Suite à une réunion de la cellule de crise, les médecins des deux hôpitaux universitaires de Sfax ont décidé de mettre fin à la grève ouverte du corps médical de la région et de porter un brassard noir et non rouge. Les deux tiers des médecins participant ont voté pour cette levée. Cette décision arrive à temps pour faciliter la tâche de la commission d'enquête désignée par le ministère de la Santé publique. La cellule de crise poursuivra ses négociations. Elle organisera une réunion générale le 25 avril pour examiner la situation. Par ailleurs, des médecins de la cellule de crise se sont réunis hier matin à la salle de réunion de la faculté de Médecine avec les représentants de la presse nationale. Cette rencontre a été l'occasion de donner des éclaircissements sur les causes réelles de la grève. En premier lieu, les médecins ont souligné que leur mouvement est légitime. Ils ont expliqué qu'ils ne cherchent pas d'augmentations de salaires, ni de régularisation de situations professionnelles. L'objectif de cette grève est de créer une ambiance de travail basée sur le respect de la hiérarchie et mettre fin aux dépassements de certains éléments du corps paramédical. Dr Chakib Marrakchi a informé les journalistes au début de la rencontre que la décision abusive consistant à démettre Dr Jalel Gargouri de ses fonctions de directeur du Centre régional de la transfusion sanguine a été annulée. Actuellement, Dr Gargouri a été appelé à diriger un programme à la faculté de Médecine. Cette tâche est temporaire en attendant qu'il soit rappelé à exercer ses fonctions. Dans ce même registre, Dr Mohamed Arbi Masmoudi, chef du service de santé du travail à l'hôpital universitaire Hédi-Chaker, a rappelé que c'est le ministère seul qui prend les décisions de nomination ou de démission du corps médical. Il a exprimé sa déception vis-à-vis de la réaction de la direction régionale de la santé qui s'est caractérisée par la non-réaction. Il a indiqué que la direction s'est abstenue durant toute la grève. Même une décision à titre préventif de mettre à la disposition de l'administration les deux infirmières impliquées dans plusieurs cas de dépassements aux services d'anesthésie, de réanimation et de brûlures de l'hôpital Habib-Bourguiba n'a pas été prise. Cette absence pose de grandes questions. «La direction régionale de la santé trouve des difficultés dans la prise de décisions. Elle est sous la pression de la fédération de la santé qui est en train de régler des comptes avec le corps médical et quelques chefs de service», déclare Dr Masmoudi. Il a indiqué, également, que l'absence d'un code de déontologie professionnelle pour le paramédical a aggravé la situation. Dr Sameh M'hiri a déclaré que dans ces conditions de travail, les médecins ont perdu leur dignité. «Nous avons des relations avec le corps paramédical basées sur le respect mais certains éléments essayent de créer des problèmes», précise Dr M'hiri. Certains médecins ont souligné que des éléments du corps paramédical utilisent les patients comme moyen de pression, indiquant que derrière eux se trouve «un monstre» qui s'appelle l'Ugtt. Au cours de cette rencontre, les médecins hospitalo-universitaire ont rappelé que leur syndicat a été gelé. Ils ont créé pendant cette grève un collectif pour gérer la situation.