KOISANCAK, Irak (Reuters) – Les activistes kurdes du PKK, en lutte pour l'autonomie du sud-est de la Turquie, ne croient plus pouvoir atteindre leurs objectifs par la violence et déposeraient les armes si leur chef Abdullah Oçalan sortait de prison, selon un ex-commandant rebelle. L'impasse où se trouve la lutte armée que mène depuis 25 ans le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) persistera en l'absence de règlement politique, a déclaré Osman Oçalan, frère cadet d'Abdullah "Apo" Oçalan, lors d'une interview à Reuters. Il a dit ne pas avoir eu de contact avec son frère depuis trois ans et avoir rompu avec le PKK en 2004 mais rester en relations avec des rebelles retranchés en montagne du côté irakien de la frontière. "Aucune partie ne peut gagner cette guerre, c'est impossible", a-t-il déclaré dans le Nord de l'Irak. Même si le PKK subit un revers, il y aura d'autres gens pour prendre la relève. Le PKK est en mesure de se refaire. "Si la Turquie ne l'y oblige pas, le PKK ne se battra pas. C'est pour cela que les tensions ont baissé." Selon Osman Oçalan, la politique d'ouverture culturelle du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, en direction des Kurdes représente la meilleure chance de paix depuis une décennie. "Si Apo était placé en résidence surveillée et qu'un dialogue s'engageait avec lui, la question serait réglée en l'espace de trois à cinq mois. Personne ne s'y opposerait au sein du PKK", a-t-il dit. Les dirigeants du PKK, basés dans une zone montagneuse reculée où passe la frontière irako-iranienne, ont cessé de croire à une solution militaire depuis au moins six ans, a poursuivi Osman Oçalan, qui est âgé de 60 ans. Huit arrestations en Europe Les combats ont diminué de façon spectaculaire depuis la capture d'Abdullah Oçalan en 1999. Deux soldats turcs ont été tués la semaine dernière par des explosions dans l'Est de la Turquie, ce qui n'était pas arrivé depuis plusieurs mois. Les Etats-Unis et l'Union européenne considèrent le PKK comme un mouvement terroriste. Le 8 mars, les autorités belges ont arrêté huit personnes soupçonnées de faciliter le recrutement de combattants pour le PKK. Ankara a exclu de libérer Abdullah Oçalan, jugé responsable de la mort de plus de 40.000 personnes depuis 1984, année où le PKK a pris les armes. Un tribunal militaire l'a condamné à mort, mais cette sentence a été commuée en réclusion à perpétuité après l'abolition de la peine capitale en 2002. Osman Oçalan a quitté le PKK en 2004, en raison, selon lui, d'une lutte pour le pouvoir à la tête du mouvement. Le PKK a révisé ses revendications à la baisse, renonçant à un statut d'indépendance pour réclamer l'octroi de droits culturels plus importants à la minorité kurde. La Turquie, elle, affirme qu'elle ne négociera jamais avec lui. Le gouvernement Erdogan a allégé les restrictions imposées aux émissions de radio-télévision en kurde et à l'enseignement de cette langue interdite jusqu'en 1991. L'an dernier, il a promis d'élargir les droits des Kurdes. Le PKK compte environ 3.500 combattants répartis dans des campements fortifiés du nord de l'Iran et de l'Irak, ainsi que 1.500 autres en Turquie, a dit Oçalan. Leur financement, assuré exclusivement par des Kurdes expatriés en Europe et par des "taxes douanières" sur les activités de contrebande, représente environ 20 millions de dollars par an, a-t-il ajouté. L'armée irakienne pilonne régulièrement les camps du PKK dans le nord de l'Irak, région administrée par les Kurdes irakiens avec lesquels Ankara s'applique à améliorer ses relations. L'armée turque y avait lancé en 2008 une offensive terrestre avec 10.000 soldats pour tenter d'en évincer le PKK. Osman Oçalan a dit souhaiter regagner la Turquie après 30 ans d'absence afin de s'engager dans la vie politique. Selon des journaux turcs, il chercherait à négocier avec les autorités.