A l'initiative de l'ONFP (Office national de la famille et de la population), Taoufik Jebali a fait un travail personnel approfondi concernant l'infection VIH, ses origines contestées et ses implications morales et physiques sur les êtres humains, les étapes de recherches en matière de médicamentation mondiale, etc. Un concept dramatique et scénographique s'est mis en place pour porter les messages de lutte contre le VIH, d'une manière dramaturgique qui se base sur l'analyse des tabous sociaux, leurs sources et leurs différents paliers de leur acceptation. Danse avec le singe est une approche qui allie à la fois un message humanitaire de sensibilisation et un langage théâtral qui est propre à Taoufik Jebali. Humour, humour et encore de l'humour… En fait, Jebali en concepteur du texte et de la mise en scène relève un défi. Comment peut-on rire d'une maladie aussi dévastatrice ? Le metteur en scène emprunte la voix d'un malade ( porteur du virus) pour pointer du doigt tout comportement de stigmatisation et de rejet, et à travers cette attitude condamnable, il renvoie l'accusation sur la société bourrée de tabous, de préjugés, de contradiction et d'hypocrisie. La maladie est un prétexte pour présenter, sur un mode satirique, cher à Taoufik Jebali, le citoyen face à ses croyances, à son ignorance et à ses préjugés. Et quand on dit sida, la sexualité et tous les tabous qui en découlent sont au cœur du sujet. Danse avec le singe, un titre qu'explique Jebali en référence à une des idées reçues sur la maladie soi-disant originaire de ce primate et c'est avec ses jeux de mots, ses allusions, ses critiques acerbes qu'il nous fait rire de nous-mêmes et de notre bêtise. La scénographie, basée sur une conception de portes closes qui s'ouvrent et s'entrouvrent, est en référence directe aux mille et une portes pour mille et une sorties du tabou social. Danse avec le singe n'est pas une pièce didactique, comme on le pourrait croire. Portée par les élèves d'El Teatro studio, elle garde son sens premier de pièce théâtrale, mais qui reste citoyenne. Elle nous ramène vers un style particulier qui nous rappelle la série de Klem Ellil (satire et critique sociale). Et le message passe comme une lettre à la poste… La peur de l'autre, de l'inconnu, du non-dit et tant d'autres choses qu'on a du mal à divulguer, par ignorance et par fausse pudeur, sont exprimées à haute voix, au risque de heurter «les âmes sensibles» et ça fait rire le public. Un moment de vérité s'installe vers la fin de la pièce pour dénoncer ouvertement tous ces maux quand les acteurs de la pièce se placent face au public et dire ouvertement. «Je n'ai pas le sida, mais j'ai plein d'autres défauts : mensonge, hypocrisie, mépris, mesquinerie, mauvaise langue, délation…» Danse avec le singe est un moment de vérité doublé d'humour et si l'on est insensible au message, on ne peut être insensible à l'esprit, à l'intelligence et à l'imagination de Taoufik Jebali qui sait très bien amener à nous tourner en dérision. Réservez vos places pour les prochains cycles les 16-17-18 et les 23-24-25 décembre 2010.