• Les intermédiaires n'ont pas pignon sur rue La fête du sacrifice est incontestablement une grande fête religieuse. A partir de là, le mouton revêt une autre dimension. A quelques jours de l'Aïd, les points de vente sont pris d'assaut. Pas question de faire l'impasse sur une fête de consommation pour laquelle on s'endette plutôt que le faire moins bien que le voisin. La fête se transforme en une contrainte mais encore une fois, l'Aïd El Kébir est rigoureusement respecté en Tunisie. Et pour preuve : 11h00 à un point de vente d'El Ouardia et après un contrôle sanitaire strict effectué par des vétérinaires accrédités, moutons et béliers sont exposés à la vente au poids par le biais d'une bascule électronique qui détermine le prix de chaque bête désigné au sacrifice. Il existe trois catégories de prix: celui inférieur à 40 kg est fixé à 6d,200 le kg, entre 40 et 65 kg à 5d,800 et supérieur à 65 kg à 5d,600. Des habitués des lieux qui, à l'approche de chaque Aïd, effectuent l'achat de la bête à sacrifier dans le même point de vente et bien d'autres venant parfois de loin, de très loin, s'approvisionnent en faisant des prix et sans passer par des intermédiaires qui n'ont pas pignon sur rue. Des centaines de bête sont écoulées chaque jour au grand bonheur des familles qui viennent accompagnés de leurs enfants choisir le mouton destiné à les accompagner jusqu'au moment du sacrifice. Le point de vente visité est alimenté à chaque fois de nouvelles têtes de moutons éparpillées sur différents box, outre le grand espace situé en plein cœur de l'endroit renfermant des béliers et moutons d'une manière hétérogène. Il ne s'agit certes ni d'une industrie ni d'une régulation. La bête est exposée à la vente depuis 6h00. Au bonheur de tout le monde La queue devant la porte d'entrée afin d'obtenir un bon de livraison ou encore un droit d'entrée, prend forme depuis 4h00 et 5h00, nous apprend-on. Et pour cause: le choix entre le bélier à queue fine, apprécié par les Tunisiens et celui à la queue grasse est plus important à l'ouverture des guichets, c'est-à-dire aux premières ventes. Abdallah, à l'instar d'un bon nombre de Tunisiens, affirme d'emblée que nulle société ne peut vivre privée du sacré et que l'acquisition du mouton entre dans ce cadre. Habitué des lieux depuis déjà sept ans, le jeune homme s'arrange pour prendre un congé afin d'acheter son mouton dans les meilleures conditions et au meilleur prix. «Chaque foyer, selon ses moyens, opte pour le choix de mouton. Certains, plus aisés que d'autres s'octroient des moutons allant même jusqu'à 400 et 500D. En ce qui me concerne, le mien, je l'ai acheté à 190D. Les prix sont les mêmes que l'année dernière malgré la baisse considérable des prix qui s'est effectuée ces derniers jours après une flambée remarquable», indique le jeune homme. D'autres semblent moins satisfaits que Abdallah. «Les prix ne vont pas de pair avec le choix de la bête. Certaines sont trop chétives ne pesant même pas 30 kg et dont l'âge n'est pas autorisé au sacrifice sont monnaie courante dans le point de vente», soulignent d'autres. «Propos infondés», rétorque le vétérinaire des lieux chargé de guider notre visite. «Il y en a pour toutes les bourses et tous les poids sont disponibles. L'âge de la bête est supérieur à 6 mois». Il est vrai que ce point de vente regorge de bêtes dont les prix sont accessibles à tout un chacun. Des négociations, des discussions, des attentions particulières pour la bête à sacrifier et tout un rituel qui sera très vite oublié dans peu de jours pour céder la place à des festivités découlant de la fête du mouton… Encore une occasion pour renforcer des liens communautaires et commémorer une fête religieuse importante où la dimension d'entraide n'en n'est pas des moindres.