Dans la cour de l'Ecole salésienne de La Manouba, des parents d'élèves, solidaires et compatissants avec M. Mario Mulé-Estagno, son directeur. Des larmes, des visages blêmes et pleins d'interrogations auxquelles il essaye de répondre. Le paisible quotidien de cette école où se côtoient arbres et palmiers vient d'être bouleversé par la découverte du cadavre du prêtre Marek Marius Rybinski. Agé de 34 ans, il était éducateur et économe de l'institution. Aujourd'hui, les parents se réunissent pour allumer une bougie à sa mémoire. "La Tunisie mérite mieux que ça", affirme monsieur Mulé-Estagno qui ajoute‑: "Toutes les pistes sont valables, on en sait encore rien". Il qualifie le défunt d'indépendant et discret. "Il avait l'habitude de sortir en voiture pour des courses, vu qu'il était chargé de l'entretien de l'école, en plus d'en être l'économe". Ceci pour expliquer le fait que le personnel de l'école ne s'est pas inquiété tout de suite. Plus personne ne l'a vu depuis jeudi midi, selon les dires du directeur. Le lendemain matin, la victime était absente de la prière de sept heures. "Nous avons pensé qu'il était peut-être malade ou fatigué", explique-t-il, avant de continuer‑: "Nous avons frappé à sa porte sans résultat et nous l'avons appelé sur son portable qui était fermé". C'est en cherchant dans tous les coins de l'école que le personnel a découvert le corps. "Quand j'ai vu leurs visages, j'ai compris qu'il y avait quelque chose de grave", nous confie monsieur Mulé-Estagno. Selon son témoignage, le cadavre se trouvait dans un dépôt de vieux meubles, au fond du jardin. Marek Marius Rybinski avait reçu un coup sur la tête avant d'être égorgé. C'est par la fenêtre que l'on a pu le voir. La porte était fermée et la police a dû la défoncer pour accéder à l'intérieur. Pourtant, les clés du prêtre étaient à côté de lui au moment de la découverte du corps. Il n'y avait pas d'arme sur les lieux du crime. Ce crime qui aurait pu passer, il y a quelques semaines seulement, pour un fait divers, non moins condamnable, peut aujourd'hui être sujet à toutes les interprétations. Il est quand même à noter que l'école a reçu, le 30 janvier, une lettre de menace dont nous avons obtenu une copie. Une lettre qui sent des relents de haine, d'antisémitisme et de sectarisme. L'enquête n'a encore rien révélé de définitif. En attendant, les paroles du directeur sont les plus sages : "Toutes les pistes sont possibles".