Le Parti socialiste dénonce son "irresponsabilité", le MoDem une politique de revente des vaccins "choquante" et, au sein même de la majorité, le Nouveau Centre a réclamé hier, à la suite du PS, une commission d'enquête parlementaire. Les porte-parole de l'UMP ont riposté hier matin en rappelant l'affaire du sang contaminé par le virus du sida sous le gouvernement socialiste de Laurent Fabius dans les années 1980 ou la surmortalité liée à la canicule de 2003, sous celui de droite de Jean-Pierre Raffarin. "Moi je préfère qu'il y ait une polémique parce qu'on en fait trop qu'une polémique parce qu'on n'en fait pas assez", a dit Frédéric Lefebvre lors de son point de presse hebdomadaire. Le gouvernement a entrepris de revendre une partie des 94 millions de doses de vaccin achetées au début de l'épidémie de grippe A (H1N1), alors qu'à peine cinq millions de Français se sont fait vacciner. Quelque 9,4 millions de doses ont déjà été données à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le choix du conditionnement des vaccins en flacons multidoses a entraîné 10% de pertes, avait annoncé le gouvernement en décembre. La France avait décidé de constituer ce stock pour 869 millions d'euros en partant du schéma initial de deux injections par personne préconisé internationalement. Une seule dose est finalement apparue suffisante en novembre. "Ce gouvernement n'a pas écouté ceux qui savent, ce n'est pas la première fois, il y a un mépris pour le savoir, il y a une gestion par la peur", a estimé le député européen socialiste Vincent Peillon sur France 2. Pour Benoît Hamon, porte-parole du PS, les laboratoires pharmaceutiques sont "les grands vainqueurs dans cette affaire". "Je trouve ça pour le moins curieux qu'on achète pour l'équivalent de 90 millions de doses de vaccin et qu'il en reste 70 millions, c'est-à-dire qu'à peu près deux tiers de ce qui avait été prévu n'a pas été utilisé", a-t-il déclaré sur Canal+. "Un peu ridicule" Le député Jean-Marie Le Guen, spécialiste des questions de santé au PS, a réclamé dimanche la création d'une commission d'enquête parlementaire sur ce qu'il qualifie de "fiasco". "On a surcommuniqué, dramatisé et ça eu l'effet strictement inverse sur nos compatriotes qui se sont dit: ‘‘Qu'est-ce que c'est que ce bastringue, où on va...?''", a-t-il dit sur i.Télé. Le Nouveau Centre s'est à son tour prononcé pour une commission d'enquête parlementaire "sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne". "La France est en échec dans cette affaire, où on voit que notre pays fait partie de ceux qui ont le taux de vaccination le plus faible, malgré une débauche de moyens", déclare dans un communiqué Jean-Christophe Lagarde, président exécutif du mouvement allié de l'UMP. Le député-maire de Drancy juge toutefois la polémique "anecdotique et purement politicienne". Le président du Mouvement Démocrate, François Bayrou, a souhaité que la France cède ses surplus aux pays pauvres plutôt que de se livrer à un exercice "un peu ridicule" de déstockage. "Il y a quelque chose d'un peu choquant dans cette revente de vaccins", a-t-il jugé sur France Info. Après les vacances de fin d'année, pendant lesquelles le dispositif de vaccination a été allégé, le ministère de l'Intérieur a annoncé que la campagne allait être relancée. Pendant toute la semaine, les centres de vaccination ouvriront jusqu'à trois vacations par jour. La grippe A (H1N1) avait provoqué 198 décès en France au 29 décembre, selon l'Institut national de veille sanitaire.