Après les contestations (collectifs d'avocats, revendications légitimes), les désignations et la cooptation, le CA s'apprête à entrer de plain-pied dans l'aire de l'élection Sans jouer les rabat-joie, il est judicieux d'analyser le sentiment récurrent de nombreux Clubistes qui pensent que le CA vit une crise permanente. Certains la qualifient d'existentielle, dans la mesure où ils ont le sentiment que c'est le sens même du «projet» clubiste qui est perpétuellement remis en cause ...Cela avait conduit directement à un «malaise» qui a installé des stratégies de repli et de démission, et parfois à une incapacité à analyser et à anticiper les évolutions de l'environnement clubiste. Pour autant, les enjeux d'une véritable «gouvernance» clubiste sont aujourd'hui plus que d'actualité (première assemblée élective post-révolutionnaire du CA). Diffuser les idées de citoyenneté et de participation issues de la Révolution tunisienne, le CA n'y déroge pas, sachant qu'il constitue un élément structurant de notre société. A cet effet, le club de Bab Jédid assure une triple fonction aussi vitale que particulière pour les supporters. C'est un «instrument» de cohésion sociale permettant aux «aficionados» de s'adonner à leur passion sur la base de règles qu'ils définissent eux-mêmes. Le CA devient ainsi pour les puristes un instrument de respiration sociale. Enfin, en incarnant un mode différent d'organisation collective , il sert d'instrument de subversion sociale, une résistance naturelle à un mode qui se caractérise essentiellement par des rapports de pouvoir, ce qui conduit généralement à des rapports d'aliénation ! Les «think thank» clubistes peinent depuis quelque temps à réinventer un projet pour l'association. Cela témoigne d'une incapacité à se projeter dans l'avenir, ce qui a engendré au fil du temps une sclérose du fonctionnement statutaire, un essoufflement des modalités de renouvellement des membres de l'exécutif clubiste, une crise du système pyramidal (sages...), l'absence de réflexion prospective et transversale... A l'heure du diagnostic associatif du Club Africain, il est constaté que le tissu associatif (multiforme) qui relève des «rouge et blanc» est tellement riche qu'il ne peut que constituer un levier, un catalyseur, une sorte de force informelle certes, mais légitime ( Webvirage, C12, FCA, ACE) pour favoriser à terme l'émergence de nouvelles modalités d'être en association, comprendre les enjeux d'une véritable gouvernance associative du club et dessiner des perspectives pour ce qui s'annonce comme un nouveau tournant dans la vie associative du CA. Si le Club Africain (contrairement à d'autres clubs pionniers) n'a pas connu de profondes évolutions au cours des dix dernières années, il donne toutefois le sentiment d'être sensible, avec plus ou moins d'intensité, aux mêmes réactifs des autres grands clubs mobilisateurs ( fragilisation des formes d'action collective dans une société où les liens sociaux et les enjeux collectifs ne se construisent plus de la même façon...). Dans cet environnement qui fragilise les acteurs sociaux, certaines associations sportives rencontrent de telles difficultés qu'elles ont le plus grand mal à repositionner leur projet et à prendre du recul. Le «malaise» multiforme qu'elles vivent prend alors des formes variées. Le Webirage et l'ACE montrent l'exemple... Une dernière remarque touche à tout ce qui concerne le rapport au pouvoir. Le CA participe de par son essence à l'information, à la consultation, voire à la concertation, il n'a même jamais été question de partage de pouvoir entre membres du BD (président, etc.) et pouvoir politique (qui coopte, parraine...). Cette réflexion sur le partage du «pouvoir» clubiste est très importante pour situer les rapports entre le politique et l'associatif, et atteindre à terme le supporter «lambda»... Cela nous ramène tout droit à l'assemblée élective du 25 février, voulue, attendue et espérée par tout le peuple clubiste. A cet effet, l'initiative de l'ACE et du Webvirage est à saluer, soit l'anticipation de l'AGE par la mobilisation des masses, la moralisation, la facilitation de l'octroi des cartes d'adhérents, la mise en place de tribunes (sur le net) en vue de dresser un état des lieux responsable de l'association et sonder les candidats du futur bureau directeur, et ce, en vue de contrecarrer à terme l'ingérence des élus locaux dans la désignation et l'évolution du projet associatif du Club Africain. Les compétences clubistes... Le CA a de tout temps constitué un vivier de compétences. Pour autant, son organisation pyramidale (par opposition à une organisation en réseau) n'a pas favorisé depuis une décade l'émergence aux postes-clés d'une large génération de jeunes clubistes (relativement parlant, il va sans dire)... Dans le même ordre d'idées, l'union sacrée autour d'un projet fédérateur ne manquerait pas de mettre de l'eau dans le moulin du club. La participation à l'édification du CA de demain ne saurait avoir lieu sans les forces vives de l'association (jeunes et moins jeunes), à l'instar de Khelil Chaïbi, Mehdi Miled, Kamel Ghattas, Khaled Bouassida, Rafâa Ben Achour, Slim Zâaza, Zouhaier Hammami, Lyes Ben Sassi, Kaïs Ben Hamadi, Karim Benzarti, Lyes Nagy, Sofiane Ben Salah, Bassam Mehri... Créer des antennes de l'association, coordonner d'éventuelles actions, raviver le comité de soutien et lancer des consultations auprès des communautés clubistes, voilà une démarche qui ne peut que porter ses fruits à moyen terme... En attendant l'assemblée élective, qui sera elle-même précédée d'une assemblée extraordinaire en vue d'amender les statuts (articles portant sur le droit de vote), la vie suit son cours au CA, du côté de l'équipe première. Après la revue d'effectif face à l'ASA et le nul encourageant ramené du Rwanda, il est rassurant de constater la rapide adaptation de Ezéchiel et de Soltani, tous deux nouvellement recrutés. En attendant que Gharzoul retrouve ses marques, que Njodo perce et se fraie un chemin parmi ses pairs, l'équipe semble sur de bons rails, ce qui ne manquera pas de favoriser l'émergence d'un consensus autour d'un club qui doit forcément redorer son blason et retrouver son lustre d'antan.