Les diplômés sont en colère contre une liste des personnes ayant obtenu , dit-on, des postes de professeur dans des établissements scolaires publics alors que les résultats du Capes n'ont pas encore été proclamés. Liste du reste formellement démentie par le ministère qui parle d'un faux ! Cela fait plus de deux semaines qu'une quarantaine de manifestants, jeunes maîtrisards, ont planté leurs tentes et ne quittent plus le ministère de l'Education de jour comme de nuit, pour réclamer leur droit élémentaire à l'emploi. Il y a deux jours, la grogne est montée d'un cran au sein du groupe qui appelle à la mise à l'écart des symboles de l'ancien régime au sein du ministère. Les manifestants se sont, par ailleurs, procuré une liste sur laquelle figurent les noms de plus de 3.000 diplômés de l'enseignement supérieur, dont la plupart n'ont pas obtenu le Capes et qui auraient "monnayé" leur recrutement dans des établissements scolaires, attendant pour la plupart leur convocation, alors que les résultats du Capes n'ont pas encore été proclamés. Celle-ci comporte les noms, les numéros des cartes d'identité, le rang (surveillant, surveillant général, instituteur ou enseignant secondaire), ainsi que les directions régionales dont relèvent les personnes qui y sont citées et qui auraient, selon les manifestants, payé des pots-de-vin pour obtenir une place de surveillant ou d'enseignant. Les manifestants, qui ont, pour certains, entamé une grève de la faim sans que les médias en aient parlé, ont eu vent de l'affaire la semaine dernière et sont parvenus à obtenir cette liste, grâce à un véritable travail de fin limier sur le terrain. Brandissant celle-ci, devant la foule abasourdie face au siège du ministère , Wassila Aouini, maîtrisarde en histoire et qui a passé plusieurs fois le Capes, a cité, haut et fort, les noms de quelques personnes figurant dessus, exposant par menus détails, combien ces derniers ont dû verser pour obtenir leurs places de titulaire au sein d'un établissement scolaire public. Selon un manifestant, celui qui désire obtenir un poste de surveillant doit débourser la coquette somme de cinq mille dinars. Quant aux postes d'instituteur et d'enseignant, les places sont chères: l'un est monnayé à sept mille dinars et l'autre à dix mille dinars. Celui qui le désire a la possibilité, soit de payer la totalité de la somme, soit de donner un acompte et de verser le reste le jour où il reçoit sa convocation. C'est ce qu'affirment ces manifestants, dont certains ont même décidé de vérifier par leurs propres moyens en se faisant passer pour des jeunes diplômés désirant verser un pot-de vin pour obtenir une place dans un des établissements publics du pays. C'est à Moncef-Bey qu'il faut se rendre pour verser ledit pot-de-de vin à un sombre intermédiaire qui, après avoir été pris en flagrant délit, se trouve, aujourd'hui, derrière les barreaux. Ce dernier aurait agi au sein d'une bande organisée, amassant, jusqu'ici, la rondelette somme de 170 mille dinars... Au sein du ministère, c'est un dénommé Lotfi Hamdi qui serait chargé d'assurer le suivi des dossiers, a relevé un des manifestants. L'attaché de presse du ministère, a formellement démenti l'existence de ce monsieur, affirmant que le document qui circule sur le Net est un faux et qu'«il n'y a pas de fonctionnaire travaillant au sein du ministère qui s'appelle Lotfi Hamdi», et parlerait d'une fausse liste et de machination montée contre le ministère de l'Education, soit un des plus importants ministères du pays pour de nouveau semer le désordre et entraîner dans la rue des milliers de jeunes en colère. Accusation d'autant plus vraisemblable que des gens dans l'ombre continuent à faire circuler de fausses informations et à manipuler des personnes pour défendre leurs propres intérêts. Le personnel du ministère porte plainte contre les protestations Les cadres et agents au ministère de l'Education ont décidé de déposer plainte auprès du procureur de la République contre les protestataires qui observent un sit-in, depuis plus de deux semaines, près de l'entrée du ministère. D'après les employés, les protestataires ont dépassé "le cadre pacifique" du sit-in et de la "revendication légitime" du droit au travail, en agressant physiquement et verbalement le personnel du ministère. M.Hassen Annabi, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education, s'est réuni avec le personnel pour prendre connaissance de ses préoccupations, tout en l'informant que les ministères de la Défense nationale, de l'Intérieur et de la Justice ont été mis au courant des développements engendrés par ces troubles. Le ministère a reçu des assurances en vue d'un règlement de la situation. Pour leur part, les employés au ministère ont exprimé leur engagement à traiter ce différend dans le respect de la loi.