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Pour une protection durable de la Révolution
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 02 - 2011

L'adhésion populaire et nationale à la Révolution a été totale. Mais les menaces qui la guettent ne proviennent pas seulement de ses ennemis déclarés. Il y a aussi ceux qui voudraient trop serrer la Révolution, peut-être par excès d'amour, mais qui risquent de l'étouffer. Ceux-là sont de deux sortes, d'un côté, ceux de la critique ‘systématique et radicale', tout à fait légitime, qui voudraient renforcer la révolution en la mettant sous la pression de la vigilance, mais qui pourraient également hélas, si cette approche n'est pas suffisamment maîtrisée, alimenter le doute, le scepticisme et le découragement; d'un autre côté, il y a ceux qui s'estiment, légitimement également, comme étant avoir été trop lésés par le passé et qu'ainsi tout ‘ajournement' de la satisfaction de leur demande, sous une forme ou une autre, serait en soi un signe de contre-révolution. Or, une trop forte exigence d'empocher les dividendes de la Révolution, séance tenante, et à un prix unilatéralement fixé, peut paralyser l'Etat et son instrument principal d'exécution qu'est le gouvernement provisoire.
Le même type de paralysie peut aussi provenir de l'exigence ‘institutionnelle', celle du ‘nettoyage' immédiat de toutes les structures sectorielles et régionales publiques, d'administration et de gestion, qui se seraient trop déconsidérées par leur implication dans le ‘fassed', dont il résulterait une perte totale de crédibilité.
L'ensemble de ces revendications qui fusent de partout, ajoutées, mais sur un tout autre plan, aux actions de sabotage antirévolutionnaire, sont en train de générer une sorte d'«infilet» généralisé.
Or, le principal facteur qui manque à cette équation qui paraît jusque-là insoluble, réside au niveau d'une partie essentielle du peuple, totalement acquise à la Révolution mais qui tient en même temps à lui éviter tout risque de surenchère ou de ‘taâjiz'.
C'est ce facteur-là qui constitue le chaînon manquant à un accomplissement plus maîtrisé de la Révolution. Un facteur qui devient ainsi stratégiquement vital et opportunément nécessaire pour pouvoir assurer ‘la mobilisation du peuple de la Révolution par la rationnel'.
Il serait suicidaire pour la Révolution, si le gouvernement se coupait de cette composante nécessaire au succès de toute révolution qui veut se protéger non seulement de ses ennemis mais également de ses propres excès et débordements.
Pour concrétiser cette idée de ‘la mobilisation populaire pour la réalisation de la Révolution par étapes', le gouvernement devrait, au préalable, envoyer un signal très fort concernant les orientations ‘centrales' de la Révolution, même s'il ne s'agirait aujourd'hui que de sa phase dite ‘provisoire' mais dont tout le monde s'accorde à dire qu'elle est également ‘vitale'.
Ce message devrait aller dans le sens d'au moins deux directions. La première concerne l'engagement du gouvernement à réexaminer, dans la sérénité mais avec la célérité requise, le cas de tous les responsables sectoriels et régionaux des institutions et organismes publics, à propos desquels planent des doutes quant à leur probité, dans le but d'assainir l'appareil de l'Etat, mais en faisant attention à ne pas le déstabiliser ou le paralyser. Dans ce sens, une mesure conservatoire, pour qu'il n'y ait pas de ‘fuite' dans ce dispositif, serait de former, en collaboration avec l'Ugtt par exemple, des structures de vigilance, qui permettraient ainsi de ne pas contrarier le principe de la continuité de l'Etat, mais en mettant le tout ‘sous la surveillance du peuple'.
La deuxième orientation, en matière de signal fort à envoyer à l'opinion publique en général et aux secteurs de la revendication sociale en particulier, concerne l'orientation gouvernementale en matière d'effort matériel et financier pour satisfaire la demande sociale et régionale.
A ce titre, il faudrait expliciter le sens de cette orientation. A titre seulement d'exemple, mais qui peut être significatif, tout le monde sait que le Smig, y compris l'ICP, a évolué de 154 dinars en 1995 à 272 dinars en 2010, soit à raison de 3,9% par an, ou encore une augmentation d'une moyenne de 8 dinars par an. Soit à peine de quoi couvrir l'inflation. Si on voulait aller un tant soit peu dans le sens de la justice sociale, un ‘rattrapage' est absolument nécessaire, même s'il ne peut l'être que par étapes, pour ne pas étrangler l'économie.
Arriver d'ici 2015 à un rattrapage qui efface une partie de l'injustice sociale accumulée pourrait se traduire par une augmentation annuelle du salaire mensuel au Smig de 30 dinars, et cela pour les 5 ans à venir. Ramenés au Smig actuel, les 30 dinars ne représenteraient pour 2011 que 11% de plus. Même si la masse salariale de l'ensemble de la Fonction publique, qui constitue près de 35% du budget de l'Etat, soit près de 6,7 milliards de dinars pour 2011, serait augmentée non pas de 11% mais de 8% pour satisfaire toutes les autres catégories de personnel de l'Etat, l'impact sur le budget de 2011 ne serait que de 3%, soit de l'ordre de 600 millions de dinars.
Or, non seulement cela ne devrait pas poser de problème au niveau de nos ‘fondamentaux' mais cela peut être une occasion pour tester la solidité des amitiés tunisiennes, qui ne font que se féliciter du succès civilisationnel fantastique de la Révolution et qui se disent prêts à y contribuer. Ces amis devraient être capables de permettre à la Tunisie d'obtenir un crédit spécial à des conditions avantageuses pour ce type d'action en faveur de la Révolution.
S'il s'avère, réellement, que ces augmentations peuvent affecter la viabilité de certaines entreprises, trop sensibles au coût salarial de manière à en venir à menacer l'emploi, des mesures de soutien peuvent être envisagées, tout en accélérant, par ailleurs, les processus de modernisation pour sortir notre économie de la logique régressive de l'addiction aux bas salaires.
Le raisonnement en matière de rattrapage régional devrait tenir de la même logique. Les régions intérieures ne demandent pas de l'aumône mais réclament justice. Si elles ont subi un ‘manque à gagner' non pas en termes d'investissement public mais au niveau de la croissance, de l'emploi et des revenus, c'est parce qu'elles ont été victimes d'une vision qui a confondu ‘équité' et ‘rentabilité', en traitant les régions comme si c'était des entreprises qu'il s'agirait de mettre ‘en faillite' si elles ne sont pas compétitives, alors que, par ailleurs, aucune action de ‘mise à niveau' d'envergure n'a été envisagée pour leur permettre de concourir à armes égales avec les autres régions plus avantagées géographiquement et historiquement.
Si on n'annonce pas la couleur concernant le sens de la réforme, on va finir par croire que ce qu'attend le peuple ce sont les travaux de la Commission de M. Iyadh Ben Achour, avec l'immense respect que nous avons pour la compétence et l'engagement de notre éminent juriste et toute l'importance qu'il faut accorder à la révolution institutionnelle dans le sens de la démocratie.
Cette orientation devrait inclure également une déclaration et un engagement gouvernementaux clairs et ne souffrant aucune ambiguïté concernant la prise en charge de la précarité sous toutes ses formes, non seulement comme étant la réparation d'une injustice mais surtout comme étant la nouvelle philosophie de la réforme révolutionnaire, celle de la modernité solidaire, qui considère qu'il suffit qu'il y ait un seul membre malade pour que tout le corps le soit.
L'autre volet qui devrait aller dans le sens de la clarification du message gouvernemental concerne le caractère ‘démocratique' de phase de transition. Il s'agirait de réaffirmer, dans la parole et dans les actes, pour lever toute forme d'ambiguïté, que le gouvernement n'est qu'un instrument de l'accomplissement de la révolution de tous pour tous, un instrument certes très important mais qui ne va pas au-delà.
Cela nous amène ainsi à parler de cette promesse concernant une certaine ‘vraie' étape de la Révolution, qui ne pourrait advenir qu'après', mais on ne sait pas trop après quoi. La Révolution c'est ici et maintenant. Nous y sommes en plein. Le gouvernement agit et suscite l'action de la société. La société prend de l'initiative et recherche la synergie avec le gouvernement. Les villes et les régions ne doivent pas attendre que nos ministres fassent leurs tournées. Elles doivent construire l'initiative républicaine de demain, en se dotant de toutes les structures démocratiques pour le faire. Toute forme de revendication, de protestation, de contestation ou de proposition n'aurait aucune valeur, au sens de la révolution, si elle ne s'inscrit pas dans un cadre démocratique d'organisation, de rationalisation et de légitimation.
Et c'est là où l'on pourrait chercher à favoriser l'avènement d'une ‘voie royale' pour une marche assurée et sécurisée de la Révolution. Si nous allons attendre que notre ministre de l'Intérieur finisse de mettre de l'ordre dans la ‘maison' et arrête tous les malfaiteurs en cavale, cela risque de prendre du temps. La seule voie pour rétablir durablement l'ordre public, c'est d'inciter la société à s'organiser pour défendre ses précieux acquis.
Un message fort, clair et cohérent devrait émaner du gouvernement pour appeler les citoyens à multiplier les initiatives telles que celles de l'organisation de comités de quartier, un processus qui peut aller jusqu'aux communes urbaines et rurales et de là jusqu'aux régions, même si c'est sous la forme de ‘comités consultatifs', en attendant les élections.
Parce que, concernant ces élections, que nous nous promettons tous comme une sorte d'‘acte unique' qui va mythiquement cristalliser la totalité de la Révolution, si nous voulons qu'elles dépassent la ‘simple curiosité des élites à vouloir mesurer le poids des partis', ce qui peut être l'un des derniers soucis de la population, elles devraient être l'aboutissement d'une praxis à la base. Et c'est seulement à ce niveau — et pas uniquement par le biais de programmes politiques qui seront tous tellement bien peaufinés qu'ils risquent de n'emporter la pleine adhésion que de ceux qui les auront rédigés — qu'émergeront, dans la pratique, ceux qui aspireront à représenter la Tunisie solidaire et démocratique de demain.
Quand nous aurons suffisamment clarifié tous ces messages, notre gouvernement provisoire, en harmonie et en accord avec le peuple, peut appeler clairement et fortement à organiser et mettre en pratique la ‘vigilance révolutionnaire', non seulement pour faire face aux ennemis déclarés de la Révolution mais aussi pour empêcher que la gabegie ne s'installe au nom de la revendication, en affirmant que, quelle que soit sa légitimité, toute revendication doit se faire dans un cadre de démocratie et de rationalisation, sur la base de règles de base connues de tous.
En augmentant la crédibilisation de son message, le gouvernement montrera l'unique chemin qui vaille pour protéger la Révolution, celui de l'implication du peuple, sur la base de ses propres demandes, pour la justice et la liberté.
A certains amis qui m'ont demandé si j'étais prêt à accepter, si jamais on me le proposait, un ‘poste' de gouverneur, j'ai répondu qu'en cas de besoin et étant donné mon amour pour le travail de terrain, je peux accepter un poste de omda ou de délégué, si cela peut aider et que pour cela, je n'ai pas attendu qu'on me demande quoique ce soit en prenant l'initiative, avec un certain nombre de dirigeants d'entreprises parmi les meilleurs de la Tunisie et en dehors de tout cadre partisan, de nous rendre dans le gouvernorat de Siliana, pour offrir nos services de ‘patrons' pour la promotion de projets pouvant générer de l'emploi. Nous avons demandé pour cela que notre rencontre ait lieu dans les locaux de l'Ugtt, dont les cadres responsables nous ont accueillis à bras ouverts. Nous aurions pu solliciter le même contact avec l'organisation patronale ou celle des agriculteurs. Nous comptons bientôt y retourner et nos chemins vers Siliana et d'autres gouvernorats de la République vont à coup sûr croiser ceux de nos ministres et de toutes les initiatives de la Tunisie de la Révolution et notre bonheur n'en sera que plus complet.
B.R.
* Homme politique et universitaire


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