La finalité d'une mythologie a toujours été de créer un débat intemporel et universel, non seulement grâce à ses personnages atypiques, mais aussi à l'intrigue qu'elle porte, et ‘'Antigone'' en est le témoin. En effet, cette légende grecque a été reprise par plusieurs écrivains et dramaturges de différents siècles, en partant de Sophocle et arrivant à Jean Anouilh. Aujourd'hui, c'est d'une version tunisienne que nous parlons, dont la première représentation a eu lieu sur les planches de la salle «El Teatro». Antigone, le personnage éponyme, révolté se met face au despotisme et dit ‘'non'' à l'hégémonie du pouvoir, en brisant un lien hiérarchique et généalogique. C'est comme cela qu'elle brave l'autorité de son oncle Créon, en essayant d'enterrer son frère Polynice qui a été exécuté et condamné à rester sans mausolée par le roi de Thèbes. Volontairement, Khawla Elhadef, la metteuse en scène, fait allusion aux combattantes tunisiennes qui luttent contre la tyrannie à travers ses protagonistes féminins. Sans oublier la contribution de Taoufik Jebali qui implique et interpelle les spectateurs à l'intrigue, dominée par la portée idéologique. Le travail collectif de l'écriture recompose les événements de la trame d'une manière innovante, grâce à l'analepse, les récepteurs font un retour en arrière dans la vie d'enfance du personnage principal, ce qui laisse place sur scène à de jeunes acteurs. En outre, la pièce produite par l'espace «El Teatro», tisse un lien étroit avec l'histoire moderne de la Tunisie afin d'illustrer la réalité par la fiction. Le jeu d'acteurs, lui, traduit un dynamisme et une vivacité en gardant un rythme bien précis entre l'alpha et l'omega. Ce spectacle stimule la réflexion des spectateurs avec une touche de pullulement qui désacralise le mythe et qui provoque ‘'L'Antigone'' au fond de nous.