Le sit-in devant le siège du gouvernorat se poursuit et les nombreux contestataires ont installé des tentes et ont brûlé des pneus pour empêcher toute circulation vers le centre-ville. Les manifestants déplorent le fait qu'aucun responsable politique ne soit venu s'enquérir de leurs doléances. Seules des milices et des clochards récemment évadés de prison se sont infiltrés au milieu de ce sit-in pour terroriser les employés de la société coréeenne spécialisée dans le cablage électrique ( 2.250 ouvriers ) en les obligeant à sortir avec eux pour des marches de revendication. Sawssen H, 23 ans, qui y travaille depuis un an, éclate en sanglots : "Si jamais on cède à ces pressions et qu'on arrête de travailler, nous serons des chômeurs. où va-t-on ?" Lieux de culte : authenticité Les lieux de culte à Kairouan retrouvent leur authenticité: les nouveaux prédicateurs donnent des prêches imprégnées des valeurs de l'Islam. Finis la propagande politique, exit les indicateurs qui livraient aux fidèles une guerre psychologique et beaucoup de suspicion. Dans une de ses prêches, le nouvel Imam de la Grande Mosquée, Cheïkh Taïeb Ghozzi a demandé qu'on protège les mosquées des intrus afin d'accomplir les prières dans le recueillement idoine. Il a aussi appelé les responsables régionaux à la fermeture de la maison close de Kairouan située en face d'un mausolée. Par ailleurs, un sit-n a eu lieu à l'intérieur de la maison de Coran, une institution religieuse pour l'apprentissage et la psalmodie du Coran et qui est fréquentée par un grand nombre de fidèles venus des autres villes tunisiennes et de pays africains. Les contestataires dont Dr Mohamed Khlif, fils du défunt Cheikh Abderrahmen Khlif, ont souhaité l'élection d'un nouveau comité directeur indépendant qui succèdera à l'actuel comité qui a épuisé la période légale de 3 ans. Sit-in à la direction régionale de la santé Cela fait 6 jours qu'un grand nombre d'aides-soignants, d'infirmiers, de sage-femmes et autres observent un sit-in illimité à la direction régionale de la santé, et ce, pour revendiquer leur droit au travail et l'accès aux aides sociales. Des chefs de services techniques se sont entretenus avec eux et ont promis de transmettre leurs doléances au ministère. Mohamed Anis El Ayeb et Rahma Boussrih, tous deux diplômés sans emploi nous interpellent : "Dans le gouvernorat de Kairouan, il existe 450 cadres paramédicaux diplômés des institutions publiques et privées et qui sont encore au chomage. Alors que nos hôpitaux et dispensaires manquent de personnels !" Ayoub Briki, reproche au directeur régional de la santé son ironie humiliante : "Quand je l'ai rencontré et que je lui ai parlé de mon cas social, il m'a dit d'aller chercher un poste de portier étant donné ma bonne condition physique.."