Certes , on est encore à la basse saison touristique, mais le secteur est en train de vivre une période critique, probablement la plus douloureuse de son histoire. Et il suffit de visiter la ville d'Hammamet, avec ses deux zones touristiques nord et sud et la nouvelle station touristique intégrée de Yasmine Hammamet pour réaliser l'ampleur du ralentissement de l'activité hôtelière, ainsi que les activités d'accompagnement, c'est-à-dire para-touristique. En effet, plusieurs hôtels de haut standing, des bungalows et des résidences sont fermés. D'autres se sont engagés dans des travaux de réaménagement et de rénovation. Et même si certains gardent leurs portes et leurs réceptions ouvertes, leur taux d'occupation reste pratiquement nul. Un constat qui rend la ville de Hammamet bien triste. Heureusement, quelques visiteurs tunisiens, profitant certainement des conditions climatiques favorables, ont réussi à animer quelque peu les parcs d'attractions, les centres d'animation et certains restaurants. Sans plus! Selon les professionnels, cette situation est due à la conjonction de plusieurs facteurs totalement défavorables. M. Ahmed, le directeur de l'hôtel, note «qu'il est question d'une période critique. L'hôtel a été vide pendant deux semaines. D'ailleurs, toutes les réservations ont été annulées et les clients se sont précipités pour retrouver l'aéroport. Pour le mois de janvier on a affiché une baisse considérable de 70% par rapport au même mois de 2010». Toutefois, notre professionnel reste optimiste. Ce qui est rassurant pour lui «c'est que les touristes ont retenu une belle image de la révolution tunisienne. En effet, durant les évènements, aucun acte de violence ou de vandalisme n'a été constaté à la zone touristique. Les unités hôtelières et les touristes ont été à l'abri de tous les mouvements. Ce qui confirme l'état de conscience et la maturité des jeunes tunisiens». Mieux encore, le directeur estime que «les fruits de la révolution n'ont pas trop tardé. La relance a déjà commencé dès ce mois de février. En effet, on affiche des arrivées. Déjà, on a accueilli un groupe de 15 personnes le dimanche, une quinzaine le lundi et d'autres arrivées sont prévues pour cette semaine. Ces arrivées sont des nouvelles réservations qui datent de deux ou de trois jours, ce qui démontre l'attention particulière porté à la destination tunisienne, à la suite de la révolution». Les prémices de relance évoquées par M Ahmed sont rassurantes. Décidément, le programme de relance, envisagé par le ministère du commerce et du tourisme, et ses composantes, notamment les aides financières aux professionnels et les plans de communication, ne manqueraient pas de traduire totalement au concret cette relance. Pas loin de l'hôtel, dans une agence de voyage, M Rachid, chef du service transport, note de son côté que «le bilan du mois de janvier est catastrophique. Une activité nulle. Mais depuis février, l'activité a été sauvée par les clients de dernière minute. En effet, notre activité s'est réduite aux transferts de petits groupes de 5 à 8 personnes de l'aéroport à l'hôtel. Pour répondre à d'éventuelles commandes, le parc de l'agence travaille principalement avec les mini- bus, soit seulement 25% de sa capacité. De même, durant cette période, on fait recours à des contrats de très courte durée, de quatre jours à une semaine, pour satisfaire, tant bien que mal, les besoins de nos clients, sans alourdir la charge financière de l'entreprise. Couvre-feu oblige, les touristes, les chauffeurs et les représentants ont été contraints, à maintes reprises, de passer de longues heures à l'aéroport. C'est une perte sèche au niveau du temps de travail et le séjour du client. De plus, ces clients, fuient le froid de leurs pays , préfèrent généralement les excursions, des exigences difficiles à honorer totalement, du moins en cette période un peu délicate». En somme, pour garantir sa transition démocratique, la Tunisie a besoin de retrouver le rythme de croissance économique habituel en misant surtout sur certains secteurs stratégiques , entre autres le tourisme.