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Les grands chantiers du secteur
La Presse Economie - Tourisme - Entretien avec M. Slim Tlatli, ministre du Tourisme
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 11 - 2010

Le secteur du tourisme constitue un axe stratégique du développement économique du pays. C'est pourquoi le Président de la République lui a accordé une place de choix dans son programme électoral, lui attribuant le rôle de moteur de croissance.
Pour traduire dans les faits cette vision, le Chef de l'Etat a ordonné la réalisation d'une stratégie à l'horizon 2016.
C'est un plan qui comporte une vision future du tourisme tunisien, avec de nouvelles composantes pour gagner le pari de la qualité et de l'intégration régionale et mondiale. Il s'agit en outre de réaffirmer l'attractivité de la destination Tunisie par le biais d'une offre plus séduisante avec une nouvelle redéfinition du confort et des arguments solides de vente à même de favoriser l'accroissement de la fréquentation touristique, l'allongement de la durée des séjours et l'augmentation des dépenses touristiques. Son credo porte aussi sur la diversification des produits et la prospection de nouveaux marchés ainsi que sur la mise à niveau des infrastructures touristiques et l'adoption de nouvelles normes de classement des hôtels.
Depuis, le cap a été mis sur l'identification des principaux défis auxquels notre tourisme est appelé à faire face, en l'occurrence l'amélioration de la qualité des prestations offertes à la clientèle, la mise à niveau des unités touristiques, la diversification des modes d'hébergement et la diversification des marchés et des produits.
L'année 2011, qui devra marquer le démarrage réel du nouveau plan d'action, arrive avec le vœu d'être une année utile qui doit nous permettre de poursuivre la dynamique engagée depuis 2005, année de tous les records, et de confirmer que le tourisme tunisien est en effet entré dans un cycle plus vertueux et doit persévérer dans cette embellie.
Ces dernières années, la Tunisie a connu une croissance touristique particulièrement exceptionnelle, plaçant le secteur d'activité du tourisme au premier rang de notre économie nationale. Toutefois, dans un contexte de concurrence accrue et de tensions économiques et politiques internationales, le tourisme tunisien doit faire face à de nouveaux défis, à savoir :
- l'accélération de la croissance touristique mondiale et l'ouverture politique de certains pays qui se positionnent sur le marché, à l'image de la Chine;
- le développement de produits touristiques de qualité et très compétitifs chez nos principaux concurrents;
- l'industrialisation des réseaux de production et de distribution liée à la mondialisation de l'activité touristique;
-  le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication et les changements de comportements qu'elles engendrent;
-  la montée des préoccupations en matière de sécurité tant au niveau des destinations que des produits, fortement accentuées encore, au niveau mondial, depuis quelques années;
- la difficulté croissante pour les professionnels d'anticiper les demandes et donc de calibrer et d'organiser leur offre et leurs investissements, en raison de comportements très variables des clientèles (réservation de dernière minute, déclin des clients fidélisés…).
En effet, dans ce contexte nouveau de mondialisation, l'Etat est perçu comme le garant d'un développement touristique maîtrisé, cohérent et durable. A ce titre, il se doit d'anticiper l'ensemble des phénomènes qui risquent d'avoir une influence sur l'activité touristique en adaptant ses structures au contexte national et international et aux nouvelles exigences du secteur, ainsi qu'en accroissant encore le partenariat qu'entretient le ministère avec les acteurs publics, privés et associatifs du tourisme. La Tunisie se doit de développer des stratégies de conquête pour conserver sa position de première destination touristique en Afrique du Nord, développer ses recettes et parts de marché. Pour exploiter au mieux son potentiel de développement, notre pays doit se différencier des autres destinations, notamment en termes de diversification de produits et de qualité. C'est l'ambition de la nouvelle stratégie à l'horizon 2016 qui aspire à consolider le positionnement de la Tunisie dans des marchés touristiques en situation d'extrême concurrence, sous la double poussée des consommateurs et des mutations technologiques et où l'innovation constitue également un atout majeur de différenciation, gage de succès. D'où la nécessité de réfléchir à de nouvelles innovations, tout en sachant que pour le client, une bonne innovation est une innovation qui se voit et qui apparaît comme un élément de progrès. La parole à M. Slim Tlatli, ministre du Tourisme.
Au vu des dossiers prioritaires mis sur la table, cette année, l'on est en droit de penser que l'année 2011, grâce à l'exécution du nouveau plan d'action, présentera une opportunité unique pour développer notre savoir-faire, exprimer pleinement le potentiel de nos territoires et optimiser le gisement d'emplois que recèle l'industrie touristique. C'est naturellement dans la perspective de cette embellie que l'administration du tourisme a conduit une politique volontariste, qui commence à porter ses fruits. Mais afin que la Tunisie demeure éternellement la première destination de l'Afrique du Nord, il faudrait appréhender pleinement le sens que recouvre notre suprématie numérique dans la région.
Et l'on commence par le bilan. Pour le ministre du Tourisme, le comportement de la haute saison est «globalement positif». «On a eu un très bon mois de juillet et le mois de Ramadan n'a pas affecté pour autant l'arrivée des Maghrébins», affirme M.Slim Tlatli qui, d'un ton confiant, souligne que l'arrière-saison «promet d'être bonne» vu l'état des réservations d'ici la fin de l'année. D'ailleurs, on ne peut pas parler d'un trou d'air puisque les prévisions tablent sur une croissance de l'ordre de 3%, à la fin de l'année, assure notre interlocuteur.
Concernant l'impact du mois saint sur l'évolution des marchés européens, le ministre assure que ces marchés n'ont pas souffert du déroulement de ce mois. Cependant, il prévoit un réel impact l'année prochaine. «Nous avons fait au mieux pour qu'il y ait de l'animation, pour que les commerces ouvrent le jour et pour que les stations touristiques fonctionnent à plein régime. Nous avons tenu des réunions avec tous les ministères pour que les services fonctionnent normalement, surtout les taxis. Nous allons continuer à travailler dans le même sens pour avoir le même niveau l'année prochaine».
Stratégie du tourisme tunisien à l'horizon 2016
Abordant l'état d'avancement de l'étude stratégique à l'horizon 2016, dont le Chef de l'Etat a ordonné l'élaboration, le ministre du Tourisme a annoncé qu'elle est déjà terminée et qu'elle a été couronnée par la proposition d'un plan d'action chiffré qui devrait servir de vision pour l'ensemble des opérateurs et intervenants en vue de concrétiser les objectifs de développement assignés au secteur touristique.
Il a rappelé, à cet effet, qu'ordonnée par le Président de la République, cette étude a été effectuée sur trois étapes, à savoir le diagnostic, les orientations stratégiques et les résultats.
Interrogé sur la nouveauté qui distingue cette étude des études précédentes, le ministre du Tourisme a répliqué que l'originalité de cette étude tient «au fait qu'elle a accouché d'un vrai plan d'action, avec des mesures, un calendrier qui précise la nature de l'action, le responsable, son mode de suivi et de réalisation pour les cinq prochaines années».
Revenant sur la phase très importante du diagnostic, M.Tlatli a souligné que l'étude a démontré que le secteur du tourisme a subi des mutations rapides, importantes et profondes «qu'on n'a jamais connu auparavant». En effet, en peu de temps, la scène a complètement changé. Il s'agit d'abord, selon le ministre, du client «qui a complètement changé en termes d'attente, d'expectative et de mode de consommation.»
En effet, «le client a vieilli et la moyenne d'âge a passé à 45-55 ans. Il a une expérience des voyages, un référentiel et a beaucoup travaillé pour économiser et effectuer ce voyage». De ce fait, «on voit émerger de nouvelles attentes : tourisme sportif, thalasso, bien-être, golf, culturel, éco-tourisme, soit une multitude d'attentes» auxquelles il faudrait savoir apporter des réponses idoines, ajoute le ministre.
Sur un autre plan, les voyageurs, dans 80% des cas, choisissent leur destination à partir d'une recherche sur internet. «L'acte de décider se fait désormais sur ordinateur, en famille, ce qui est une donnée importante», souligne M.Tlatli, pour qui l'enjeu des TIC est très important dans la bataille de la distribution.
Bouleversement de la distribution
L'autre aspect, justement, concerne la distribution qui connaît aussi un grand bouleversement. Le ministre signale à cet effet «une très forte concentration» et de plus en plus «de dépendance vis-à-vis des TO». La distribution à travers internet prend également de l'ampleur. A titre d'exemple, M.Tlatli cite la France où 30 à 35% des clients achètent leurs forfaits de séjour à travers des canaux électroniques. Dans les pays du nord de l'Europe, «ce taux s'élève jusqu'à 70 à 75%», affirme le ministre.
En effet, des sites de voyages en ligne, tels Expédia ou Trip adviser, confirment cette révolution technologique du marché des voyages. Hormis la désintermédiation et l'auto-assemblage du package, le client «peut aussi partager son expérience de voyage avec des milliers de gens grâce à l'instantanéité que procure l'outil informatique et l'ampleur sans cesse grandissante des réseaux sociaux», a expliqué le ministre.
Evoquant le thème de la concurrence, le ministre reconnaît que nous avons des concurrents «qui ont fait des progrès fabuleux». Et pour lui, les exemples ne manquent pas : l'Egypte en 2002 ne comptait que 200.000 lits ; en 8 ans, sa capacité a doublé. La Turquie est aussi un concurrent direct qui fait de grands pas en avant, etc. C'est dire qu'on a subi et qu'on n'a pas été proactif pendant des années. Aujourd'hui, «il y a une offre pléthorique, une concurrence plus vive et on voit naître de nouvelles destinations avec des politiques commerciales très agressives», affirme le ministre.
Tourisme actif
Par ailleurs, l'étude a réservé un volet aux atouts possibles relevés en termes de modes d'hébergement et de diversification des produits. «On a vu émerger de nouveaux modes d'hébergement tels que les gîtes ruraux, les maisons d'hôtes et de nouveaux produits, en l'occurrence le golf, la thalasso et les circuits écologiques, soit une nouvelle forme de tourisme actif. Grâce à ces évolutions, nous constatons des points forts qui viennent à la rescousse des fondamentaux de notre tourisme, à l'instar du balnéaire qui est un atout important mais qui comporte un aspect négatif, à savoir la forte saisonnalité qui marque ce produit», rapporte M.Tlatli.
Parmi nos points forts, l'étude met en exergue la proximité. «Nous sommes très proches du marché européen, qui est le plus important, et nous sommes également voisins de deux pays émetteurs à savoir la Libye et l'Algérie», confie le ministre.
La stabilité et la sécurité qui règnent dans le pays, la qualité de la vie et la qualité des infrastructures aéroportuaires sont autant de facteurs de compétitivité qui placent notre pays en bonne position en termes de connectivité et de capacité d'accueil.
A ce propos, le ministre indique que «notre pays dispose de 800 hôtels, dont 560 sont classés, offrant au total une capacité de 250.000 lits». Certes, ajoute-t-il, il y a des insuffisances mais l'offre est là.
Il n'empêche, le ministre acquiesce que la destination Tunisie accuse du retard comme l'a relevé l'étude. «Nous constatons que nous sommes en retard. C'est pour cela que cette étude a préconisé cinq axes pour corriger le tir».
Comment sortir du piège de la saisonnalité, remplir les hôtels et amener des touristes pour d'autres raisons que le soleil ? Pour le ministre, la réponse est claire : «Il est question d'abord d'approfondir la diversification et encourager l'innovation».
Ainsi, l'innovation portera essentiellement sur les nouveaux modes d'hébergement, en l'occurrence des hôtels de charme, des gîtes ruraux, des maisons d'hôtes et des campements cinq étoiles, etc.
Ensuite, on retrouve l'animation touristique, qui est le ventre mou de notre tourisme, qui focalise les regards. En effet, il s'agit «d'imaginer des produits innovants qui correspondent aux attentes des visiteurs. Des restaurants franchisés, des parcs d'attraction. On manque de ce type de produit et on va adopter toute une politique dans ce sens-là» affirme M.Tlatli.
Un label de qualité
Dans un marché où l'offre est très supérieure à la demande, la qualité ne doit pas être simplement un objectif ou une option : c'est un préalable indispensable à toute stratégie de développement fondée sur la différenciation, la création de valeur et le juste prix.
L'objectif principal de ce volet est de faire en sorte que de la destination Tunisie qui est considérée à tort un label de tourisme de masse soit «une destination capable de fournir une prestation plutôt haut de gamme, consommée de plus en plus fortement par des visiteurs internationaux à haute contribution, qui apprécient une offre culturelle que l'on trouve rarement à ce niveau dans les destinations concurrentes», estime le ministre. D'ailleurs, ces atouts contribueront très fortement à la création de richesse dans notre économie.  
Et même si le niveau des prestations hôtelières, continue à alimenter les débats, la Tunisie est désormais en pointe avec l'entrée en vigueur des nouvelles normes de classement des hôtels, le programme de mise à niveau, la formation et la modernisation des écoles et centres de formation.
D'ailleurs, la détermination du ministère à développer le contrôle des hôtels et des différentes unités touristiques et à effectuer des sondages d'opinion périodiques auprès des touristes lors de leur départ du pays n'est plus à démontrer, l'objectif étant d'améliorer la qualité du produit, de veiller au bon niveau des prestations, d'assurer un accueil de qualité et de veiller également au bon déroulement du séjour de nos hôtes.
Certes, ces opérations de contrôle ont débouché sur la fermeture provisoire de quelques établissements touristiques et les opérations de classement d'office selon les normes "2005" ont permis de déclasser des dizaines d'hôtels dans le cadre de cette opération. Toutefois, la décision présidentielle, qui encourage la mise à niveau immatérielle au sein des établissements hôteliers par le biais de l'octroi d'une prime d'encouragement plafonnée à 50.000 dinars par unité, constitue une opportunité pour les unités qui ont connu un déclassement au niveau de leur catégorie, afin d'engager des programmes de réhabilitation. A signaler que le programme de mise à niveau a enregistré, jusqu' à ce jour, le classement de plus de trois cent cinquante établissements selon les nouvelles normes totalisant une capacité de plus de 145.000 lits, soit 60% de l'ensemble du parc hôtelier tunisien. Les investissements engagés dans ce domaine ont atteint plus de 350 millions de dinars et les primes approuvées par l'Etat ont atteint plus de dix millions de dinars.
A ce propos, le ministre ne mâche pas ses mots. «On pense déjà à une charte qualité  car la qualité des services est une problématique essentielle de notre tourisme et on va être exigent avec une tolérance zéro sur la question de l'hygiène», confie-t-il d'un ton ferme et confiant.
Le deuxième axe stratégique de cette étude porte sur la promotion. Un grand chantier que la tutelle du tourisme envisage de revoir de fond en comble. Et au ministre d'annoncer le lancement d'une étude spécifique.
A cet effet, il explique que notre image est quasi absente, voire floue avec des slogans ringards. L'objectif aussi est de régionaliser la promotion. «On veut construire des spécificités régionales», souligne le ministre. En effet, cet objectif cadre bien avec l'approche présidentielle. Car, dans son programme électoral, le Président Ben Ali a réaffirmé sa détermination à élargir les compétences des régions et à consolider leur rôle dans l'identification, la préparation, la réalisation et la maintenance des projets à caractère régional. Etant attaché à la mobilisation du maximum possible de moyens propres permettant aux régions d'évoluer et de s'épanouir, le Président de la République projette d'y intégrer le tourisme culturel et écologique.
Mais comment y parvenir ? Avec quels moyens ? Le ministre répond qu'on va tripler nos budgets. Comment? L'on siffle des bouts des lèvres la taxe séjour, comme l'un des mécanismes à activer.
Toujours dans le même registre, la réorganisation des représentations et la participation aux salons et foires en termes de contenu mais aussi en termes d'image seront totalement revues. «On va segmenter les marchés et décliner notre stratégie selon les différents clients», commente le ministre.
Un tourisme web compatible
Comment rendre notre tourisme web compatible ? M.Tlatli envisage d'encourager les sites transactionnels et compte exhorter les jeunes à lancer des sites sur la Tunisie. Il s'agit de «crédibiliser le contenu et faire apparaître la Tunisie par l'hameçonnage (fishing)».
Concernant le quatrième axe qui porte sur l'épineux dossier de l'endettement du secteur, le ministre tient à préciser que «le traitement de ce dossier ne découle pas d'une vision totalement financière ou comptable mais plutôt d'une approche produit puisque notre constat est que la situation financière influe sur la qualité. C'est pourquoi nous avons préconisé tout un ensemble de mécanismes et de mesures pour tracer les réponses idoines à ce problème».
Enfin, le cinquième et dernier axe a été dédié à la réforme institutionnelle. «Toute cette stratégie va avoir un impact sur le ministère. L'Ontt qui doit se réorganiser et la profession elle-même. Quel partenariat ? Quels moyens ? Tout cela va être revu».
Force est de reconnaître que l'étude ne s'arrête pas aux simples recommandations, car les cinq axes stratégiques ont été décliné sur 160 mesures précises avec des fiches de sous-mesures et un plan de charge pour les cinq années à venir. «Il y aura une équipe qui va mettre en œuvre ce plan d'action qui va nous permettre d'atteindre les objectifs ambitieux en terme quantitatif en vue d'améliorer le rendement du secteur. Ce sera un acte d'engagement auquel devra adhérer l'ensemble des intervenants, dans un partenariat public-privé», affirme le ministre.
D'ailleurs, la consultation effectuée sur les résultats de cette étude comporte un double objectif : grâce aux débats francs et de haut niveau, le plan d'action a été adopté et enrichi. «Quelques recommandations pertinentes vont être incluses dans notre plan d'action. On n'a pas fait d'oubli. On n'a pas voulu être exhaustif. On a fait le choix de la lisibilité et de la définition des tâches», souligne le ministre.
L'autre objectif est, de l'avis du ministre, aussi important. «Il est celui de la mobilisation. Faire prendre conscience aux différents acteurs des enjeux pour les cinq prochaines années. Il est important d'appréhender les efforts qui vont être déployés pour mettre en mouvement le système. C'est un processus qui ne s'arrêtera pas une fois mis en place. D'où l'importance et la nécessité de l'appropriation par tous les intervenants de cette stratégie», soutient le ministre.
En effet, «nous sommes partis des objectifs présidentiels qui sont extrêmement importants : atteindre à l'horizon 2016 le cap des dix millions de touristes, améliorer le rendement du secteur. On a traduit cela dans le XIIe Plan de développement 2010-2014. Il en ressort que le secteur du tourisme devra être l'un des moteurs de la croissance pour le pays et contribuer essentiellement à la réalisation de cet objectif. Cela ne peut se faire que si l'on met en œuvre ce plan d'action», affirme M.Tlatli.
Changer la donne
En impulsant la nouvelle démarche, l'administration du tourisme tend à apporter une nouvelle visibilité aux professionnels qui offrent des prestations de qualité et œuvrent quotidiennement à l'amélioration de celles-ci. L'objectif étant de sensibiliser les acteurs du tourisme à la qualité et à son caractère indispensable pour la pérennité de leur activité, sa réussite réclame l'engagement de chacun de façon à ce que de nouvelles synergies renforcent la compétitivité et l'attractivité de la destination. Pour explorer les meilleurs moyens à même de booster le tourisme et faciliter la commercialisation de notre destination, il n' y a pas mieux que cette nouvelle vision. L'ensemble des actions envisagées ne manqueront pas de contribuer à la réalisation des objectifs fixés par le programme présidentiel pour le prochain quinquennat. Car la finalité est de se rapprocher de l'objectif de 10 millions de touristes par an, de générer des recettes d'une valeur de 5.365,7 millions de dinars, de réaliser un taux d'occupation de 54,3 % et d'atteindre 260.300 lits à l'horizon 2014.
L'endettement
Une question épineuse
La restructuration de la situation financière du tourisme tunisien figure également parmi les mesures à engager dans l'avenir. Les efforts seront concentrés sur une évaluation de la santé financière des établissements hôteliers et la réhabilitation des unités en difficulté.
Pour le ministre du Tourisme, ce n'est pas l'endettement mais les créances accrochées qui posent problème. Et il classe les hôteliers concernés en trois catégories :
" Des hôteliers qui ont des difficultés mais qui, grâce à un rééchelonnement, peuvent tirer leur épingle du jeu. On a aussi des hôtels qui nécessitent, en plus du rééchelonnement, une injection de fonds propres. Et il faut que ces hôteliers fassent cet effort. Enfin, nous avons quelques hôteliers dont la situation financière s'est dégradée à un point tel que même avec un rééchelonnement et étant donné l'impossibilité d'injecter des fonds, sont dans l'impasse" , révèle le ministre. Cependant", pour chacun, il y a des solutions, entre autres la reprise, soit à travers une action judiciaire, soit à travers de nouveaux acquéreurs. Cependant, la difficulté première demeure de trouver des acquéreurs. Ces hôtels doivent donc changer de vocation (appart-hôtel par exemple). En tant que tutelle, notre problématique n'est pas financière mais c'est justement dans ce genre d'hôtel en butte à des difficultés financières que la qualité de service se dégrade. Notre priorité est de sauver ces unités pour qu'elles puissent atteindre un niveau exigé pour exploiter un hôtel et éliminer ces insuffisances, quitte à fermer définitivement ces unités. "
La promotion
Le diagnostic montre un déficit d'image et un marketing peu compétitif par rapport à la concurrence. A titre d'exemple, le budget global consacré à la communication en Tunisie est estimé, pour 2009, à 27 millions d'euros, alors qu'il est deux fois plus élevé au Maroc (49 millions d'euros) et 4 fois plus élevé en Turquie (82 millions d'euros).
Côté promotion, l'intérêt sera porté à l'intensification des partenariats aériens, l'adoption d'une approche marketing par pays (engager des campagnes de communication ciblées, adopter une nouvelle approche marketing en fonction des marchés…), la mise au point d'une nouvelle politique événementielle (création d'un évenement de portée internationale en lien avec les richesses touristiques de la Tunisie) et la diversification des sources de financement.
Le poids du secteur
Le tourisme en Tunisie est un secteur à fort taux d'employabilité avec plus de 400.000 postes d'emploi directs et indirects. Il contribue à hauteur de 5,5% du PIB, assure 13,3% des exportations globales, génère près de 19% des recettes en devises et concourt à la couverture du déficit de la balance commerciale à hauteur de 50%. C'est aussi un facteur d'ouverture et de modernité qui véhicule des messages de paix, de tolérance et de coopération entre les peuples.
Chiffres et statistiques prouvent l'éloquence du rendement de ce secteur. Cependant, force serait de reconnaître cette tâche herculéenne qui a fait du tourisme l'un des piliers de l'économie nationale. En amont, la voie du décollage du secteur a été balisée par des réalisations édifiantes au niveau de l'incitation à l'investissement qui a dépassé les cinq milliards de dinars alors que, vers la fin de 1987, le total des investissements n'atteignait pas les huit cent millions de dinars.
Le bond extraordinaire de la capacité d'accueil qui passe à plus de 250.000 lits, la politique de la qualité, la diversification de l'offre et la pénétration de nouveaux marchés de manière à mieux répondre aux objectifs stratégiques du secteur.
Certes, la place et l'importance du tourisme dans la vie socio-économique du pays n'est plus à démontrer ni en termes de recettes en devises ni pour les postes d'emploi qu'il génère, ainsi que pour les autres effets induits. En effet, le tourisme occupe le deuxième rang dans les exportations après le textile.
Grâce au tourisme, l'artisanat a pu reprendre de sa superbe. Il entre dans la vente de 95% des produits de l'artisanat écoulés. Il emploie plus de 265.000 personnes, soit 11% de la population active. Ses ventes en devises se situent aux environs de 250 millions de dinars, ce qui représente plus de 2% du total des exportations. Mais le tourisme, qui consomme aussi 3% de la production du transport terrestre et des télécommunications et fournit une bonne part de leurs recettes aux compagnies aériennes tunisiennes (70%), agit comme une locomotive pour les autres secteurs.
La consommation de plusieurs centaines de milliers de touristes chaque mois correspond à une exportation sur place d'un grand nombre de produits agro-alimentaires : eau, poisson, viande, œufs, vin, fruits et légumes.
L'agriculture doit son évolution quantitative et qualitative en grande partie au tourisme qui consomme 6% de sa production. Le secteur a aussi dynamisé d'autres activités en, l'occurrence le bâtiment (céramique, équipements sanitaires, articles de petite quincaillerie, cuisine, matériel de restauration industrielle), certaines industries mécaniques ou électriques, textile, ébénisterie et transport. Toutefois, c'est dans le domaine de l'emploi que le tourisme joue le rôle le plus important, puisqu'on évalue à 2.000.000 d'habitants, la population qui vit directement et indirectement du tourisme, ce qui représente environ un cinquième de la population tunisienne.


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