Taoufik Jebali ne cesse de nous étonner ; sa nouvelle création « Danse avec le singe », en association avec Nawfel Azara, ne manquera pas de faire couler beaucoup d'encre pour avoir traité d'un thème pertinent et délicat en rapport avec la maladie du Sida ; cette « tare » qui demeure encore du domaine du non-dit. Avant de la présenter à la presse et au public, Jebali nous a réunis mercredi dernier pour parler de son œuvre et surtout de l'opportunité de cette pièce qui fait partie des six nouvelles créations théâtrales produites par El Teatro et Teatro studio pour la saison 2010-2011, à savoir, « Dernier soupir » (Soumaya Bouallagui), « Danse avec le singe » et « Suite » ( Jebali), « Retrait » (Moez Guidiri) et « G8 » (Zeyneb Ferchichi et Taoufik Ayeb). A l'initiative de l'Office National de la Famille et de la Population (ONFP), et à l'occasion de la journée mondiale de la lutte contre le sida, Jebali a entrepris un travail personnel et approfondi quant aux recherches sur l'infection VIH, ses origines contestées ainsi que les séquelles morales et physiques qu'elle engendre, etc. Le théâtre, un moyen de faire parvenir un message ? Pourquoi donc ne pas tenter l'expérience ? Sur quelles bases traiter la question du Sida surtout lorsqu'elle relève de « choses » qui se développent de manière incidieuse, dont on ne se rend pas compte facilement ? Comment rendre compte de ses aspects scientifiques sans sacrifier l'esthétique? Le metteur en scène semble en avoir trouvé le juste équilibre « Un concept dramatique et scénographique a été mis en place, a-t-il expliqué, pour faire passer les messages de lutte contre le virus, d'une manière dramaturgique qui traiterait de l'analyse des tabous sociaux, leurs sources et les différents paliers de leur acceptation… » Le texte a été élaboré dans le cadre d'un atelier de réflexion, et après de nombreux débats et d'écriture avec les comédiens, en faisant appel à la dérision comme antidote contre toute réflexion définitive. Pourquoi « Danse avec le singe »? Selon Jbali, « le singe est un séducteur comique, il est capable d'inventer n'importe quoi pour arriver à ses fins ; Il aime diriger et sera celui qu'il faut écouter même s'il n'a pas toujours raison. Il peut se révéler un excellent meneur d'hommes parce qu'il est celui qui propose les meilleures solutions aux problèmes rencontrés… » Production ONFP et El Teatro, « Danse avec le singe » connaitra à partir de ce soir, un cycle de représentations à El Teatro (19H30), qui prendra fin le 25 décembre, avant de faire sa tournée à travers la République avec la participation de Leila Charfi, Maha Arfaoui, Amina Kadhi, Oumeima Mtimet, Balsem Errouh Oukhay, Nesrine Masghouni, Nadia Ben Yaala, Raya Ben Hsan, Selima Chammari, Jamila Kaddour, Hassen Gharbi, Ammar Eltifi, Souhaib Oueslati, Saber Oueslati, Skander Handous, Moez Ben Rhouma, Hamza Ben Youssef et Abderrahmane Douira. Si la pièce a été détachée de son contexte, c'est pour susciter et animer le débat et pour traiter d'un problème d'une actualité brûlante et préoccupante, à l'instar d'autres créations comme « Si…da, m'était conté » de Nawfal Azara et Tahar Klibi, (qui porte également sur le Sida), ou « Café amer » de Khawla El Hadef, qui met en scène la violence faite aux femmes.