«Ce que fut l'amour aux conteurs et aux poètes, le Nu le fut aux artistes de la forme», Paul Valéry. C'est à dessein que la jeune artiste-peintre, Myriam Bettaïeb, mastère en arts plastiques de l'école des Beaux-Arts de Nîmes, s'est imposée volontairement le choix de l'appellation «Errances» de son exposition qui se poursuivra jusqu'au 13 mars, à la galerie Imagin, à Carthage-Dermech. Choix judicieux, puisque la promenade promet d'être riche en découvertes dans cette accueillante galerie. Aller ça et là à l'aventure, sans autre but défini que celui de laisser errer son imagination, peut se révéler en fin de compte une «errance» dans les méandres de la pensée humaine. Des silhouettes très épurées, aux contours très vagues, se profilent sur un fond délibérément flou. Ce flou, dit artistique, est sciemment mis à profit pour entretenir une certaine ambiguïté puissamment évoquée et perceptible dans la plupart des nus. Les nus de Myriam Bettaïeb donnent l'impression d'évoluer dans une ambiance opaque, presque impénétrable. On demeure fasciné par les contours si peu distincts et nets qu'ils finissent par vous donner, par moments, l'impression d'être éthérés, légers et aériens. Les lignes générales de ces corps de femmes surpris dans leur innocente nudité, sont d'une insaisissante pureté, celle du diamant hormis sa transparence. Ces toiles, une trentaine, sont superbement mises en évidence par un support en bois qui leur donne du relief et du caractère. L'ocre avec des taches rouges, le gris et le blanc ivoire composent l'essentiel des couleurs dominantes et confèrent aux modèles cette belle atmosphère de mystère quelque peu inaccible aux profanes. Les visiteurs, très nombreux au vernissage, ont beaucoup apprécié le tableau représentant la Mater Dolorosa La Pietà, la majestueuse reine des douleurs, la Vierge Marie aux traits ravagés et déformés par la douleur de son fils sur le chemin du Calvaire . Une autre œuvre qui a surpris et plu «L'Homme face à son destin», dans une brume crépusculaire annonciatrice de la fin d'une vie, où les nuances et les tons paraissent diaphanes, un homme s'en va vers son destin ou son déclin. Est-ce sa fin? Myriam Bettaïeb, visiblement très discrète, laisse plutôt aux pinceaux le soin d'exprimer sa sensibilité. * L'exposition «Errances» de Myriam Bettaïeb se poursuivra jusqu'au 13 mars 2010