Deux ans après Jeymen ghadi (Venu d'ailleurs), le metteur en scène tunisien Noureddine Ouerghi met les dernières touches à Jeya men ghadi (Venue d'ailleurs), dont la première est prévue pour la fin du mois. Tout comme Jey men ghadi, interprété par Jamel Madani, Jeya men ghadi, la comédienne Guissala Nafti, conjugue son corps et la scène pour parler du pays de l'ailleurs. Cet ailleurs n'est autre que la Mémoire, l'Histoire vue par plusieurs poètes dans leurs textes. Ainsi, ce n'est pas l'Histoire qu'ils raconteraient, mais leur propre vision de cette histoire. Venu d'ailleurs est un projet, fait de trois pièces, dont le troisième volet mettrait sur la même scène Jey men ghadi et Jeya men ghadi. Confronter les différentes perceptions de l'Histoire est le concept de ce projet. «Même si les mots se ressemblent, nous dit Noureddine Ouerghi, il y a un autre magnétisme qui ressort dans le jeu du comédien ou de la comédienne». Dans ce sens, Jeya men ghadi adopte le même texte, mais arrive avec une nouvelle conception et une nouvelle scénographie. Le pourquoi du projet part du constat que «l'être arabe oubli vite, qu'il réagit à l'instant. Le temps devient dès lors un allié de l'ennemi, qui en a une toute autre perception». Le dramaturge affirme qu'il parle depuis trente ans des bouleversements historiques que le monde arabe a vécus et qui l'ont transpercé. «Je parle surtout de cette mémoire trouée, véritable tare du citoyen arabe». Et d'ajouter : «Dans toutes mes pièces, j'enfonce le même clou dans le même trou parce que c'est en creusant au même endroit qu'on va très loin». On reconnaît là le grand projet du Théâtre de la terre, qui cultive dans ses œuvres «un style épique et poétique, où la violence est métaphorique». Noureddine Ouerghi tend par là au citoyen arabe qui est «un miroir qui n'est pas tendre et qui dérange». Bien évidemment, c'est Dar Ben Abdallah, l'espace d'activité du Théâtre de la terre, qui accueillera les cycles de Jeya men ghadi. D'autres activités sont organisées par le club, comme des ateliers d'écriture de scénario et le ciné-club dédié aux films classiques, qui en est à sa deuxième année. Une nouveauté s'installe à Dar Ben Abdallah avec un atelier de cirque animé par un diplômé de l'Ecole nationale des arts du cirque de Tunis. Sans oublier les colloques et les concerts de musique, principalement de jazz. Le club instaure également un rendez-vous mensuel de poésie populaire. On mise sur la continuité «pour fidéliser les gens, créer des traditions et faire de l'espace un pôle d'attraction». Plus encore, «la présence de ce genre d'espace protège nos sites et protège la mémoire», nous dit le maître des lieux.