A l'occasion d'une conférence de presse tenue hier au ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, M. Ezzedine Beschaouch, ministre de la Culture, et M. Saïd El Aïdi, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, ont présenté un nouveau projet commun, le projet national de numérisation des fonds éditoriaux tunisiens, qui a bénéficié d'un premier accord de la part du Premier ministre et attend la décision du nouveau gouvernement. Intitulé «El-Raed» (le pionnier), entre autres parce que la Tunisie a été le premier pays arabe à avoir son Journal officiel en 1860, ce projet consiste donc en la numérisation des archives nationales. Il a, comme l'a indiqué M. Ezzedine Beschaouch, trois principaux objectifs. Le premier est immédiat. Il s'agit de l'emploi qui sera assuré en fonction de la situation sociale et en faveur des régions tunisiennes les moins avantagées dans le développement. Le deuxième n'est autre que le principal output du projet : «Numérisation, indexation et référencement sur le web et le mobile de 200.000 livres, manuscrits et revues de la Bibliothèque nationale tunisienne, soit environ 50 millions de pages constituant l'essentiel du patrimoine de cette bibliothèque». Quant au troisième, il marque, toujours selon le ministre de la Culture, la fin d'une époque sombre et révolue de l'histoire de la Tunisie et l'avancée vers les temps révolutionnaires. M. Saïd El Aïdi ajoute à son tour que c'est une solution pour les diplômés des filières peu employables comme la littérature arabe et la philosophie, en plus de servir la cause nationale en sauvegardant les archives puisqu'elles seront accessibles en Tunisie, dans toutes les régions, comme à l'étranger, précise-t-il. Un coup de pouce pour l'emploi Pour être plus concret, une équipe formée des deux ministères s'active sur le projet depuis trois semaines. Echelonné sur trois phases, El-Raed permettra de créer 3.000 emplois sur trois ans : 300 personnes les trois premiers mois, 1.200 personnes dans les régions après une année et le reste au bout de trois ans. Ces postes seront localisés dans les 10 gouvernorats les plus nécessiteux en matière d'emploi, en particulier Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa. Evidemment, les diplômés en archivage et documentation sont visés, selon des critères sociaux, comme susmentionné, en prenant en compte le nombre d'années de chômage et la situation familiale. Ambitieux, «ce projet a pour mission de mettre en place le noyau de base d'une véritable industrie du contenu qui créera à moyen terme des dizaines de milliers d'emplois et de positionner la Tunisie comme leader dans des industries comme l'archivage électronique, la diffusion du contenu arabe, la traduction et l'intégration de ce contenu dans le web et le mobile». Une ouverture sur les marchés internationaux Autrement dit, dans ses trois phases, Al-Raed permettra aux employés de servir la cause de la l'archivage du patrimoine tunisien, avant de voler de leurs propres ailes en obtenant des marchés de sous-traitance à l'étranger, qui est la grande mode partout dans le monde selon M. Ezzedine Beschaouch. La première étape consiste en la mise en ligne des livres numériques et le développement d'applications Iphone, Android et web, tout en faisant la promotion du projet auprès de bailleurs de fonds et des grands éditeurs de contenu comme Google, Amazon et Microsoft. Dans la deuxième, il y aura la création d'un centre de numérisation automatisé en Tunisie et la numérisation de la principale partie des fonds de la BNT. La dernière étape débouchera sur l'intégration d'autres fonds d'institutions nationales à numériser, publiques et privées, et la sous-traitance internationale qui permettra aux diplômés recrutés de devenir chefs de leurs propres projets, avec la promesse d'être suivis jusqu'au bout.