Alors que le monde connaît une explosion du tourisme, la vogue des voyages de découverte, la place de plus en plus forte que le tourisme culturel a depuis peu commencé à prendre forme ont toutes pour corollaire le patrimoine. En effet, selon les experts, le tourisme culturel représenterait 8 à 20% des parts du marché touristique mondial. Et ce n'est plus un secret que les grandes destinations touristiques de la planète sont d'abord des foyers de grandes civilisations anciennes brillantes ou des foyers culturels importants. La France, l'Italie, la Grèce, la Turquie ou l'Egypte sont de parfaites illustrations de cet état. Car si le voyage doit avant tout répondre à un légitime désir de détente et de repos, il devient anodin s'il ne comporte pas la possibilité concrète de découvrir une destination en profondeur. De là, la visite des sites archéologiques et naturels, des musées et des villes, de tout élément permettant une meilleure appréhension de l'histoire et de l'actualité du pays visité, devient une priorité dans la construction d'un itinéraire touristique culturel. Vue sous cet angle, la Tunisie, qui peut s'enorgueillir d'avoir un passé civilisationnel d'une exceptionnelle fécondité, nourri à la fois par un extraordinaire brassage humain et par une grande diversité de paysages naturels, figure parmi les pays les plus riches du monde en vestiges archéologiques et historiques avec plus de 500 monuments et plus de 100 sites classés et offre un choix immense pour concevoir plusieurs circuits culturels et thématiques. Alors que sous d'autres cieux, la volonté d'introduire de nouvelles pratiques touristiques pour face aux dangers pour le patrimoine culturel et naturel née de la sur-fréquentation et de la surexploitation des sites, on peine encore à rendre nos sites plus attractifs et visitables. En effet, malgré de tels atouts, la fréquentation de nos sites et musées est en régression continue (-10%). Les circuits touristiques dont la principale motivation reste le culturel, enregistrent un flop sans précédent. En effet, la moyenne annuelle du nombre de kilomètres parcourus par bus a régressé passant ainsi de 95.000 km/an à moins de 50.000 km/an. Ce qui confirme la dominance du produit balnéaire au détriment du culturel. Côté guidage, le tableau est encore plus sombre puisque le nombre de guides spécialisés se comptent sur le bout des doigts. L'écologique, bien qu'en vogue, ne compte que huit guides et pour le saharien c'est la formule guide-chauffeur qui sauve la donne. Dans une rencontre en marge du séjour culturel et touristique organisé au sud le week-end dernier au profit des diplomates accrédités à Tunis, le ministre du Commerce et du Tourisme et le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine ont porté un regard croisé sur les efforts à déployer pour relancer ce produit phare de la Tunisie. Pour le ministre du Commerce et du Tourisme, M.Mehdi Haouas, le temps est venu pour célébrer un vrai «mariage d'amour pour développer le tourisme culturel et le porter vers le haut». Hormis le fait que le culturel représente aussi un facteur de rapprochement et d'ouverture, le ministre estime que trois composantes sont à mettre en valeur pour permettre à ce produit de repartir de plus belle. Il s'agit de l'artisanat, de la culture et des infrastructures touristiques. «Nos ressources sont très vastes. Je crois que la culture et le patrimoine tunisien ne sont pas suffisamment mis en valeur pour développer le tourisme de haut niveau» a-t-il renchéri. Pour sa part, le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, M.Ezzedine Baschaouech, qui affirme qu'autrefois il y avait «un paravent» entre le touristique et le culturel, compte aplanir toutes les difficultés qui entraveraient le décollage du tourisme culturel. «Désormais nous allons faire de gros efforts car la culture aide le tourisme à bien se présenter. En Tunisie, les touristes vont trouver une part de leurs racines. Nous avons une communauté d'histoire et de culture qui nous a réunis pendant plus de 7 siècles. Il n'y a pas une seule langue qui n'ait pas ses traces en Tunisie ; gauloise, latine, etrusque. La langue c'est la culture et la culture est le fondement de tout», a-t-il indiqué.