux etc… le citoyen doit «jongler» pour faire face à l'accumulation des dépenses. "Le problème, c'est que les dépenses sont de plus en plus nombreuses. Les cours particuliers, les factures de téléphone et d'Internet, les recharges de portables, les prêts voitures et autres biens de consommations sont de nouvelles dépenses. Certes, les conditions de vie se sont sensiblement améliorées mais les dépenses augmentent et il faudrait recourir à d'autres sources de revenus. En l'occurrence les crédits auprès des mutuelles ou des banques. Tout devient à la portée puisque les crédits et autres avances sont fournis avec une facilité telle qu'on assiste à une ruée qui n'est pas sans conséquences sur le budget familial", explique Adel, un employé de banque. Le mouton mérite-t-il tant de sacrifice ?