Denis Chaumier, éditorialiste de France Football, dresse l'état des lieux à la tête du football français et la FFF en particulier. Une situation qui ressemble étrangement à celle qui prévaut tant à la fédération qu'à la Ligue tunisiennes de football. Il vous suffira donc de changer les noms pour tout comprendre.... Sur les décombres d'une fédération française de football minée par son vide existentiel, par l'incompétence de ses supposés dirigeants et par la médiocrité ambiante, se profile l'élection du prochain président. On piaffe d'impatience devant cette tranche de démocratie participative annoncée. Dans les coulisses se dessinent les grandes manœuvres destinées, en principe, à reconstruire sur les ruines fumantes du Palais des gourmandises. Tout n'est pas triste sur ce "bûcher des vanités", et nous n'avons sans doute pas fini d'en respirer les cendres. Car il serait illusoire d'imaginer qu'un samedi 18 juin 2011, même sérieux et studieux, même éventuellement fiévreux et nerveux, réglera la situation infernale qui régit le football français. Chacun cherche son meilleur rôle dans la course à la carotte, Fernand Duchaussoy le premier, qui entend marquer son territoire, à défaut de frapper les esprits. En passe d'être abandonné par un conseil fédéral qui ne lui fait plus confiance, il vient de désigner un nouveau directeur général qui, dit-on, ne prendra ses fonctions qu'au printemps. Curieux timing: et si Duchaussoy devait ne pas survivre au vote fédéral, son DG pourrait-il lui-même demeurer à un poste... qu'il n'aura pas encore occupé ? Dans sa précipitation à trouver des aides bienvenues, il vient aussi de conforter le directeur technique national dans sa responsabilité, quitte à prendre l'exact contre-pied des recommandations de la commission de réflexion qu'il avait mise en place‑! Nous sommes au cœur d'un système aberrant, empire colonial de l'Absurdie, ânes et eau chaude à tous les étages, habité par l'insoutenable et communicative légèreté de l'être. Pendant ce temps-là, le vice-président de la FFF, Noël Le Gräet, réfléchit à son non-avenir de grand homme au cas où il n'aurait pas les mains libres pour faire ce qu'il veut, le président de la Ligue de football professionnel, Fréderic Thiriez, cherche à cultiver sa vocation de rassembleur en efficacité et Mme la ministre des Sports, Chantal Jouanno, tente d'identifier le chef gaulois qui saura régénérer le système. Qu'on se le dise : il n'est pas sûr que la bataille pour le pouvoir fédéral puisse donner lieu à une bataille d'idées de haute tenue et à l'affrontement transparent de plusieurs listes concurrentes. Quelques-uns parient davantage, paraît-il, sur le bâillonnement des opportunistes, le musellement des vieux par-dessus, ou la mise à l'écart des girouettes, c'est vous dire. La poussée réformiste survenue dans l'urgence du désastre de la coupe du monde se heurte manifestement au principe de réalité. Comme nous l'a rappelé un de nos amis qui regarde ce manège avec effroi : "Le bénévolat n'excuse pas la médiocrité. Au contraire." Malheureusement, il semble l'autoriser, en toute impunité. (Source France Football)