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Camouflage des indicateurs économiques tunisiens du régime déchu Coupables ou bouc-émissaires ? Les Agences internationales de notation pointées du doigt
Les agences internationales de notation financière ou encore le trio de base Fitch Ratings, Moody's et Standard & Poor's se trouvent mises sur la sellette où la crédibilité est largement entamée non seulement au lendemain de la crise des subprimes mais aussi bien qu'à la suite des « printemps arabes », nombreuses sont les questions qui ont été posé sur le sujet. On leur reproche une myopie bizarre et complice à n'avoir pas su ou voulu anticiper les prémices annonciatrices de la crise ? Quelle est la part de responsabilité des agences de notation dans le camouflage économique de Ben Ali ? Sont-elles des boucs-émissaires idéaux ou de vrais coupables? Ont-elles été induites en erreur ou victimes d'une cécité partisane ? Or ces notations avaient et auront toujours un impact direct, indirect ou croisé sur les décisions économiques et politique du pays tant au niveau national qu'international. D'où l'objet de la conférence tenue hier à l'initiative de la Chambre tuniso-britannique de Commerce autour du leitmotiv : rôle des agences de notation dans le financement de l'économie. Les agences de notations sont des agences privées ayant comme principale mission : l'appréciation du risque de solvabilité, d'un Etat, d'une entreprise ou d'une opération financière. La note attribuée influe directement sur la capacité d'un pays, d'une entreprise ou d'une banque à lever des fonds à des taux d'intérêts faibles. D'où l'impact de leur évaluation sur le financement de l'économie. A ce stade, on relève le plus souvent la problématique de l'indépendance et de la transparence des agences de notation. D'ailleurs, Kamel Nabli, Gouverneur de la BCT n'a pas manqué de souligner à juste titre lors de la conférence, les problèmes intrinsèques dont souffrent les agences de notation. « Des problèmes liés à la crédibilité de leur notation et des conflits d'intérêts liés à la nature oligopolistique (peu de concurrence) du secteur », affirme-t-il. En effet, 85% du marché de la notation sont accaparés par le trio de base : Fitch, Moody's et Standrd & Poor's. Il va sans dire que ces entreprises privées omnipotentes n'ont pas pu voir venir la crise de subprimes. Certains observateurs n'hésitent pas à accuser ces agences de tremper dans la corruption. Elles qui avaient une présence omnisciente et passe partout. On lui reproche de faire du « rating shopping » ou encore de marchander leur notation auprès des Etats ou entreprises clients. Les agences de notation sont aujourd'hui incriminées d'avoir précipité la faillite de la Grèce de manière à contribuer à faire plonger la zone euro et la monde dans une nouvelle crise systémique. Pour les pays en voie de développement (PED) et notamment pour le cas de la Tunisie, le problème réside selon le gouverneur de la BCT dans la faiblesse du marché des capitaux. L'activité de notation s'est peu développée. « D'ailleurs, une agence fait l'essentiel de la notation en Tunisie….En plus, une contradiction de fond existe entre le besoin d'avoir un service adéquat de notation et l'hostilité des entreprises et leur indisposition d'accepter cette activité ». Par ailleurs, le gouverneur de la BCT n'a pas manqué de suggérer quelques approches qui pourraient donner matière à réfléchir surtout que les agences de notation ont un rôle très important à jouer notamment en matière de gestion du risque bancaire. Il s'agit d'assurer la transparence des agences de notation et le développement de la qualité de l'information. « Un travail de collaboration qui doit impliquer toutes les parties : l'Etat, les entreprises, les experts-comptables, le secteur bancaire et l'administration de l'impôt », rajoute Kamel Nabli. A noter que l'agence de notation Standard & Poor's a maintenu la note BBB- à la Tunisie avec perspectives négatives. La même note a été attribuée au Maroc et la note de B a été accordée à l'Egypte. « Il s'agit selon Aurélie Martin, Analyste de notation de crédit souverain, Directeur associé à Standard & Poor's, des notes qui traduisent l'opinion de l'agence en matière de la capacité de ces pays à s'acquitter de leurs dettes. Entre temps et en attendant la restructuration des agences de notation de manière à gagner en termes de crédibilité, d'indépendance et d'intégrité, le trio poursuit à la loupe son travail d'évaluation de l'économie mondiale. Pour l'année en cours, Jean Michel Six, Chef économiste européen à Standard & Poor's, envisage sur une probable reprise de la croissance en 2013 pour la zone euro après une phase de récession (qui diffère d'un pays à l'autre) déjà observée notamment par l'Italie et le Portugal. Du côté des pays émergents, les prévisions convergent vers une croissance moins inflationniste. Jean Michel Six tire par ailleurs la sonnette d'alarme quant à l'éventuel choc pétrolier qui pointe à l'horizon. Yosr GUERFEL AKKARI
Aurélie Martin, Analyste de notation de crédit souverain, Directeur associé (Standard & Poor's) au Temps « On ne reviendra pas en arrière et repensons l'avenir » Après la fuite de Ben Ali. Les masques tombent. Et les agences de notation ont été les premières à être montrées du doigt. Le gouvernement de Ben Ali vous-a-t-il induit en erreur ? C'est vrai, mais je rappellerais que notre activité est avant tout une activité d'opinion. Notre analyse se base sur des critères précis et nous sources d'informations ne se limitent pas aux simples données qui nous sont fournies par le gouvernement. Nous avons une base d'informations beaucoup plus large. Nous ne remettons pas en cause les notations faites avant la révolution. Mais aujourd'hui, je dirais que ce qui a été fait par le passé est fait. On ne reviendra pas en arrière et repensons l'avenir. Notre évaluation de la situation économique à court et à moyen terme après la Révolution s'est basée sur le climat d'incertitude qui caractérisait le pays. d'où la note BBB- attribuée au pays avec perspectives négatives. Quelles sont les perspectives à court et moyen termes de l'économie nationale? Pour le moment, je ne vois pas de changement dans la situation économique du pays et donc dans la notation. La croissance du pays dépend de deux facteurs majeurs à mon sens : la capacité du budget expansif à amener l'économie nationale à bon port et l'environnement international qui n'est pas à mon avis aux mains de la Tunisie. La crise européenne, le faible booking sur la Tunisie : le contexte est difficile.