• «La Tunisie transmet aujourd'hui au monde un message universel montrant que la liberté est un bien commun de l'humanité», déclare M. Kaba • Aller de l'avant pour que l'exemple tunisien puisse inspirer les autres pays M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a reçu, hier, au palais de Carthage, une délégation de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (Fidh), actuellement en visite en Tunisie. La délégation est notamment composée de MM. Patrick Baudouin et Sidiki Kaba, présidents d'honneur de la fédération, et de Mme Souhayr Belhassen, présidente en exercice. Au terme de l'entretien, M. Baudouin a indiqué à l'agence TAP que la réunion a permis d'examiner la situation qui prévaut aujourd'hui en Tunisie et de "faire part de certaines préoccupations, notamment au niveau sécuritaire". Sur un autre plan, M. Baudouin a indiqué avoir évoqué, avec le Premier ministre, la controverse provoquée par la nomination de certains gouverneurs "proches de l'ancien régime", se félicitant de la disposition du gouvernement "à réexaminer ces postes sensibles". "Nous lui avons également fait part de nos préoccupations concernant la justice et les droits de l'Homme et notamment la magistrature", a-t-il encore ajouté, soulignant qu'il est absolument nécessaire que les postes clés soient confiés à des hommes et des femmes nouveaux, suffisamment indépendants pour pouvoir poursuivre et juger les personnes accusées d'exactions sous l'ancien régime, en matière de corruption, de violations de droits de l'Homme ou autres actes criminels. M. Baudouin a, en outre, indiqué que la Fidh témoigne sa solidarité avec tous ceux qui ont mené ce combat pour les libertés en Tunisie. "Nous espérons que la révolution tunisienne réussisse, en appréciant déjà certains acquis, à l'instar de la ratification du statut de la CPI ou de la convention sur les disparitions forcées", a-t-il fait noter. Il a indiqué que la Fidh souhaite d'autres avancées, à l'instar de la ratification des textes relatifs à la peine de mort ou encore au niveau du Code du statut personnel, "acquis extrêmement important en faveur de la femme tunisienne", appelant, dans ce sens, à ce que les réserves de la Tunisie sur la question de l'héritage soient levées. M. Kaba a pour sa part indiqué que la rencontre avec le Premier ministre a été "très franche et utile", et a permis d'aborder la transition et la question des trois commissions ainsi que la manière dont elles doivent accomplir leurs missions, précisant "avoir eu, dans ce sens, un certain nombre d'informations rassurantes". Concernant la question de la justice, qu'il qualifie de "colonne vertébrale de l'Etat de droit", M. Kaba a indiqué avoir abordé avec le Premier ministre les préoccupations de l'Association des magistrats tunisiens (AMT). Nous avons, également, évoqué la question des droits de l'Homme, des exactions et autres formes de violations constatées par l'organisation à l'époque de l'ancien régime, a-t-il encore dit. "Nous avons espoir que la Tunisie, qui est aujourd'hui à la croisée des chemins, inventera une révolution qui ne basculera pas dans la terreur ou dans l'excès, comme fut le cas de certaines révolutions. Nous sommes confiants que le gouvernement transitoire et la population tunisienne trouveront les moyens d'aller de l'avant pour que l'exemple tunisien puisse inspirer les autres pays", a affirmé M. Kaba, estimant que "La Tunisie transmet aujourd'hui au monde un message universel montrant que la liberté est un bien commun de l'humanité".