Nida Tounès vit ses derniers jours, à moins qu'un miracle ne se produise dans les heures à venir Au sein de Nida Tounès, l'implosion approche à grands pas et la rupture définitive entre le clan Hafedh Caïd Essebsi et celui dirigé par Ridha Belhaj. Depuis dimanche dernier, c'est Moncef Sellami, nommé coordinateur général de la commission de sauvetage du parti chargée de conduire les préparatifs du congrès constitutif prévu au cours du premier trimestre de 2017, qui occupe le poste de chef du groupe qui s'est octroyé la responsabilité de remettre de l'ordre au sein du parti en commençant par déclarer que les instances actuelles du parti (l'instance politique et le bureau exécutif) ont vécu et qu'on est maintenant dans la phase préparatoire du congrès sous la supervision d'une commission se disant indépendante où ne figurent ni Hafedh Caïd Essebsi ni Ridha Belhaj. Au cours de la semaine écoulée, les membres de l'instance dite de la réforme et du sauvetage du parti ont même distillé des informations selon lesquelles Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj auraient convenu de se retirer tous les deux et de charger Moncef Sellami de former la commission préparatoire du congrès dont les membres auront à conduire les congrès régionaux et locaux des structures du parti et distribuer les cartes d'adhésion aux militants de base censés participer à ces mêmes congrès en vue d'élire les congressistes qui les représenteront lors du congrès constitutif. Samedi dernier, on a attendu vainement la réunion des deux clans avec le président Béji Caïd Essebsi, le fondateur de Nida Tounès, «qui a toujours son mot à dire sur ce qui se passe au sein du parti», comme le soulignait Sofiène Toubal, le chef du groupe parlementaire nidaïste réputé pour son opposition déclarée à Hafedh Caïd Essebsi, mais qui a pris le soin, cette fois, de ne pas «se compromettre publiquement avec le groupe de Sfax qui a décidé de prendre le pouvoir au sein du parti et d'obliger Si El Béji à arbitrer en poussant son fils à s'écarter en contrepartie de la décision de Ridha Belhaj de se retirer lui aussi et de laisser les congressistes décider de l'avenir du pays», assuraient jusqu'à dimanche soir les observateurs qui croyaient que l'accord Belhaj-Hafedh était acquis. Le hold-up ne passera pas Dimanche 21 novembre, rebondissement tonitruant : Mourad Dallech, chef de la commission juridique du parti, dénonce un hold-up commis par les amis de Ridha Belhaj «en désignant Moncef Sallemi au poste de coordinateur général chargé de préparer le congrès constitutif du parti lors d'une réunion qui a enregistré l'absence des coordinateurs régionaux du parti à l'intérieur et à l'extérieur du pays et aussi la non-participation des membres du bloc parlementaire». Et il n'a pas mâché ses mots pour déclarer qu'il s'agit «purement et simplement d'un hold-up parfait visant à écarter Hafedh Caïd Essebsi de son poste de directeur exécutif et de représentant légal du parti, et le complot ne passera pas dans la mesure où les instances du parti sont toujours fonctionnelles et elles prendront les sanctions qu'il faut au moment opportun». Hafedh Caïd Essebsi s'est lui aussi déclaré surpris des décisions issues de la réunion tenue dimanche dernier à l'espace Arena au Lac «par la soi-disant commission de sauvetage qui a utilisé illégalement les communiqués du parti en faisant fi de ses structures et de son règlement intérieur». Hier, les sanctions promises sont tombées : «Les initiateurs de la réunion de l'Arena seront traduits devant la commission de discipline du parti comme le stipule le règlement intérieur», ce qui veut dire que Moncef Sellami, Khemaïes Ksila, Ridha Belhaj, Faouzi Elloumi et les autres verront leurs activités suspendues ou au moins gelées. Pour le moment (à l'heure de la rédaction du présent article), personne ne pouvait se prononcer sur la nature de la sanction à infliger aux membres de la commission de sauvetage dans la mesure où on était dans l'attente de ce que le président Béji Caïd Essebsi allait dire dans l'interview qu'il devait accorder hier soir à la chaîne Al Hiwar Ettounsi. Mais Faouzi Elloumi, le leader nidaïste qui assure qu'il est l'initiateur de ce qu'il appelle la troisième voie (la première étant représentée à l'époque par Mohsen Marzouk et la deuxième était conduite par Hafedh Caïd Essebsi), n'a pas attendu l'interview du président de la République pour déclarer que le communiqué diffusé par Hafedh et ses amis est «nul et non avenu» et il existe «une différence de taille entre notre groupe, le groupe du sauvetage qui ambitionne d'unifier le parti et de tenir le congrès constitutif sous la supervision d'une direction collégiale, alors que les autres ont lancé des slogans exclusionnistes n'ayant aucun rapport avec la politique et la morale». Il ajoute: «Au sein du comité de sauvetage de Nida Tounès, nous n'accordons aucun crédit aux décisions annoncées» par le groupe de destruction de Nida Tounès. Ce sont des personnes qui ne sont pas élues et leurs décisions ne valent rien». Il reste à préciser que dans la situation actuelle (effritement effectif des structures du parti), on se demande où va se réunir la commission de discipline pour délibérer. Plus encore, la commission en question est-elle toujours fonctionnelle ? D'ailleurs, Abdelaziz Kotti, le porte-parole de Nida Tounès désigné lors du Congrès de «la fidélité» tenu en janvier 2016 à Sousse, n'a pas manqué de faire allusion à la déliquescence du parti en déclarant sur les ondes de radio Mosaïque : «J'ai décidé de démissionner de Nida Tounès et de son groupe parlementaire. Sauf que je ne sais pas à qui je dois soumettre ma lettre de démission, puisque le parti n'existe plus».