Le récent assassinat du prêtre Marek Marius Rybinski, éducateur et économe à l'Ecole salésienne de La Manouba, continue à faire couler beaucoup d'encre et à susciter diverses réactions, ouvrant large la voie à toutes les interprétations. Un crime révoltant aux yeux de tous ceux qui entretiennent de bonnes relations et un contact presque quotidien avec la famille éducative de cette institution. Cette indignation a été formulée par un grand rassemblement, hier, dans la cour de l'école. Devant la porte d'entrée de l'école, les parents et les élèves ont déposé des gerbes de fleurs et allumé des bougies en hommage posthume à celui qui fut un "ami" pour les enfants. Profondément émus en entourant le directeur, M. Mario Mulé-Estagno, parents, élèves et anciens de l'école ont manifesté une grande solidarité avec la famille éducative de cet établissement. Ce crime survenu subitement contre un homme qualifié de pacifique et généreux n'arrête pas de choquer les participants à cette manifestation. Certains parmi eux ayant grandi au sein de cette école, les larmes aux yeux, trouvent à peine leurs mots : «Notre premier apprentissage a eu lieu ici, au sein de cette école pour laquelle on éprouve un attachement indéfectible. Autrefois, on y vivait comme une famille et on l'est encore aujourd'hui. Tout ce qui se rapporte à cette institution, à son staff technique et éducatif nous tient à cœur. Aujourd'hui, on est là pour leur dire qu'on est avec eux en ces moments difficiles. Seule la justice apaisera notre douleur». Afef, Meryem et Amira ont remonté le temps pour se rappeler une enfance heureuse et paisible vécue dans le cadre du respect mutuel et d'une philanthropie entre pères, éducateurs et élèves. De son côté M. Mulé-Estagno n'a pas omis d'exprimer sa fierté de cet élan de solidarité de la part des parents et des anciens de l'école venus présenter leurs sincères condoléances. Croisée sur le chemin menant vers le lieu du crime qui se trouve au fond d'un jardin verdoyant, une maîtresse exerçant au sein de l'école nous a lancé, sur un ton mélancolique, que ce crime est, à l'évidence, intolérable, compte tenu du profond humanisme des pères de cette école. «Des gens qui respectent toutes les religions, mais aussi, qui n'omettent pas de partager avec leurs connaissances parmi les musulmans leurs fêtes et anniversaires, en leur présentant des cadeaux. C'est un acte barbare et dur à supporter. Imaginez un cadavre tout près des enfants et tout le mal qu'il pourrait générer», souligne la maîtresse. Quelques dizaines de mètres parcourus sur le lieu du crime, certaines personnes s'étaient chargées de dissimuler un trou donnant sur l'intérieur des lieux où a été commis le crime. Photographier ou encore filmer relève, comme elles l'ont dévoilé, d'un manque de respect pour le défunt, ajoutant que les médias n'ont pas suffisamment couvert ce crime et qu'ils ne sont pas en train de jouer convenablement leur rôle. Rappelons que le prêtre, père Marek Rybinski, 34 ans a été retrouvé, vendredi, assassiné dans une remise de l'école salésienne de La Manouba. Cet acte ignoble, condamné par le gouvernement provisoire et par le mouvement islamique Ennahdha, est au cœur de l'enquête promise par les autorités compétentes afin que toute la lumière soit faite. L'école avait reçu le 30 janvier dernier une lettre de menace anonyme, seul élément, à ce jour, dans le dossier de l'instruction.