En voyant un fanfaron dire n'importe quoi ou bien distiller de fausses promesses, nos anciens utilisaient souvent le fameux dicton tunisien: " Yezzina mel Boulitique ! " (On en a marre de la politique). Car qui dit discours politique, dit " La vérité si je mens ". Mais voilà, depuis l'avènement de la révolution de la dignité et le départ précipité de Zaba alias " Speedy Gonzalez " vers l'exil, la terre d'Hannibal et d'Ibn Khaldoun vit au rythme de la valse des nouveaux partis politiques. En effet, on dénombre jusqu'à l'écriture de ces lignes une soixantaine de partis et de mouvements politiques, et on prévoit même plus ! Parallèlement, plusieurs associations, nées après le 14 janvier, faisant du " Boulitique " l'âme de leur activité et de la politique politicienne leur cheval de bataille, ont déjà marqué le territoire dans le tissu associatif de la nouvelle Tunisie. Diarrhée verbale et constipation cérébrale Face à ce volcan de partis et d'associations qui se multiplient à la vitesse du son, le Tunisien part à la découverte des ces gladiateurs des temps modernes. Ainsi, chaque fin de semaine, et à défaut d'opium du peuple (matches de foot par exemple) et d'activité culturelle florissante, les antres du spectacle, nos théâtres ainsi que nos centres culturels, se sont métamorphosés en lieux de meetings pour les nouveaux partis et un champ de débats politiques dont la majeure partie est organisée par de nouvelles associations. Certes, le contexte actuel justifie de telles initiatives. Mais quand on fait le tour de ces rencontres et de ces rassemblements, une diarrhée verbale et une constipation cérébrale interpellent notre esprit ! En outre, la redondance des sujets et la ressemblance des thèmes abordés restent le seul point commun unissant les acteurs des ces " talk show ". Devant un tel ouragan alphabétique, plusieurs de nos concitoyens ont tendance à faire fausse route dans un épais brouillard préélectoral jalonné de mouvances politiques, dont la plupart sont caducs (marxisme-léninisme, nationalisme, islamisme, socialisme, libéralisme, etc.). D'autre part, quand on essaie de plonger le bec dans le quid des programmes de cette armada de partis politiques, le célèbre dicton " Tous les chemins mènent à Rome " définit bien la situation. Des slogans comme " Développement durable ", " Dignité ", " Egalité ", " Justice ", " Patriotisme "… pullulent dans les manifestes et les lignes directives des acteurs des prochaines élections de l'Assemblée constituante du 24 juillet prochain. Assurément, si au pays du Soleil levant, avec la catastrophe nucléaire de Fukushima, les Japonais vivent dans une psychose radioactive et avalent dans leur quotidien les becquerels causés par les mensonges de Tepco, en Tunisie, nos concitoyens vivent dans les béatitudes d'un paysage politique caractérisé par une métastase de nouveaux partis politiques dont le bruit qui tourne autour d'eux nous rappelle étrangement celui des pétards. Bienvenue à Fushikama ! ------------------------------------------------------------------------ * Fushikama : un pseudo anagramme de la ville japonaise Fukushima, et Fushika ou Fouchika signifie en argot tunisien : pétard