De notre envoyé spécial à Casablanca, Anis SOUADI • L'intégration économique maghrébine resterait au stade du discours si les acteurs économiques ne passaient pas eux-mêmes à l'action La double cotation de la société Ennakl Automobiles SA à la Bourse de Tunis et à celle de Casablanca est certainement d'une grande envergure, mais elle est aussi et surtout, comme le souligne clairement M Sakher El Materi, président du groupe Princess Holding, lors d'une conférence de presse tenue lundi à Casablanca, «porteuse d'un message très fort et d'une symbolique très importante : la volonté et la détermination de mieux rapprocher les places financières de Tunis et de Casablanca mais aussi et surtout de contribuer d'une manière concrète et efficace au développement de la coopération financière, et économique d'une manière générale, entre les deux pays». Cela est d'autant vrai que l'intégration économique maghrébine resterait certainement au stade du discours si les acteurs économiques eux-mêmes ne passaient pas à l'action. Il convient de reconnaître justement que la présence de la société Ennakl sur la place de Casablanca est très significative, car, comme le soutient encore M.El Materi, «elle offrira aux institutionnels et investisseurs marocains la chance d'investir dans un groupe leader pour consacrer ainsi le principe d'équité avec les investisseurs et institutionnels tunisiens».En effet, depuis 2006, se félicite encore M.Materi, «nous avons relevé beaucoup de défis, et nous voulons les partager avec vous». La qualité des services en priorité Il faut reconnaître justement que l'introduction en Bourse de la société Ennakl Automobiles SA est la consécration logique d'une offre fiable, et totalement de qualité : la société Ennakl est adossée déjà à un ensemble d'atouts et avantages hautement compétitifs : une structuration claire et précise, une politique de top management, un portefeuille diversifié grâce à l'introduction régulière de nouvelles marques, et un capital humain qualifié, sans parler du soutien d'un constructeur mondial qui est toujours à la recherche d'un élargissement de ses investissements, notamment sur le sol tunisien. Pour s'arrêter réellement sur la bonne santé de la société, il suffit de rappeler que la société Ennakl Automobiles SA a connu, tout au long de ces dernières années, comme le rappelle M. Sakher El Materi, une évolution remarquable. D'ailleurs, sa privatisation en 2006 par l'entrée du Groupe Princess Holding dans son capital lui a conféré une nouvelle dimension, pour devenir ainsi le leader de la distribution de véhicules légers avec 9.617 véhicules commercialisés en 2009, soit 21, 4% de parts de marché. La société a pu, en effet, multiplier son chiffre d'affaires par 4 et son résultat net par 17. Le groupe réalise ainsi en 2009, un chiffre d'affaires consolidé de 326 MD, alors que sa rentabilité financière est de 43,1%. Pour 2010, l'on prévoit un chiffre d'affaires aux alentours de 378MD, soit une augmentation significative par rapport à 2009. A souligner que la société dispose actuellement d'un réseau de 17 agences officielles, contre 2 seulement en 2006. Autant donc d'arguments qui confortent le business-plan de la société et surtout qui lui garantissent une bonne marge de progression. Pour revenir à cette opération, les termes de cet engagement boursier relèvent que la société Ennakl cède au public 40% de son capital, avec un nombre d'actions de 12 000 000 en plus d'un prix de cession de 10,700dt l'action. La période de validité de l'offre a été fixée du 23 juin au 2 juillet 2010. Il faut préciser dans ce même contexte que, selon cette double cotation, 30% du capital seront placés en Tunisie alors que 10% seront placés à Casablanca, dont la Bourse a approuvé cette opération le 10 juin 2010. Cette opération est d'autant plus importante qu'elle procède du souci de soutenir encore plus la politique de développement et de modernisation engagée depuis quelques années déjà par la société, de conforter le principe de transparence, d'améliorer le niveau du financement extérieur grâce à un accès direct aux marchés financiers, et surtout de mieux servir le partenariat financier, notamment entre la Maroc et la Tunisie. Relever les défis Cette opération traduit, souligne encore M. El Materi, une nette volonté de multiplier les approches qui soient en mesure d'apporter une réelle dynamique au marché financier et de l'inscrire dans une logique de développement durable, conformément au programme présidentiel «Ensemble relevons les défis». Un programme, «qui illustre, encore une fois, la volonté du Président Ben Ali d'offrir régulièrement aux jeunes les possibilités de réussir et de relever tous les défis quelle que soit la conjoncture». D'ailleurs, M. Materi rappelle qu'en achetant la société Ennakl en 2006, le groupe princess Holding «s'est engagé à faire de cette société le leader sur le marché en misant surtout sur l'image, la qualité des services et la compétence de son capital humain. Aujourd'hui, 4 ans après, les réalisations sont remarquables : après une cinquième place en 2006, la société occupe désormais la première place». Pour l'étape à venir, le groupe entend aller encore plus loin, car, comme le relève M. Ibrahim Debache, directeur général de la société Ennakl, une stratégie de développement ambitieuse a été mise en place. Elle repose sur des axes prioritaires. Il s'agit surtout de l'élargissement de la gamme pour pouvoir couvrir le maximum de niches. Ainsi, après SEAT cette année, l'on prévoit la commercialisation de la marque Skoda en 2011 en plus de la diversification bien entendu des modèles des autres marques. Il s'agit également du développement du réseau de distribution qui sera de 21 agences en 2011. Il est question, d'un autre côté, du renforcement du partenariat avec le groupe Volkswagen, avec le lancement de 7 projets dans l'industrie de composants automobile. L'autre axe stratégique de la société porte sur la mise en place d'un plan qualité avec le souci de satisfaire et fidéliser encore plus la clientèle. D'ailleurs, on apprend, à ce propos, la commercialisation d'une nouvelle gamme de pièces de rechange adaptée au parc âgé de plus de cinq ans. En somme, on peut dire que cette importante opération pourrait être l'amorce d'une réelle dynamique boursière sur les places financières aussi bien tunisienne que marocaine qui ont connu, faut-il le reconnaître, un certain passage à vide ces derniers temps (selon les informations disponibles, et à titre d'exemple, depuis le quatrième trimestre 2008, le marché financier marocain n'a connu aucune nouvelle introduction). M. Mohamed Kattani, président de Attijari Wafa Bank, affirme d'ailleurs que «depuis deux ans, le marché financier à Casablanca était en doute. La crise financière internationale a fini par geler l'activité sur cette place. On manquait justement de papier frais, c'est ce qu'a réussi à assurer la société Ennakl. Cette opération de double cotation constitue sans aucun doute une bouffée d'oxygène».
