Les triomphes n'ont de sens que s'ils servent à monter plus haut. Un seul pivot, Korbi. Un milieu droit, Bouazzi (?!) et Darragi en électron libre qui ne va pas au charbon mais qui bénéficie de l'énorme travail de sape du duo Mhirsi-Msakni. Un Msakni revenu au top. Deux attaquants, Traoré en avant-centre (dénaturant ainsi le style de jeu d'un joueur qui aime venir par derrière et percer vers l'axe) et Mhirsi en soutien, voilà le volet " approche offensive " de l'EST. Plus bas, outre l'axe Ben Mansour-Hicheri, les flancs ont tout bonnement constitué le talon d'Achille de l'Espérance. Milieu offensif de métier, Mouelhi a occupé le flanc droit avec toutes les peines du monde à museler Ndaye. Le tempérament offensif de l'ex-Clubiste, son manque de promptitude au marquage et son absence de métier défensif ont failli coûter cher à l'EST. Certes, Mouelhi a tenté de débouler, de créer le décalage et de dédoubler, mais l'absence d'automatismes avec ses coéquipiers ne lui a pas permis d'aller au bout de ses intentions. De l'autre côté, Chammam était amorphe, manquant de jus et de " grinta ". Sidibié en a d'ailleurs fait voir des vertes et des pas mûres à l'excentré " sang et or ". Tantôt pris de vitesse, tantôt tendre au marquage, Chammam est passé à côté du sujet. Qu'est-ce qui a donc fait la différence entre les locaux et les visiteurs? Certainement l'ouverture du score par l'inévitable Dramane et un jeu " sang et or " plus dense à partir de là. Lignes rapprochées, quadrillage et ratissage axial de la part du généreux Korbi. Appels et contre-appels de Mhirsi dans le dos de son ange gardien, et surtout le génie, le sens du dribble, le culot et la rapidité de Msakni qui a totalement déséquilibré la défense adverse. Korbi-Msakni-Mhirsi, voilà le trio gagnant des locaux avec une mention spéciale pour Youssef Msakni. Sans être Msakni-dépendant, l'EST carbure au rythme de son jeune détonateur. Moez Ben Chrifia: trois arrêts réflexes à son actif avec une précieuse parade à la 2' et une belle détente à l'heure de jeu face à Ndaye. Le dernier rempart de l'EST allait par la suite vivre une période d'accalmie mais il aura eu aussi le mérite de s'interposer à un tir à ras de terre de Ndaye, après que ce dernier eut brûlé la politesse à Mouelhi. Khaled Mouelhi : pour une première en Ligue des champions sous ses nouvelles couleurs, Mouelhi a été méconnaissable. Et pour cause: placé sur le flanc droit (un poste qu'il n'a jamais occupé), il a trouvé toutes les peines du monde à marquer son territoire, trouver ses repères, marquer son vis-à-vis et combiner avec les médians. Il est à revoir dans un autre registre et certainement pas sur le flanc droit. Khalil Chammam: flottant sur son flanc, lent et mal inspiré, Chammam est aussi passé à côté du sujet. A tenté de combiner avec Darragi (double une-deux suivi d'une belle transversale vers Msakni) mais s'est essoufflé au fil des minutes. Les flancs ont décidément constitué le point faible de l'Espérance face aux Sénégalais. Ben Mansour: un stopper, un vrai! Vélocité, duels gagnés, marquage à la culotte et peu de déchet dans le jeu, Ben Mansour a été égal à lui-même tout en couvrant les errements des latéraux. Walid Hicheri: la tour de contrôle de l'Espérance a assuré et rassuré. Grâce à une relance assez propre, beaucoup de complicité avec Ben Mansour et une aptitude à se montrer intraitable dans les airs, Hicheri a transmis son " fighting-spirit " à ses coéquipiers tout en se montrant lucide en situation de relance. Khaled Korbi: dans un rôle ingrat (unique pivot) qui lui sied à merveille, il a excellé tout au long du match. A son registre de sentinelle, il a ajouté des qualités de temporisateur et de relayeur. Korbi réceptionne le ballon, pivote et aère le jeu tout en essayant d'alerter Mhirsi dans les intervalles. Ce porteur d'eau est un marathonien et un maillon fort de la chaîne " sang et or ". Mais il ne faut plus commettre l'erreur de le laisser seul. Wajdi Bouazzi: Bouazzi et Mhirsi se sont quelque peu marchés sur les pieds, faisant double emploi pour des raisons évidentes. Wajdi Bouazzi affectionne les espaces, le jeu en rupture et les déboulés sur le couloir droit. Or, il a évolué en tant que demi-droit dans un registre qui n'est pas le sien. Bref, la récupération, ce n'est pas son fort. Oussama Darragi: la même difficulté physique qui l'empêche d'exprimer son génie. Il s'est régalé avec Msakni et Mhirsi qui lui ont offert ballons et espaces. Youssef Msakni: quand il est en forme physique et bien dans sa tête, comme c'était le cas hier, le petit lutin de l'Espérance est tout simplement irrésistible. Passes, dribbles, culot et efficacité: du grand art ! Dramane Traoré: il a certes marqué un but mais il n'est décidément pas à l'aise dans le rôle d'avant- centre. Technique, longiligne et doté d'une frappe fabuleuse, Dramane préfère partir de loin. Pour nous, il joue à 30 % de ses possibilités. Driss Mhirsi: il a tout d'un grand. En peu de temps, depuis que Maher Kanzari l'a jeté dans le grand bain, il s'est vite intégré dans le schéma préconisé par le staff technique. Légèrement à droite, Mhrisi a constitué un poison pour le latéral gauche adverse avant de constituer un triangle et parfois même un carré infernal avec Darragi, Dramane et Msakni. Une belle réalité de notre football.