Il semble que rien ne va plus au sein de Nida Tounès : Ridha Charfeddine et les membres de la commission préparatoire du congrès électif de Nida Tounès rendent le tablier et annoncent qu'ils «passent les rênes de l'organisation à la direction du parti», le groupe "Lam Echaml" déclare «nulle et non avenue la décision de l'instance politique (c'est-à-dire Hafedh Caïd Essebsi et ses lieutenants) de fixer la date, le lieu et le calendrier du congrès et, enfin, les fondateurs du parti réaffirment que le congrès est voué à l'échec tant que Hafedh Caïd Essebsi n'est pas écarté définitivement du parti. Mais comment les choses ont-elles évolué, ces derniers jours, au point que la commission nationale préparatoire du congrès qui soulignait, le 25 février dernier, «sa détermination à poursuivre sa mission nationale malgré les difficultés», s'est trouvée dans l'obligation d'abandonner sa mission, dans une déclaration de presse portant la signature de son président, le député Ridha Charfeddine ? Et ce dernier d'aller encore plus loin en annonçant sa démission personnelle du parti et de son poste de député au Parlement au nom de Nida Tounès. La commission justifie la décision de ses membres de quitter la barque par ce qu'ils appellent «les grands obstacles rencontrés dans le processus de préparation du congrès» et le «non-respect de la feuille de route convenue au préalable». En fait, qu'appelle-t-on grands obstacles qui ont fini par faire de «la commission préparatoire une simple commission technique» ? Pour Foued Bouslama, l'un des fondateurs de Nida Tounès ayant occupé le poste de président de la commission d'information et de communication pendant plus de trois ans, «les choses sont claires : Hafedh Caïd Essebsi et ses fidèles lieutenants — Sofiène Toubal, Ons Hattab et Raouf Khammassi — veulent que le congrès du parti se déroule sur la base de leurs propres désirs et caprices et que la commission préparatoire présidée par Ridha Charfeddine applique à la lettre leurs directives ou, pour être plus clair, leurs ordres». Il ajoute : «Hafedh et ses amis exigent que les congressistes soient porteurs de cartes d'adhérent au titre des années 2018 et 2019 et exercent les pressions les plus inimaginables sur les coordinations régionales en vue de l'octroi des cartes d'adhérent». Foued Bouslama considère que tant que Hafedh Caïd Essebsi se comporte comme étant le responsable n°01 du parti et considère que la commission préparatoire du congrès n'a qu'à appliquer ses ordres, «le congrès est voué à l'échec et les membres du groupe "Lam Echaml" ne seront pas réintégrés au sein du parti et n'auront pas droit à la participation au congrès, que sa date soit maintenue au 6 avril prochain ou reportée à une date ultérieure». «Lam Echaml» et les promesses non tenues jusqu'ici Quant aux membres fondateurs de Nida Tounès fédérés dans le groupe "Lam Echaml" qui ont, paraît-il, reçu des promesses de la part du président Caïd Essebsi et de Ridha Charfeddine (avant qu'il ne rende le tablier) «de pouvoir participer au congrès en tant que congressistes de par leur statut de membres-fondateurs du parti», ils ont découvert que la commission préparatoire a été vidée de ses prérogatives et que la feuille de route à laquelle la commission politique (présidée par Hafedh Caïd Essebsi) a donné son aval n'a pas été appliquée. Et c'est la raison pour laquelle le groupe appelle la commission préparatoire «à renoncer à sa décision d'abandonner sa mission et l'invite à assurer l'organisation du congrès». Plus explicite encore, "Lam Echaml" qualifie Hafedh Caïd Essebsi et ses collaborateurs «d'une minorité incapable d'affronter des élections dans le cadre d'un congrès démocratique». Certaines sources au fait de ce qui se passe dans les coulisses de Nida Tounès révèlent que les membres du groupe "Lam Echaml" sont convaincus que la distribution des cartes d'adhérent, sous la coupe des coordinations régionales entièrement acquises à Hafedh Caïd Essebsi, ainsi que le fait de déposséder la commission préparatoire du congrès de ses prérogatives, sont autant d'indicateurs que le congrès va perpétuer la domination du chef de l'instance politique et de son clan.