Il est temps de faire table rase d'une période noire en chassant les parasites afin de céder la place aux compétences qui pourront apporter leur contribution à la reconstruction de notre pays. La Tunisie a besoin de toutes ses compétences sans exclusion d'appartenance! Le 14 janvier 2011, une nouvelle Tunisie est née ! Une nouvelle étape vient de s'ouvrir pleine d'espoir. Certes, le challenge est considérable avec des chantiers ouverts sur tous les plans (réformes politiques, passage à la démocratie, destruction d'un système érigé en institution étatique nommée «Corruption», reformatage des cerveaux, lutte contre les mauvais réflexes hérités de l'époque de «Zinochet», etc.), mais plusieurs signes positifs, palpables, laissent croire que la nouvelle Tunisie peut relever le défi par ses compétences. En effet, plusieurs analystes ont accueilli avec beaucoup d'espoir la formation, jeudi dernier, du nouveau gouvernement de transition, avec la nomination de jeunes et brillantes compétences à la rayonnante carrière à l'étranger, issues de la société civile, et plus précisément l'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (Atuge) en l'occurrence Elyes Jouini (professeur des universités, membre de l'Institut Universitaire de France, vice-président de l'Université Paris-Dauphine en charge de la recherche), chargé des grandes réformes économiques et sociales, Mehdi Houas (installé à Paris et patron de Talan, un acteur européen significatif de la prestation de service dans les nouvelles technologies de l'information), désigné ministre du Commerce et du Tourisme et un grand patron de banque au Maroc, Jalloul Ayed (président du Directoire de BMCE Capital, directeur général de la BMCE elle-même, ancien président de l'American Chamber of Commerce de Casablanca, après avoir dirigé Citibank à Tunis et Casablanca, et grand musicien), comme nouveau ministre des Finances. C'est une nette rupture avec le passé où l'incompétence était installée au sommet de l'Etat. Certes, l'arrivée de ces hauts cadres à la compétence prouvée est déjà un grand acquis. En effet, beaucoup oublient que durant les 23 ans du règne de Ben Ali, plusieurs cadres et matières grises tunisiennes travaillant surtout dans le secteur public étaient victimes d'une chappe de plomb connue sous le sobriquet "Le Frigo". Une sorte d'exclusion orchestrée par des p.-d.g. peu scrupuleux, installés par Carthage et mettant à l'écart des fonctionnaires à cause d'un différend professionnel ou d'un manque d'affinités. Ces cadres au frigo étaient privés de leur droit de travail et d'un salaire amputé de primes de rendement. Une double sanction, l'une pour l'Etat qui payait des salaires pour un rendement flirtant avec le zéro de Khawarezmi et l'autre pour ces cadres dont l'inactivité les fait sombrer dans la dépression. Chasser les parasites Mais qui dit matières grises "frigorifiées", dit aussi des fonctionnaires parasites bénéficiant de salaires faramineux avec un rendement peu évident. Dans plusieurs entreprises étatiques ou privées et dans les travées de nos ministères, tel des marmottes ou des champignons, plusieurs salariés jouissent des largesses qui ont tué l'administration tel un cancer métastasé. D'autre part, et à l'image des emplois fictifs créés par l'ancien président français Jacques Chirac à la mairie de Paris, dans plusieurs de nos sociétés publiques, des fonctionnaires fictifs perçoivent des salaires sans qu'ils aient jamais mis les pieds au bureau. Les bénéficiaires de ces pratiques louches sont dans leur majeure partie des sportifs en fin de carrière (ou encore en activité et dont les jobs fictifs étaient une sorte de parrainage), des pistonnés affiliés à la pieuvre nommée RCD ou au clan des Trabelsi, etc. Manifestement, les nouveaux responsables ont du pain sur la planche pour assainir une administration gangrenée par le favoritisme et des concours de recrutement truqués au profit des médiocres. Il est primordial que ce dossier soit ouvert et qu'on réhabilite nos cadres "frigorifiés" en les réintégrant dans le circuit professionnel après des années de marginalisation. Et cela en leur offrant les moyens d'affirmer leur talent , leur savoir-faire et tout en respectant leurs idées car la différence est une richesse.