Lamine Sassi, artiste peintre, est actuellement au-dessus de toute forme de présentation et de reconnaissance. Après une période d'hibernation, l'artiste a encore une fois émergé, toujours accompagné de ses femmes en fleurs, joyeuses ou tristes, mélancoliques ou gaies, pensives ou désintéressées, sereines ou angoissées, inquiètes ou rassurées, bavardes ou taciturnes, machiavéliques ou déesses. Et c'est avec cette dualité d'être et sa technique que le maître parfume l'atmosphère de sa toile et excelle dans l'équilibre de ses œuvres exposées à la galerie Chérif Fine Art à Sidi Bou Saïd jusqu'au 12 juin 2012. Pour ce qui est de l'homme, l'ami, le père, le compagnon de route, Lamine est sentimental, galant, responsable ! D'une compagnie festive agréable, mélomane et à la différence de la plupart des artistes de sa génération, il déteste les heurts, parce qu'il est éduqué à la manière traditionnellement moraliste. «Bon dieu, il y a la manière», remarque souvent son ami Tahar. Lamine Sassi aime les complicités et peint mieux dans une ambiance conviviale chargée d'émotions. Ainsi, quand il chante, les choristes sont les couleurs de sa palette. Son pinceau et son chiffon suivent les notes de la partition musicale et les personnages, tout comme les autres composantes de l'œuvre, s'imprègnent du texte de la chanson. Il s'accroche alors au sens de la parole, du mot et peint des vers lyriques sur n'importe quel support, à la vitesse de l'eau qui coule de source ou du sang rouge vin qui circule dans les veines. Les couleurs du fond de la toile sont préalablement réfléchies et choisies. Puis comme par magie ou prestidigitation, d'une abstraction soi-disant hasardeuse, l'image bascule vers une figuration poétique et féerique, et ce, par un gommage, un cerclage, un coloriage et une gestuelle au chiffon magique, propre au maître qui dit: «Je provoque le hasard, puis je lui tords le cou pour qu'il devienne mien». Lamine Sassi rédige son tableau. Il pense sa phrase picturale en fouinant dans son imaginaire pour y dénicher des merveilles. Il lui arrive, souvent, de retourner sa toile dans plusieurs sens, comme l'écrivain qui affine son style d'écriture, ou le sage qui retourne sa langue plusieurs fois dans la bouche avant de prononcer un mot! Drôle est l'artiste, amusantes et plaisantes sont ses histoires, fascinante est la genèse de ses œuvres, et ce, à l'image de l'éclosion florale. D'ailleurs, il a une adoration presque obsessionnelle pour les fleurs. Il aime toujours en offrir et en porter à son oreille ou à sa boutonnière. D'où, peut-être, sa sensibilité à fleur de peau! Et aussi et surtout son espoir pour une vie meilleure ! L'espoir au pluriel (amel) est le prénom de sa rose. Ses deux pousses dans la fleur de la jeunesse, c'est son hasard qu'il a rendu sien. Lamine est la vie, en roses évidemment. Le décès de «Warda», la rose de la chanson arabe l'a beaucoup chagriné; il lui a même dédié une soirée en aquarelles et en chansons best of! Que Lamine Sassi continue de cultiver son jardin en fleurs hors du commun, pour son plaisir, le nôtre et le vôtre.