Les défis à relever consistent notamment à faire face à la diminution des ressources hydriques conventionnelles, soit 350 m3 par habitant et par an en 2030, contre 450 m3 en 2017. Il s'agit aussi de prendre en considération les disparités existantes au niveau des périodes de consommation, des régions, des quantités et de la qualité de l'eau Malgré les quantités de pluie qui se sont abattues l'année dernière et cette année sur presque toutes les régions du pays, la Tunisie demeure encore menacée par la sécheresse et la rareté de l'eau compte tenu du changement climatique et l'effet de serre qui touche, d'une façon cyclique, tous les pays de la Méditerranée. En Tunisie, l'eau, est utilisée à hauteur de 83% dans le secteur agricole et 17% dans le secteur domestique. Les eaux profondes se caractérisent par une salinité de moins de 1.5 gramme/litre (20%), entre 1.5 et 3 grammes/litre (47%) et plus de 1.5 gramme/litre (33%). Quant aux eaux superficielles, le taux de salinité de moins 1.5 gramme/litre est de 74% et plus de 1.5 gramme/litre (26%). A noter que 50% des ressources hydriques ont une salinité de moins de 1.5 gramme/litre. Les eaux superficielles dont la salinité est de moins de 1.5 gramme/litre se trouvent dans le nord (90%) et dans le centre et le sud (10%). D'après les chiffres officiels, 86% des ressources hydriques dont la qualité est correcte se trouvent dans le nord du pays, ce qui prouve qu'il existe une disparité régionale à ce niveau. Nombre d'abonnés en évolution La société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) est chargée de fournir l'eau potable aux consommateurs. Le nombre des habitants approvisionnés par ladite société est de 9,8 millions sur un total de 11,5 millions alors que le nombre des abonnés s'élève à 2,9 millions d'habitants. Le taux d'approvisionnement en eau potable est de 98% dont 100% en milieu urbain, 93,6% en milieu rural (52% approvisionnés à travers la société et 41,5% à travers les groupements hydriques). Le réseau de la société s'étend sur 53.000 km. Elle dispose aussi de 19 stations de traitement des eaux superficielles et 15 stations de dessalement des eaux profondes ainsi que 1.500 puits et stations de pompage. Le complexe de production des eaux à Ghedir El Golla approvisionne essentiellement le Grand Tunis pour 2,8 millions d'habitants répartis à travers 10 districts. On y compte 820 mille abonnés. La longueur du réseau de drainage est de 300 km alors que le réseau de distribution s'étend sur 8 mille km. On compte, de même, 84 citernes d'une capacité totale de 387 mille m3. La production annuelle des eaux au complexe de Ghedir El Golla est de 195 millions de m3. Avant 1905, la ville de Tunis était approvisionnée à travers les viaducs (Hnaiya) à partir de la région de Zaghouan avant de recourir aux puits de Bargou. Ce n'est qu'en 1928 qu'on a réalisé le barrage Oued El Kébir et la station de traitement d'une capacité de production de 50 mille m3 par jour. Quelques années plus tard, en 1936, les apports ont été renforcés par les eaux provenant des puits de Khélidia puis, en 1952, on a construit le barrage de Béni Mtir (70 millions de m3) ainsi que la station de traitement d'une capacité de production de 120 mille m3 par jour. En 1968, le barrage de Ghedir El Golla a vu le jour (2,8 millions de dinars) suivi du barrage Kassab (80 millions de m3). Des stations de pompage partout En 1970, on a réalisé la station de traitement des eaux n°1 d'une capacité de production de 200 mille m3 par jour, suivie en 1983 d'un recours au canal de Medjerda au Cap Bon en vue de satisfaire les besoins en eau potable en augmentation constante dans le Grand Tunis. La Sonede a réalisé la plupart des ouvrages actuels au complexe de Ghedir El Golla, à savoir une station de pompage n°1 d'une capacité de 300 mille m3 par jour, une station de pompage n°2 bis d'une capacité de 350 mille m3 par jour ainsi que le barrage de Mornaguia d'une capacité de 13 millions de m3, la station de traitement n°2 d'une capacité de 250 mille m3 par jour et le centre de contrôle et de maîtrise ainsi que les citernes de régulation de la production. En 2003, on a réalisé la station de traitement des eaux n°3 d'une capacité de 250 mille m3, puis en 2007 la station de pompage n°1 bis, d'une capacité de 300 mille m3 et en 2013, la première phase de la station de traitement des eux n°4 d'une capacité de 200 mille m3/jour. Enfin, en 2019, on réalisé la deuxième phase de la station de traitement des eaux n°4 d'une capacité de 100 mille m3/jour. A préciser que les deux stations de pompage n°1 et 1 bis ont démarré à partir du Canal du Cap Bon d'une capacité totale de 600 mille m3. Quant à la station de pompage n°2, elle à commencé à fournir de l'eau à partir du barrage de Mornaguia avec une capacité totale de 350 mille m3/jour. La capacité totale de pompage des eaux brutes est de 950 mille m3/jour. La capacité maximale de traitement des eaux par les cinq stations est de 1 million de m3/jour. Les perspectives d'approvisionnement en eau potable sont déjà définies. Les défis à relever consistent notamment à faire face à la diminution des ressources hydriques conventionnelles soit 350 m3 par habitant et par an en 2030 contre 450 m3 en 2017. Il s'agit aussi de prendre en considération les disparités existantes au niveau des périodes de consommation, des régions, des quantités et de la qualité de l'eau. Les solutions envisagées consistent à assurer une gestion globale des eaux et intégrer toutes les ressources disponibles. Pour un meilleur approvisionnement La politique adoptée dans ce domaine consiste aussi à assurer l'interconnexion des barrages situés dans les différentes régions. Le choix est porté, de même, sur le dessalement des eaux, notamment dans le centre et le sud et l'amélioration du rendement des réseaux hydriques. La gestion intelligente des eaux au niveau de l'offre et de la demande sera assurée. Il est question aussi de construire des capacités de gestion technique et financière. Pour ce qui est du dessalement des eaux profondes, des stations sont installées à Kerkennah (3.000 m3/jour), à Gabès (34.000 m3/jour), à Zarzis (15.000 m3/jour), à Djerba (20.000 m3/jour) et à Ben Guerdane (1.800 m3/jour). Ces derniers chiffres remontent à fin 2014. Le programme national d'amélioration de la qualité (première phase) est d'une capacité de 36.200 m3/jour des eaux profondes en 2017. Pour ce qui est du dessalement de l'eau de la mer, les projets concernent Djerba (50.000 m3/jour en 2018 et 25.000 m3/jour en 2024), Sousse (50.000 m3/jour en 2020 et 50.000 m3 en 2030), Zarat (50.000 m3/jour en 2021 et 50.000 m3/jour en 2030). Le programme national d'amélioration de la qualité de l'eau dans sa deuxième phase va permettre également le dessalement de 31.000 m3/jour de l'eau de mer en 2021. D'autres projets de dessalement de l'eau de la mer sont prévus à Sfax (100.000 m3/jour en 2022 et 100.000 m3/jour en 2030), à Kerkennah (6.000 m3/joue en 2022 et 3.000 m3/jour en 2030), à Mahdia (100.000 m3/jour en 2024 et 100.000 m3/jour en 2030) et Zarzis (25.000 m3/jour en 2024 et 25.000 m3/jour en 2030). La réalisation des deux barrages Essaïda et Kalaa Kebira ainsi que les deux stations à Bjaoua et Kalaa Kebira vont permettre de satisfaire les besoins au cours de la période de pointe dans le Grand Tunis, le Cap Bon et Sfax. Le nombre des habitants dans ces zones est actuellement de 6.1 millions répartis à travers neuf gouvernorats soit 55% de l'ensemble des habitants du pays et consomment 66% des ressources au niveau national. Le plan actuel se base sur une complémentarité entre les eaux conventionnelles, les eaux profondes et non conventionnelles qui ont fait l'objet d'un dessalement. Des quantités d'eau de régulation seront utilisées à partir des barrages Essaida et Kalâa Kébira. En outre, les eaux seront pompées vers les barrages de régulation lors des périodes de basse consommation, et ce, dans le but de les utiliser lors des périodes du pic de la demande.