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Une reprise timide, une envie de tourner la page
Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 01 - 2011

La Presse — Le Cap Bon, comme toutes les régions du pays, vit au rythme de la révolution du Jasmin. Si des villes comme Korba, Beni Khalled, Menzel Bouzelfa et autres connaissent actuellement la haute saison de leur activité agricole, à savoir la cueillette des agrumes (80% de la production nationale se trouve dans le gouvernorat de Nabeul), d'autres comme Nabeul et Hammamet s'échauffent du seul soleil cher au tourisme même si ces derniers connaissent, chaque année, durant cette saison hivernale, une sorte de traversée du désert coïncidant avec la basse saison de cet astre qui emploie plus de 400.000 Tunisiens dans le pays d'Hannibal.
Certes la vie au quotidien a repris son cours normal avec un marché et un souk pleins à craquer, un approvisionnement régulier en produits alimentaires des épiciers des quartiers et des grandes surfaces, des restaurants et des fast-foods ouverts et un transport réglé comme le métronome de Pavlov contrairement à ce qui s'est passé dans le Grand-Tunis. Mais, en effectuant un petit tour, hier, du côté d'el Bhaïer, du souk hebdomadaire, de Bab Salah ou de Skak el Bhar à Nabeul ou d'el Houanet ou du Jebli à Hammamet un paradoxe tape à l'œil : certaines boutiques ont rouvert leurs portes alors que d'autres (qui depuis les événements du 12 janvier 2011 où les deux villes ont connu des actes de vandalisme et de pillages), plusieurs boutiques n'ont pas encore repris le chemin du « business as usual ». Quant à la station balnéaire de Yasmine Hammamet, telle une ville déserte à l'image des films Western Spaghetti de Sergio Leone, elle alterne tristesse et morosité avec une poignée de touristes circulant dans les travées de sa médina et de ses larges trottoirs.
«Personne n'a intérêt à ce que notre pays reste paralysé et bloqué»
M. Mourad Lessoued (43 ans, commerçant en artisanat-el Bhaïr-Nabeul) en témoigne : «Chaque jour, je suis pratiquement le seul à ouvrir ma boutique tôt le matin. En effet, plusieurs commerçants craignent encore une escalade de la violence. Tout le monde est encore sous le choc. Certes, n'importe quel commerçant est conscient qu'en ouvrant sa boutique et dans une telle conjoncture, il ne va pas pouvoir vendre tant que le nombre de touristes circulant dans le souk laisse à désirer pour ne pas dire flirtant avec le néant. Mais je pense que ce serait plus judicieux que mes confrères reprennent le chemin du travail pour recréer la dynamique de notre souk. Enfin, j'espère, de tout mon cœur, que cette instabilité sera de courte durée, sinon ce sera la catastrophe». De son côté M. Adel Belkadhi (44 ans, médecin pédiatre) nous a déclaré : «Je me demande où est le patriotisme des gens ? Est-ce qu'en faisant des grèves, on va pouvoir remettre le pays sur pied ? Personne n'a intérêt à ce pour que notre pays reste paralysé et bloqué. Il faut que la roue de l'économie tourne de nouveau. On est dans un état d'urgence, et je vous assure que plusieurs de mes amis avocats, médecins et intellectuels partagent mon avis (dont le nombre n'est pas à négliger). Si on va continuer dans cette lancée, on va tomber dans un cercle vicieux et une spirale sans sortie. Avec des grèves à profusion touchant le secteur du transport par exemple, le simple ouvrier journalier sera contraint de rester au chômage technique et je me demande qui va donner à manger à ses enfants ? Nul ne peut contester le droit universel de protester et de s'opposer à une mouvance politique ou à un gouvernement. Mais j'ai l'intime conviction qu'une majorité des contestataires qui se cachent derrière la banderole de l'UGTT sont des anciens sympathisants du régime déchu et qui ne veulent que semer la pagaille et laisser notre pays otage de l'anarchie. En tant que Khobzizte (un sobriquet tunisien définissant un simple citoyen qui gagne son pain à la sueur de son front), je suis pour un mot d'ordre national afin de remettre les pendules à l'heure de notre économie».
«Prendre ce qui vous est offert et demander ensuite davantage», dixit Habib Bourguiba
M. Dhia Ben Saïd (38 ans, ingénieur adjoint, ONAS) : «Je crains que notre pays ait déjà basculé dans une ambiance truffée de suspicion et de règlements de comptes à travers une chasse aux sorcières très préoccupante. Je crois qu'il faut donner à ce gouvernement provisoire sa chance et ne pas le condamner avant de le juger. Vous croyez qu'après 23 ans de corruption, de pillage des biens publics et un pouvoir unidirectionnel piloté par un parti politique de masse ultra-dominateur qu'on va changer les choses par un simple coup de baguette magique ? D'autre part, je pense qu'il est plus sage d'employer la politique du step by step (étape par étape) : «Prendre ce qui vous est offert et demander ensuite davantage», dixit Habib Bourguiba. J'espère que cette révolution qui a été initiée et alimentée par la fureur d'une jeunesse marginalisée ne sera pas usurpée par des hommes politiques compromis avec la complicité parfois d'une bien gentille opposition. Au prix d'au moins une centaine de morts sur lesquels le nouveau pouvoir se refait facilement une virginité. Car sinon ces jeunes vont croire que leur cause est en train d'être récupérée». De son côté, M. Wael Garbouj (32 ans, cadre administratif) nous a déclaré : «Franchement, je suis pour la dissolution de ce gouvernement provisoire pour former à sa place un gouvernement de transition composé de personnalités indépendantes, compétentes ou de technocrates connues pour leur sérieux et surtout pour leur intégrité».
En revanche, M. Ammar Chérif (33 ans, contrôleur de gestion) nous a déclaré : «Personnellement, je ne suis pas contre la présence de ministres qui ont appartenu au RCD ou qui ont exercé des fonctions durant les 23 ans du règne de l'ancien régime. Moi, en tant que libéral, je juge les gens selon leurs compétences et non pas selon leur passé. Car si on va se contenter de faire la chasse aux sorcières on va rester dans un état de chaos permanent. De plus l'argument qui dit qu'il faut faire table rase avec le passé n'est pas raisonnable, car les 10 millions de Tunisiens ont, quelque part, été complices du système instauré par l'ancien régime, soit en profitant directement ou indirectement de ses béatitudes, soit en gardant le silence. Ainsi, je prends l'exemple de Mohamed Nouri Jouini (ancien doyen de l'ISG de Sousse), je me souviens que quand il était mon professeur, il était un homme très compétent et qui faisait l'unanimité dans le campus. Avec un tel profil, je pense qu'il peut assurer son rôle de ministre et apporter de la valeur ajoutée à notre pays. En outre, je ne nie pas que j'ai beaucoup apprécié la série de démissions des ministres issus du RCD et je propose qu'il y ait la création d'un conseil populaire pour garantir la protection des acquis de notre révolution. Enfin, j'espère que le couvre-feu prendra fin le plus tôt possible car dans de telles circonstances, on ne peut pas parler de retour à la normale. Quant à la série de grèves annoncées avec la reprise des études dans nos écoles et nos universités, j'espère que les syndicalistes feront de leur mieux pour assurer le minimum comme c'est le cas des mouvements de grève en France afin de ne pas paralyser le pays».
Tous les touristes présents en Tunisie ont soutenu la révolution
Concernant, le volet touristique à Hammamet, M. Mohamed Ali Aouadi (50 ans, agent de voyage), nous a donné, hier, le témoignage suivant : «Je peux vous assurer que cette révolution a surpris tout le monde et même les touristes qui sont hébergés à Hammamet pour des séjours de longue durée (entre 1 et 2 mois) et qui sont en majorité des personnes âgées profitant de la douceur du climat tunisien. Je peux vous assurer que plusieurs d'entre eux n'ont pas voulu rentrer chez eux et écourter leur séjour car ils sont tous conscients que cette révolution est une quête de liberté pour le peuple tunisien et ne vise pas les étrangers. Un de nos clients qui a pris le vol pour Paris aujourd'hui m'a promis de revenir le mois prochain en Tunisie tout en saluant la bravoure des Tunisiens. Plusieurs ont vu dans leur séjour en Tunisie avec l'éclatement de la révolution un moment historique qui restera gravé à jamais dans leur mémoire. Enfin, tous les tours opérateurs qui collaborent avec nous sont confiants que les voyages à destination de la Tunisie vont reprendre à partir du 31 de ce mois et même avant».
Finalement, on ne peut conclure sans accorder la parole à Mme Fatma Gharsallah (59 ans, agent indépendant chargé du parking du souk de Nabeul) qui nous a donné la déclaration suivante : «Mon fils était une victime de la dictature de Ben Ali. Je suis restée sans nouvelles de lui pendant 5 ans, alors qu'il était emprisonné dans une prison à perpétuité. J'ai fait toutes les demandes possibles afin de pouvoir visiter mon fils dans sa prison. J'ai même adressé un appel de détresse au palais de Carthage. Et voilà qu'après 5 ans, on m'informe que mon enfant est décédé. Ils ont tué mon fils et je réclame justice».


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