SEOUL (Reuters) — Les représentants des pays du G20 s'efforçaient de lisser leurs désaccords hier, au lendemain d'une journée de vifs échanges qui a mis en lumière des tensions persistantes, notamment sur la question des changes. Selon un responsable du G20 impliqué dans les négociations, le communiqué final qui sera publié à l'issue du sommet demain ne devrait inclure aucun objectif chiffré, notamment sur la question des déséquilibres des balances commerciales. Deux grands sujets particulièrement polémiques, le cours du yuan et l'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine, ne devraient pas être mentionnés, a ajouté cette source. Un responsable indien proche des négociations en cours à Séoul avait déjà indiqué que le communiqué final n'inclurait pas de référence à une devise en particulier. «Nous sommes nombreux à penser qu'on ne peut réduire l'ensemble des problèmes à une devise en particulier. Le point essentiel, c'est le processus d'évaluation mutuelle : comment coordonner les politiques afin de rééquilibrer la demande mondiale», a-t-il dit. Une quarantaine de représentants des pays industrialisés et émergents membres du Groupe des Vingt ont passé 14 heures mardi dans une petite pièce et les esprits se sont échauffés lorsqu'a été abordé le sujet de l'équilibre de la croissance mondiale, dont les Chefs d'Etat et de gouvernement du G20 veulent faire la pierre angulaire de leur réunion. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Cui Tiankai, a estimé que le sommet devait se concentrer sur des questions mondiales et non sur le yuan ou telle ou telle monnaie spécifique. Il a en outre souligné que nombre de pays émergents s'inquiétaient des prochaines injections de liquidités de la Réserve fédérale américaine dans le cadre de ses opérations de rachats de titres. Le Premier ministre britannique David Cameron, en visite à Pékin, a appelé la Chine à s'orienter vers un taux de change plus flexible, se joignant ainsi à une demande régulière. Les dirigeants du G20 attendent de ce sommet, le cinquième depuis le déclenchement de la crise financière en 2007, qu'il marque la fin de cet épisode difficile et augure d'une nouvelle ère de coopération mondiale. Mais l'unité trouvée pour lutter contre la crise a ouvert la voie à des politiques nationales qui font aujourd'hui l'objet de profonds différends, sur fond de reprise économique très inégale selon les régions, voire les pays. La plupart des grandes économies connaissent encore une croissance faible alors que les principales puissances émergentes, telles que la Chine ou le Brésil, sont rapidement sorties de la crise pour retrouver une vigueur certaine. Les difficultés des pays développés à relancer leur machine économique font en outre craindre à leurs partenaires une vague de dévaluations compétitives. Intervenant sur ce dossier, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a surpris les marchés en affirmant que les grandes puissances envisageaient de faire de l'or une valeur étalon des taux de change. Il, a dit ne pas souhaiter un retour à la prééminence de l'or mais attendre des grands pays qu'ils dépassent la question des changes pour se concentrer sur les fondamentaux économiques. Robert Zoellick a également approuvé l'idée d'imposer une limite chiffrée aux déséquilibres des balances commerciales. Cette proposition a pourtant été abandonnée par son initiateur, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, en raison de la levée de boucliers qu'elle a entraînée. «Programme irresponsable» En visite à Djakarta, qu'il a quitté mercredi vers 04h00 GMT pour rallier Séoul, le Président américain Barack Obama a pour sa part déclaré qu'il y avait «beaucoup à faire». «Une des étapes clés sera la mise en place d'outils durables pour favoriser une croissance équilibrée et durable», a-t-il dit. Il a par la suite affirmé, dans une lettre adressée au G20 dont Reuters a obtenu copie, qu'une économie américaine en bonne santé était la plus importante contribution que Washington pouvait faire à la reprise mondiale. Obama peut s'attendre à un flot de critiques à Séoul, le plan de rachat d'emprunts d'Etat de 600 milliards de dollars annoncé par la Fed ayant provoqué la colère de plusieurs pays, dont la Chine. Les détracteurs de ce programme reprochent à la Banque centrale américaine d'avoir ignoré les implications qui en découlent à l'échelle mondiale — un dollar affaibli et un afflux de liquidités sur les marchés émergents — et d'avoir attenté à l'esprit de coopération qui prévalait jusqu'alors. Dans la droite ligne des commentaires chinois sur le sujet ces derniers jours, Xia Bin, membre de la commission monétaire de la Banque centrale chinoise, a estimé hier que ce programme était «irresponsable».