Paris (Reuters)— Une lycéenne sans papiers expulsée il y a trois semaines vers le Maroc alors qu'elle venait de déposer plainte pour violences est rentrée hier en France après l'intervention de Nicolas Sarkozy. L'avion transportant Najlae Lhimer a atterri peu avant midi (11h00 GMT) à l'aéroport parisien d'Orly où l'attendaient plusieurs dizaines de camarades de classe et de militants du Réseau éducation sans frontières (Res). «Najlae, Najlae», ont-ils scandé dans le hall de l'aéroport où l'attendait également le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur, qui a suivi ce dossier depuis le début. La jeune femme était accompagnée par des membres de la famille Parisot, organisateurs de son comité de soutien à Château-Renard (Loiret). «Je suis très heureuse, je ne pensais pas rentrer aussi rapidement», a déclaré Najlae Lhimer. «Je pense aux autres expulsés restés là-bas», a-t-elle ajouté, faisant allusion au jeune Hassan, apprenti sans papier de Montpellier expulsé il y a un an vers le Maroc, qui a passé trois semaines à ses côtés à Rabat. Expulsée le 20 février vers son pays d'origine, Najlae Lhimer a déclaré l'avoir fui en 2005 afin d'échapper à un mariage arrangé. Elle vit depuis à Château-Renard (Loiret), chez un frère qu'elle accuse de violences. Des associations de soutien rapportent qu'elle a été arrêtée alors qu'elle venait porter plainte pour ces violences, une version contestée par la préfecture du Loiret. A l'occasion de la Journée de la femme, le 8 mars, Nicolas Sarkozy s'est prononcé pour le retour en France de la jeune femme. Un visa lui a été accordé selon la volonté présidentielle de faire un «geste humanitaire», a confirmé ensuite le ministre français de l'Immigration, Eric Besson. «J'ai un peu de rancœur contre les gendarmes qui m'ont mis dans cette situation», a déclaré Najlae Lhimer hier. «Ils m'ont fait passer de victime à coupable mais cela passera avec le temps». La jeune femme compte reprendre ses cours d'hôtellerie demain au lycée des métiers Françoise-Dolto d'Olivet, près d'Orléans (Loiret).