Que pensez-vous des deux modes de scrutin proposés par l'Instance supérieure ? Je penche, plutôt, pour le deuxième mode relatif au scrutin de liste proportionnelle. Le scrutin uninominal est, quant à lui, un système de personnes qui permet à l'électeur de choisir le candidat qu'il estime le plus compétent, le plus proche de lui et le plus indiqué pour refléter ses ambitions et ses attentes. Ce système a le mérite de constituer une expression fidèle du choix, au niveau du principe et de la justice électorale traduisant la relation qui est à établir entre l'électeur et le candidat. Moi, personnellement, je suis pour le système de mélange entre les listes bloquées à un taux de 60%, ce qui garantit la représentation des partis et la proportionnelle à la liste, à raison de 40% de manière à ce que les personnes puissent être candidates et qu'elles parviennent également à s'imposer. D'après vous quel mode conviendrait le mieux pour l'élection de la prochaine Constituante ? Personnellement, je suis pour un mélange des genres où sont présentes les listes bloquées de la majorité ainsi que les listes proportionnelles. C'est un système connu sous l'appellation Saint Logi (où le reste des voix sont récupérées et réparties entre les candidats). Partant de mon expérience en tant qu'ex-observateur des élections législatives et municipales qui se sont déroulées en Egypte et en Jordanie, respectivement en 2007 et 2010, j'appelle à ce que les élections de la prochaine Constituante se tiennent dans la transparence totale en respectant les conditions de la compétition et l'émulation saines et loyales entre les différents candidats aspirant à la confiance des électeurs. Il est primordial que la société civile anime son rôle de suivi et de contrôle de l'opération électorale. Et contrairement à ce que pensent plusieurs citoyens, l'intervention des observateurs ne se limite pas au jour du vote. Elle commence, plutôt, dès le premier jour du vote jusqu'au dépouillement des urnes et la proclamation des résultats, en passant par les deux semaines de la campagne électorale. C'est une expérience passionnante et exaltante que la Tunisie vivra pour la première fois dans son histoire récente. Les médias, les partis politiques, les candidats à la Constituante et l'appareil administratif sont tenus, à mon avis, à tout mettre en œuvre afin de faire réussir ce rendez-vous électoral que les Tunisiens et les Tunisiennes attendent avec passion et impatience. Que pensez-vous de la prolifération des partis politiques et quelles seraient les forces qui pourraient animer la vie politique nationale de manière à éviter les dérapages ? En comparaison des expériences de transition démocratique dans les pays de l'Europe de l'Est, la multiplication des partis politiques en Tunisie ne constitue point un problème dans la mesure où plusieurs d'entre eux disparaîtront d'eux mêmes après les élections. Je me souviens de la Bulgarie où sur 130 partis constitués après la chute du mur de Berlin, seuls 70 ont participé aux élections et seuls 7 partis sont parvenus à remporter des sièges au Parlement. Laissons donc le temps au temps pour trancher et nous faire dégager les principaux courants politiques qui animeront la vie politique nationale au cours des prochaines années. Reste, à mon avis, cinq ou six partis politiques au maximum pour dominer, à l'avenir, le paysage politique national. Ils représenteront les quatre principales tendances suivantes : les nationalistes arabes, la gauche, les islamistes et les libéraux démocrates (le centre).