Ensemble, il nous restera un mot unique: le mot amour. Ce mot-là serait comme une eau qui désaltère, une nourriture qui rassasie, une certitude dans les moments de doute. Il participerait à toutes nos pensées, à tous nos actes, teinterait toute beauté et toute tristesse. L'erreur est humaine, certes, mais quand on aime le sport, on doit aimer aussi la justice. Si l'on n'y avait auparavant aucun recours, il faut reconnaître aussi qu'il y avait des gens qui en faisaient preuve et ce en dépit de l'absence des moindres dispositions les plus élémentaires. Il serait tout à leur honneur de refuser catégoriquement les issues faciles où tant d'intérêts contradictoires étaient en jeu. Ces gens-là avaient le cœur pour résister, pour s'efforcer de donner un prolongement aux institutions des grands pionniers, pour contribuer à ce qui pourrait un jour ressembler à une… écologie du sport. C'est une espèce en voie de disparition dans un milieu où la survie n'appartient qu'à ceux qui veulent y croire. Des gens pour qui «couleurs» riment avec «valeurs». Les louanges argentées, ils n'y ont pas accédé, ou encore ils n'y ont pas cédé. Car leur position n'était pas seulement un choix du cœur, jamais un plan de carrière. Elle se tissait également au fil des opportunités qu'ils ont refusées, surtout pas à regret… des rendez-vous manqués, souvent exprès. Une parfaite résistance dans un monde de l'instantané et de l'éphémère et où beaucoup semblaient vouloir et pouvoir faire leur marché… Habitués des stades, nous avons vu se dégrader la situation au fil du temps jusqu'au jour où nous avons interdit à nos enfants de s'y rendre, voilà des années, quand c'était autrefois un si grand plaisir d'en prendre le chemin et d'en revenir en un quart d'heure de marche à pied, en refaisant le match. On ne découvre pas le pot aux roses. Mais cachez-nous ce sport qu'on ne saurait voir et à propos duquel on ne peut se retenir devant le gâchis dans lequel il s'était précipité. On ne peut s'interdire de penser au temps perdu dans les illusions. Mais en même temps, on entrevoit les signes d'une nouvelle espérance et d'une renaissance, du rêve. On voit déjà dans la réconciliation du sport avec le nouveau monde une nouvelle voie et une nouvelle destinée. L'heure est venue aujourd'hui pour qu'il y ait le plus de justice et pour redonner au sport toute sa dimension humaine. Penser aujourd'hui au sport en prenant du recul, c'est assez significatif. Il y a justement le sport médiatique et le sport de terrain. On doit comprendre que c'est le second qui a toujours raison. C'est amusant de voir aujourd'hui les déclarations des uns et des autres qui expriment tout le contraire de ce qu'ils affirmaient. C'est amusant aussi de se rappeler la position de certains qui sur le terrain n'ont jamais justifié ce qu'on disait d'eux! Pour résumer, il y avait autour du sport des choses qu'on lisait, qu'on entendait, mais qui ne correspondaient pas avec ce qu'on voyait!... Les valeurs d'un sportif, d'un vrai sont toujours l'honnêteté et la droiture. Il y en a qui ont toujours fonctionné comme ça et ils le resteront certainement. Mais il y en avait aussi d'autres, et nous espérons qu'ils n'auront plus de place sur la scène, qui faisaient n'importe quoi pour avoir tous genres de privilèges, de qualifications et de tremplins. Il ne faut cependant jamais oublier que l'espoir est une bonne chose, et que toutes les bonnes choses sont éternelles. Il s'agit désormais de concevoir le sport avec son étiquette et sa codification, mais avec la marge de liberté propre à toutes les sensibilités… Dissoudre le sport, pourquoi pas s'il le faut demain. Mais, si l'on pouvait dissoudre quelque chose sans que cela nous crée le moindre état d'âme, ce serait une société empestant la démagogie à plein nez. Ensemble, il nous restera un mot unique : le mot amour. Ce mot-là serait comme une eau qui désaltère, une nourriture qui rassasie, une certitude dans les moments de doute. Il participerait à toutes nos pensées, à tous nos actes, teinterait toute beauté et toute tristesse. Gloire et splendeur. On renaît avec un air tout différent, sachant ce que nous avons ignoré et décidés à aimer ce qu'il convient d'aimer. Ainsi les bonnes causes se dépasseront-elles toujours. La porte, la voie qui mènent à la compréhension, la lumière au bout d'une interminable et ténébreuse nuit, l'accalmie au cœur du cyclone. Toute notre vie, nous avons pensé qu'un jour viendrait où toutes choses prendraient vie et signification. Toute notre vie, nous rêvions des choses qui dépasseraient la spécieuse solidité d'un monde fondé sur le roc et sur les interdits. Une flamme constante, passionnée. Une extase sincère. Et maintenant, c'est venu.