Ras Jedir fait à nouveau face à un flux croissant de réfugiés en provenance de Libye et un nouveau camp destiné à accueillir des réfugiés fuyant le conflit en Libye d'une capacité de 2.000 personnes a été installé à Ras Jedir par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant-Rouge tunisien (CRT), en collaboration avec 20 autres pays. Ce camp comporte une clinique espagnole dispensant des prestations médicales dans de nombreuses disciplines, outre des services de nutrition et de prise en charge psychologique. Le Haut commissariat pour les réfugiés, ainsi que les ONG et l'Armée tunisienne déploient d'énormes efforts en vue d'identifier une solution aux personnes ayant besoin d'une protection internationale comme les Somaliens, ou d'un pays d'accueil, à savoir les Libyens qui arrivent en famille. Mais la gestion des réfugiés dont la plupart sont là depuis des semaines pose de gros ennuis. De plus en plus de femmes sont déplacées à Ras Jedir, ce qui implique une prise en charge spéciale à tous les niveaux. Plusieurs de ces femmes sont arrivées accompagnées de leurs enfants, mais sans leurs maris retenus en Libye ou partis avec les harragas, alors que d'autres étaient enceintes. Certaines de ces femmes ont accouché à l'hôpital de Ben Guerdane et à l'hôpital militaire maghrébin. Plusieurs parmi ces femmes déplacées souffrent de maladies chroniques. Elles vivent un état psychologique difficile après avoir été témoins de scènes terrifiantes et victimes de violence physique et morale en Libye. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'initiative du ministère des Affaires de la femme consistant à installer une cellule d'urgences au sein du camp de Choucha, soutenue par le Fonds des Nations unis pour la Population (Fnuap) et œuvrant pour la prévention des maladies transmissibles. La situation commence à inquiéter les autorités tunisiennes. Quelques rixes entre Somaliens surtout la nuit, et des menaces sur certains volontaires sont enregistrées, révèlent des témoins. En effet, des réfugiés qui sont depuis plusieurs jours dans les camps demandent de l'emploi auprès des représentants des organisations internationales. Si certaines sources dignes de foi font référence à quelques appréhensions de la part des habitants de Ben Guerdane qui craignent que des débordements touchent leur ville, les camions libyens chargés de marchandises désormais exemptées de taxes douanières déchargent leurs cargaisons sur les marchés de Ben Gardane, alors que les taxistes affluent pour transporter des réfugiés, ajoutant un peu au chaos.