• La STB, la banque la plus touchée par l'hémorragie financière 2.500 milliards de millimes, sous forme de crédits au clan du président déchu Ben Ali (156 personnes en totalité), pour le financement, inconditionnel, d'une série de projets. Un tel montant, dépassant toutes les limites, ouvre la voie à toutes les appréhensions et met totalement en cause la gestion douteuse de tout un secteur bancaire et surtout donne une idée précise sur la nature du pouvoir qu'exerce ce clan sur les institutions financières. Et même si on parle, en contrepartie, d'hypothèques importantes imposées par les banques, on ne peut aucunement justifier ces montants qui dépassent toutes les normes ou encore les règles prudentielles de tout financement. On apprend dans ce même contexte que les plus importantes banques de la place sont impliquées dans ce processus de financement. Détails... Amen Bank révèle, dans un communiqué publié récemment, que " les crédits qu'elle a accordés aux familles du clan Ben Ali/Trabelsi représentent 2,25% de ses engagements ". On précise ainsi " que le nombre des groupes financés s'élève à 4 et celui des sociétés leur appartenant à 6, étant signalé que le total des engagements de la Banque totalise 108.003 mille dinars, soit 2,25% de l'ensemble de ses engagements au 31 janvier 2011. Seul un engagement sur un projet pour 2 millions de dinars sera provisionné en intégralité. Sur ce projet, Amen Bank bénéficie d'une garantie hypothécaire de premier rang ". De son côté, Attijari Bank a accordé 319 millions de dinars à la famille de Ben Ali sur le total des 2,5 milliards accordés par l'ensemble du secteur bancaire. A elle seule, l'opération Tunisiana a coûté à la banque tuniso-marocaine 200 millions de dinars, selon les chiffres officiels communiqués aux instances boursières tunisiennes. Le montant de 319 MDT représente 9,9% des engagements d'Attijari. Ce taux descend à 3,7% si l'on exclut l'opération Tunisiana. Attijari Bank considère, cependant, qu'elle " n'a aucun crédit douteux dans son portefeuille de crédits accordés à la famille Ben Ali et n'envisage donc pas d'engagements à provisionner . Par ailleurs, la cession des actions de Monsieur Gendre (Sakhr El Matri) serait, selon des experts, une " opération à haute plus-value ". Nous apprenons, d'ores et déjà, que les offres de rachat commencent à tomber sur les bureaux des responsables. La Banque de Tunisie: 10% des crédits Au niveau de la Banque de Tunisie, et sur les 2,5 milliards de dinars de crédits alloués à la famille Ben Ali, la BT a accordé 258,838 millions de dinars à 23 sociétés représentant 8 groupes. Un montant représentant 8,5% du total des engagements de la banque. Cependant, sur les 258 MDT accordés, la BT aura à provisionner 27,510 MDT. Néanmoins, compte tenu des résultats attendus au titre de l'exercice écoulé, le niveau des provisions qui sera arrêté au titre de 2010 prendra en compte la totalité de ces nouveaux besoins. Dans cette même mouvance, et selon les mêmes statistiques, l'Arab Tunisian Bank (ATB) aurait accordé 180 millions de dinars, ce qui représente environ 7% du total des engagements bancaires. Notons, à cet égard, que 94% de ces engagements sont considérés comme des créances courantes ne représentant qu'un risque nul. Quant au montant à risque, de l'ordre de 11,6 MD, il est expliqué par l'arrêt des activités des entreprises concernées. Ces créances classées (représentant 0,3% du total du portefeuille crédits et titres commerciaux) seront provisionnées sur l'exercice 2010 à hauteur de 6,7 MDT. Férid Ben Tanfous, P.-d.g. de l'ATB, demeure très confiant quant à la récupération de ces crédits, et ce, dès l'accomplissement des formalités juridiques nécessaires. Formalités, par ailleurs, engagées ! STB : la banque la plus touchée Le diagnostic des crédits accordés à la famille Ben Ali montre clairement que la Société tunisienne de banque est la plus touchée par cette hémorragie financière. Justement, selon les statistiques disponibles, l'engagement de la STB s'élève à 509,1 millions, soit le 1/5 de la somme globale. On apprend d'ailleurs que " pour l'acquisition de 25% de Tunisiana par Sakher el Materi, la banque a participé à hauteur de 80 millions de dinars. " . Par ailleurs, l'on note " une participation un peu moins importante pour Carthago Ciment, où sur un coût total de 600 MD, la banque a débloqué 50 MD. Idem pour Orange avec une participation de 50 millions dont 16 millions ne sont pas encore débloqués ". Toutefois, l'on estime que la participation de la STB dans le capital de " Tunisie Sucre " était la plus mince avec 15 millions de dinars. Pour ce qui est des avoirs par groupe, M. Hédi Zar, P.-d.g. de la STB, estime ceux du groupe Belhassen Trabelsi au 17 janvier 2011 à 91,7 millions de dinars, avec 42 millions en placement. D'un autre côté, on apprend que concernant les différentes sociétés des clans Ben Ali et Trabelsi, la banque a intenté une action en justice pour compenser les crédits accordés aux familles. Mais, malheureusement, il n'y a pas eu de retour positif jusqu'à ce jour. BH : 231,5 MDT de crédits au profit du clan La Banque de l'Habitat n'a pas échappé également à cette hémorragie financière. Selon les dernières statistiques, elle a accordé quelque 231,507 MDT au clan Ben Ali-Trabelsi, soit 4,6% du total des engagements de la BH. Opérant dans un secteur fortement apprécié par les membres du clan, le bâtiment en l'occurrence, la BH a dû financer 47 entreprises (dont 37 appartiennent à 10 groupes seulement), sans oublier des emprunts au profit de personnes physiques. Du côté de la BH, on estime à 67,019 MD les engagements qui vont être classés. Par ailleurs, la banque devra provisionner 27,532 MD. Cependant, ces engagements sont " largement couverts par des garanties réelles, des provisions et des agios réservés ", comme l'ont précisé les responsables de la BH. Au niveau de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), et comme on l'a déjà souligné, l'implication reste insignifiante par rapport aux autres banques. En effet, l'examen de la liste des entreprises qui seront soumises à des mesures conservatoires fait ressortir qu'un seul projet parmi 1.021 projets approuvés par la banque depuis sa création, le 1er mars 2005, a été créé avec la participation d'un des membres de la famille, avec seulement 2,4% du capital (64 MD ) . Le peu d'implication de la BFPME s'explique par la bonne gestion et son mode de financement, basé – entre autres – sur le financement des projets avec la participation d'autres banques commerciales et la garantie apportée par la Sotugar. Cependant, il s'agit d'une banque récente. Le clan n'a pas eu le temps nécessaire pour en profiter totalement. Pour ce qui est de l'UIB, l'implication est plutôt insignifiante également. En effet, parmi les 182 entreprises appartenant à la famille et alliés de l'ex-président Ben Ali, et annoncées par le gouverneur de la BCT dans sa dernière conférence de presse, l'UIB n'en compte que deux dans son portefeuille, avec un engagement global de quarante et un mille six cent huit dinars. Ces deux relations figurent parmi les clients inactifs de l'UIB, estime la banque dans un communiqué publié le 17 février 2011. En somme, l'on peut dire que ce tsunami financier implique une responsabilité partagée. Toutefois, le plus important pour l'étape à venir, c'est d'en retenir la leçon, et faire de cette expérience un nouveau repère pour une meilleure gestion financière.