Le poste frontalier de Ras Jedir enregistre des flux massifs de Tunisiens et d'étrangers en provenance de Libye, en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays frère au cours de la dernière période. Toutes les six minutes, quelque 2500 personnes franchissent ce point de transit, affirme la police frontalière de Ras Jedir. L'Armée nationale a intensifié sa présence sur cette zone et un hôpital militaire a été installé. Des cadres médicaux et paramédicaux ont été mobilisé. De même pour les unités de la sécurité nationale et des ressources humaines du bureau de l'Office des Tunisiens à l'étranger qui se sont multipliées. De leur côté, les habitants de Ben Guerdane ont multiplié les initiatives pour assurer les meilleures conditions d'accueil aux passagers. Les commissions de protection de la révolution, le Croissant Rouge tunisien et plusieurs volontaires assurent le transport gratuit des passagers vers le centre de la ville de Ben Guerdane. Depuis mardi, la Société régionale de transport de Médenine a mis son parc à la disposition des passagers arrivés à Ras Jedir afin d'éviter l'encombrement enregistré les deux derniers jours au niveau de Ben Guerdane. La Société nationale de transport interurbain, des bus du transport touristique et des composantes de la société civile se sont joints à cet effort pour faciliter les conditions de transport des voyageurs. Le commissariat régional à la jeunesse, aux sports et à l'éducation physique a, pour sa part, mis ses auberges à la disposition des passagers en provenance de Libye. Le poste frontalier de Ras Jedir a enregistré le passage de 1200 Chinois et près de 300 Américains ayant effectué des réservations dans un hôtel à Djerba. Parmi les voyageurs, figurent également des Turcs, des Egyptiens et des familles libyennes. Les Tunisiens qui sont arrivés, hier, à ce poste frontalier ont fait part de leur indignation à la suite du discours prononcé mardi par Gueddafi, redoutant l'escalade des violences dans ce pays. Ils ont évoqué les difficultés rencontrées au niveau des opérations de contrôle effectuées par les comités des quartier ainsi que par l'armée. Mahfoudh Hamdi, qui a été obligé de quitter la Libye à la hâte, n'a pas caché son abattement de voir s'évaporer toute sa fortune, fruit de longues années de labeur loin de sa patrie et des siens. Originaire de Sfax, Ali n'a pas caché son inquiétude pour les ressortissants tunisiens qui sont encore en Libye, notamment à Benghazi, Jdabia et Baydha, eu égard à l'embrasement de la situation dans ces régions et des massacres commis contre la population. Fethi Bel Arbi, qui était accompagné d'un ami libyen, raconte le cauchemar qu'il a vécu sur son chemin de retour et comment ils ont été agressés par un groupe d'individus armés de massues. Des Egyptiens expliquent qu'ils ont choisi de transiter de ce poste frontalier pour se rendre à leur ambassade à Tunis pour qu'elle assure leur rapatriement en Egypte. Le gouverneur de la région s'est déplacé, mercredi, pour s'enquérir des conditions de retour des ressortissants tunisiens et étrangers.