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''Paroles et paroles et paroles...''
Reportage: Sidi Bouzid, trois mois et demi après la Révolution (I)

Le temps continue à s'égrener avec la même lenteur dans la ville, qui a vu jaillir la première étincelle de la Révolution tunisienne. Les multiples promesses n'ont encore rien engendré de concret dans la vie et le quotidien des bouzidis. D'où l'engagement d'une partie de la population pour un développement intégré et émanant des besoins, des ressources et des compétences propres de la région. Notre reportage.
Samedi soir à Sidi Bouzid.
La ville veille au rythme des néons fatigués des cafés. Une enfilade d'établissements adossés les uns aux autres. Et derrière les cafés ? Encore des cafés. Enfumés, bruyants, se conjuguant uniquement au…masculin pluriel. Parsèment l'avenue Bourguiba, baptisée par la population après la Révolution avenue du Martyr Mohamed Bouazizi, quelques salles de jeux (là aussi la mixité est bannie) ajoutées à un ou deux salons de thé. Les publinets se comptent sur les doigts d'une seule main. Sidi Bouzid reste sensiblement sous connecté à Internet par rapport à d'autres régions du pays.
«Nous dormons le jour et vivons la nuit. Grâce aux cafés, devenus notre seconde maison, nous avons acquis, au contact les uns des autres, une conscience et une culture politiques qui nous ont été utiles pour mener le combat contre le pouvoir», témoigne Moez Afi, 32 ans, géologue. Le jeune homme fait partie des 8 500 diplômés chômeurs du gouvernorat de Sidi Bouzid. Lui n'a pas les moyens de rejoindre les hommes, installés dès la tombée de la nuit sous les oliviers, un peu plus loin, sur la route de Gafsa, pour des méchouis-parties bien arrosées. A la fois clandestines et tolérées… Là-bas encore, la nuit est un territoire exclusivement masculin.
Deux gouverneurs «dégagés» et toujours pas de maire
Trois mois et demi après le départ de l'ex président Ben Ali, rien, absolument rien n'a changé dans la ville, qui a vu jaillir à la suite de l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur de fruits ambulant de 27 ans, l'étincelle de la première Révolution populaire du monde arabe. Sidi Bouzid, qui vous accueille à travers deux rangées d'ateliers de mécaniciens et de réparateurs de pneus de voitures aux murs noircis de graisse, a toujours l'air aussi peu avenante.
La cité aurait pourtant pu tirer un charme, une identité et un profit de la richesse de son terroir, de ses produits agricoles nobles et diversifiés, dont l'huile d'olive, les pistaches et les amandes et des trésors de son artisanat (les femmes fabriquent un magnifique klim aux couleurs chatoyantes). Paradoxal : rien de tout cela ne parait dans les rues grisâtres, poussiéreuses, miséreuses, insipides du chef-lieu de cette région du Centre-Ouest, que les voyageurs vers le sud continuent à traverser à la vitesse de la lumière. Certains ont dû s'arrêter à Kairouan pour visiter la Grande mosquée, négocier un tapis, acheter des makroudh au miel et du pain mlaoui, que les femmes fabriquent et vendent sur la grand-route. Pourquoi donc feraient-ils une halte à Sidi Bouzid ?
«A part une notoriété, qui s'est étendue jusqu'au moindre village de Chine, que nous envient d'ailleurs actuellement d'autres gouvernorats, nous n'avons rien gagné de la Révolution», insiste Khaled Hamlaoui, 20 ans, apprenti coiffeur.
«Nous nous réunissions dans les cafés, échangions à mi-voix des idées et des paroles défendues. Aujourd'hui notre expression se délie. Voilà tout ce qui a changé dans nos vies», ajoute Mourad Hafsaoui, comptable au chômage.
Jusqu'au terme de la semaine passée, aucun membre du gouvernement n'avait encore visité le pays de Bouazizi. Deux wali (gouverneurs) avaient été «dégagés» de leurs postes (un rcédéiste et un militaire), le troisième, originaire de la région, venait juste d'être nommé. Dépourvue de maire, la ville, où régnait calme et sécurité, continuait pourtant à fonctionner tant bien que mal malgré une présence « allégée » de la police et des patrouilles discrètes de l'armée. Deux chahid, très peu de casse, aucun bâtiment public brûlé, aucun commerce saccagé, tel est le bilan de trois semaines de guérillas nocturnes entre les Brigades de l'ordre public (Bop) et les jeunes. Par autodéfense, la population a eu le sage réflexe de s'interdire toute vengeance, tout acte de règlement de compte contre les ripoux du régime. La structurale tribale de la société bouzidi n'aurait pas supporté de guerres intestines entre ses différentes fractions : toucher à un membre des N'siri, des Daly, des Bayawi, des Hamdi, des Bargougui, des Zaafouri, des Ouled Aziz, des Jallali aurait déclenché des affrontements sanguinaires entre les uns et les autres…
«Nous refusons un développement parachuté»
«Nous avons eu droit à des conférences, à des promesses. Paroles et paroles et paroles…sans aucune suite. Nous sommes fatigués de recevoir des experts dont le seul but est de marquer leur présence à Sidi Bouzid pour la forme, juste pour le rapport qu'ils doivent présenter à la fin de leur passage ici. Aujourd'hui, nous savons précisément ce que nous voulons. Encore plus ce que nous refusons : un développement parachuté. Sans aucun lien avec les besoins, les possibilités, les ressources et les compétences de notre région. Désormais, nous refusons d'être marginalisés dans les décisions concernant notre avenir», soutient calmement Hichem Daly, 35 ans, enseignant et président de l'association Karama (dignité). Une structure née le 13 janvier 2011 dans la rue. Sans domicile fixe à l'origine, la voilà aujourd'hui dotée d'un bureau sis au complexe culturel de la ville. Un bâtiment flambant neuf, inauguré il y a près de deux années. C'est là que nous rencontrons samedi après-midi dernier Hichem, plusieurs de ses compagnons de Karama (ils sont mille en tout, tous diplômés chômeurs à part deux membres) et les fondateurs du Centre de recherches stratégiques de Sidi Bouzid. Une trentaine de personnes en tout en train de se préparer à recevoir le lendemain trois députés européennes du Parti vert.
Le Centre de recherches stratégiques a lui aussi élu domicile au complexe culturel. Cette ONG, qui a mis en place avec l'association Karama, l'API et l'Odco (Centre de développement du Centre Ouest) une stratégie de développement pour Sidi Bouzid, a vu le jour le mois de janvier dernier. Nouri Mohamed Sghaier, économiste, raconte la genèse de cette structure : «Dans l'une des réunions suivant le départ du président déchu rassemblant des citoyens et des citoyennes d'ici, un jeune homme s'est levé et m'a adressé cette question pertinente: «n'y a-t-il pas un risque pour que nous nous retrouvions dans cinq ans libres, mais sans dignité, sans perspectives, sans une meilleure qualité de vie ?».


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